Au bout du suspense, la Squadra Azzura a finalement tiré son épingle du jeu (2-1) après prolongations. Chiesa et Pessina libèrent l'Italie qui se hisse en quarts de finale de l'Euro 2020.
Il aura fallu attendre le terme de la première prolongation de cet Euro 2020 pour voir la Nazionale s'extirper du piège tendu par la Die Rot-Weiss-Roten. 3 victoires en autant de rencontres, 7 buts marqués, 0 encaissés : tel était pourtant le parcours de l'Italie dans cet Euro 2020 avant le coup d'envoi de ce huitième de finale face à l'Autriche. De quoi impressionner et faire de la Squadra Azzura la principale favorite pour la victoire finale aux yeux de nombreux observateurs du ballon rond. Mais avant de penser au sacre, il fallait se frotter à des Autrichiens déterminés à créer la surprise à Wembley. Pour cette partie, Roberto Mancini reconduisait son 4-3-3 avec le futur gardien du PSG dans les buts, Donnarumma. Mais surtout, l'ancien coach de Manchester City notamment alignait Acerbi en charnière centrale en raison du forfait de Chiellini. Verratti enchaînait lui une deuxième titularisation dans la compétition dans l'entrejeu. De son côté, Franco Foda optait lui pour un 4-2-3-1 emmené par Alaba, Sabitzer ou encore Arnautovic.
Dans un début de match plutôt équilibré, vivant et engagé, les deux sélections affichaient la volonté de rapidement se projeter vers l'avant. Mais l'Autriche peinait à se apporter du danger sur la cage gardée par Donnarumma, si ce n'est sur une timide tentative lointaine d'Arnautovic (18e). L'Italie, elle, prenant peu à peu le jeu à son compte, insistait devant les buts autrichiens. Spinazzola ne trouvait pas le cadre (11e), là où Barella, servi par le joueur de l'AS Rome, voyait sa frappe à bout portant repoussée du pied par le portier Bachmann sur sa ligne (17e). La Die Rot-Weiss-Roten était même proche de craquer sur un tir sec venant mourir sur le haut du poteau gauche de Bachmann (32e). Mais la finition n'était pas au rendez-vous en première période pour les Italiens, à l'image d'une frappe trop molle de Spinazzola (43e) ou encore du coup de casque de Di Lorenzo (44e).
L'Autriche bouscule la Squadra Azzura...
Au retour des vestiaires, l'Italie affichait un visage beaucoup plus timide, ou du moins, les hommes de Franco Foda avaient réglé leurs problèmes défensifs qui offraient de nombreux espaces aux Transalpins. Dans le même temps, l'Autriche, sans complexe, se procurait les plus grosses situations et malmenait la Nazionale. Arnautovic manquait de peu le cadre de Donnarumma (49e), avant d'être imité par Alaba sur un coup franc à l'entrée de la surface italienne (52e) puis Sabitzer (62e). Les joueurs de Roberto Mancini jouaient à se faire peur et Arnautovic, après avoir chauffé les gants du dernier rempart adverse (63e), trouvait enfin le chemin des filets, à bout portant de la tête après un joli mouvement collectif initié par une ouverture de Lainer et relayé par le crâne d'Alaba. Mais après intervention de la VAR, Anthony Taylor refusait logiquement ce but pour une position de hors-jeu de l'ancien buteur de West Ham (67e).
Comme sonnés par cet ascenseur émotionnel, les Autrichiens reculaient et laissaient l'Italie regagner du terrain. Les coéquipiers d'un Marco Verratti omniprésent en première période en baisse de régime dans le second acte (avant de sortir à la 68e minute) ne se faisaient pas prier mais ne trouvaient pas la solution dans la zone décisive, contrairement aux 45 premières minutes. Mais le temps réglementaire ne suffisait pas aux deux nations pour se départager et il fallait donc passer par la case prolongation, une première dans cet Euro 2020.
Mais craque en prolongation
Après avoir vécu un second acte très calme sans intervention à effectuer, Bachmann était rapidement mis à contribution par une frappe au ras du sol de Chiesa (94e), entré en jeu à la 84e minute à la place de Berardi. Et c'est justement de l'ailier de la Juventus qu'est venue la lumière dans cette partie. Servi par une délicieuse ouverture de Spinazzola à droite de la surface autrichienne, Chiesa contrôlait le cuir avec de la réussite avant d'enchaîner un crochet et une frappe en angle fermé ne laissant aucune chance à Bachmann (1-0, 95e). De quoi imiter son papa, lui aussi buteur avec ce maillot italien lors de l'Euro 1996. Le coup de massue allait rapidement devenir fatal pour l'Autriche. Si Insigne a buté sur un Bachmann inspiré sur coup franc (104e), Pessina, lui aussi sorti du banc des remplaçants, venait inscrire le but du break. Sur un service en retrait idéal d'Acerbi dans la surface, la pépite de l'Atalanta décochait une frappe croisée pour ajuster le gardien adverse et ainsi sceller le sort de cette rencontre longtemps indécise (2-0, 105e).
La Die Rot-Weiss-Roten a tout de même été récompensée de ses efforts puisqu'après une belle envolée de Donnarumma pour repousser un missile de Schaub (106e), ce dernier bottait un corner repris victorieusement par Lakajdzic dans un mouchoir de poche pour réduire l'écart au tableau d'affichage (2-1, 114e). Après un sauvetage in extremis de Trimmel sur sa ligne devant Chiesa (119e), l'Italie a donc validé son billet pour les quarts de finale de l'Euro 2020, et ce pour la quatrième fois consécutive dans cette compétition. La Squadra Azzura confirme qu'il faudra bien compter sur elle pour le titre de champion d'Europe alors que l'Autriche est éliminée la tête haute, pour ce qui n'était que le 2ème huitième de finale de son histoire (après 1964).
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L'homme du match : Spinazzola (7,5) : comme à son habitude depuis le début de l'Euro, le latéral gauche italien n'hésite pas à prendre des initiatives offensives dès qu'il le peut. Le défenseur de l'AS Roma a failli se muer en passeur décisif sur son centre pour Barella (17e). Un peu plus en difficultés sur les phases défensives sur les montées de Laimer notamment. Sa frappe vicieuse est déviée en corner par Bachmann juste avant la pause (43e). Le défenseur italien s'est distingué par son gros volume de jeu mais par moins de réussite dans ses choix au retour des vestiaires. Sa superbe ouverture profite à Chiesa pour l'ouverture du score (1-0, 95e). Le numéro quatre effectue un retour incroyable dans les pieds de Kalajdzic (99e).
Italie
Donnarumma (6) : l'ancien gardien de l'AC Milan est resté vigilant en première mi-temps comme sur la tête de Laimer (39e). Le portier italien capte bien une frappe trop écrasée d'Arnautovic (63e). Le futur portier du PSG se détend bien sur une lourde frappe de Schaub (106e). Il ne peut rien faire sur la tête plongeante de Kalajdzic (2-1, 114e).
Di Lorenzo (6) : le latéral droit du Napoli a bien fermé son couloir et a résisté aux assauts d'Alaba et Baumgartner. Solide défensivement, l'intéressé a joué la sécurité et ne s'est pas projeté en première mi-temps. Averti à la 50e pour un tacle appuyé. Il a semblé dans le dur dans le second acte. Sa chevauchée fantastique aurait pu faire des dégâts (109e). Un match courageux dans sa globalité.
Bonucci (4) : le capitaine italien ne fait pas preuve d'une grande sérénité sur le premier centre de Baumgartner (1ère). Le défenseur de la Juventus se fait prendre dans le dos sur une belle ouverture de Sabitzer (18e). Auteur d'une erreur sur son contrôle ce qui permet à Arnautovic de partir seul au but, heureusement ça n'ira pas plus loin pour l'Italie (49e).
Acerbi (6) : le défenseur central de la Lazio n'a pas été mis en danger dans le premier acte. Discipliné dans son positionnement, son association avec Bonucci apporte de la sérénité en défense. Le principal protagoniste s'est bien battu, notamment dans les duels même s'il a souffert physiquement.
Spinazzola (7,5) : voir ci-dessus.
Barella (5,5) : le milieu de l'Inter Milan se procure une belle opportunité sur un centre de Spinazzola, mais son extérieur du pied est bien repoussée par Bachmann (17e). Le numéro 18 se met en évidence par sa faculté à jouer en une touche et à provoquer des décalages. Averti à la 51e pour contestations. Il a disparu de la circulation dans le second acte. Remplacé à la 66e par Pessina qui a apporté sa vista et a frôlé la correctionnelle sur Lainer dans la surface. L'arbitre avait heureusement indiqué un hors-jeu (74e). Le milieu de l'Atalanta profite du travail de sape dans la surface d'Acerbi pour tromper en force Bachmann (2-0, 105e).
Jorginho (6) : le joueur de Chelsea est le patron de l'entrejeu italien. Sa clairvoyance dans le jeu et sa discipline tactique le rendent indispensable. Il simplifie le jeu de son équipe par ses initiatives et apporte de la fluidité. Le numéro huit a pris le contrôle du jeu à la sortie de Verratti. Courageux, les prolongations lui ont fait du mal physiquement.
Verratti (6) : pour sa deuxième titularisation dans cet Euro, le milieu du PSG a apporté son aisance technique dans les transmissions. Capable de casser les lignes par sa qualité de passe, le numéro six italien s'est distingué dans cet exercice sur l'occasion d'Insigne (13e). Très à l'aise techniquement, les Autrichiens ont éprouvé des difficultés à lui prendre le ballon. Sa superbe passe pour Insigne aurait pu être décisive (55e). Remplacé à la 66e par Locatelli qui s'est démené pour proposer des solutions dans le jeu. Un peu trop laxiste sur le marquage de Kalajdzic au moment du but (2-1, 114e).
Berardi (4) : l'attaquant de Sassuolo n'a pas été trop en vue dans la première demi-heure. L'intéressé n'a pas effectué les bons choix le peu de fois où il s'est mis en évidence dans son couloir droit. Malgré sa discrétion offensive en première mi-temps, le numéro onze a beaucoup travaillé sur son côté. Pas forcément mieux inspiré au retour des vestiaires. Remplacé à la 83e par Chiesa qui voit sa première tentative bien captée par Bachmann (94e). L'intéressé ne se loupe pas sur sa deuxième opportunité, en se débarrassant de Laimer et en marquant d'une belle volée (1-0, 95e). Son entrée a radicalement changé le visage de l'Italie.
Immobile (5) : le buteur de la Lazio Rome a été très discret dans les trente premières minutes. Très rarement servi dans de bonnes conditions, le numéro dix sept a bien été muselé par la défense autrichienne jusqu'à la 32e et sa superbe frappe qui heurte le poteau. Un peu plus actif dans le second acte où il s'est démené sur le front de l'attaque italienne. Sa passe pour Insigne aurait pu être décisive (71e). Remplacé à la 83e par Belotti qui a pesé sur la défense autrichienne.
Insigne (6) : l'attaquant du Napoli s'est rapidement distingué par une frappe enroulée bien captée par Bachmann (13e). Travailleur de l'ombre, le numéro dix italien n'a pas hésité à reculer pour apporter des solutions à ses partenaires et à effectuer les tâches défensives. L'intéressé bien lancé par Verratti fait preuve d'altruisme alors qu'il aurait pu jouer le coup seul (55e). Bien servi par Immobile, son petit enroulé ne trouve pas le cadre (71e). Son superbe coup franc enroulé est repoussé miraculeusement par Bachmann (104e). Impliqué sur le deuxième but italien en distillant un bon centre pour Acerbi (2-0, 105e). Remplacé à la 107e par Cristante
Autriche
Bachmann (7) : le portier de Watford, international depuis seulement quelques semaines, a eu du travail dans cette rencontre. 3 parades en première période devant Insigne (13e), Barella (16e) et Spinazzola (42e). Il voit une frappe lumineuse de Immobile terminer sur son poteau gauche (32e). Il peut difficilement faire mieux sur le but de Chiesa en prolongations (95e). En prolongation, il sauve même une balle de 2-0 en sortant un ballon de Insigne sur coup-franc qui filait tout droit en lucarne. Incroyable parade qui contrastait avec le but qu’il encaissait quelques secondes plus tard sur une frappe de Pessina (105e). Un grand match pour une première en huitièmes de finale d'un Euro même si il y a l'élimination au bout. Respect.
Lainer (5) : l’offensif latéral droit a été actif dans cette rencontre mais son apport habituel n’a pas été à l’honneur. Défensivement il a parfois eu du mal à gérer sa ligne défensive notamment en un contre un face à Insigne qui a été hyper remuant. Il a perdu un nombre incalculable de ballons (21 au total). Placé très haut sur le terrain, il n’a cependant réussi qu’un centre sur 5 tentés pour aucune passe en profondeur réussie. Remplacé par Trimmel (114e).
Dragovic (7) : si la défense autrichienne a été si solide face à cette attaque de feu, du moins dans les 90 premières minutes, c’est parce qu’elle avait dans ses rangs une charnière centrale de grande classe. Le premier, Dragovic, a été absolument impérial. Placé à droite, il n’a pas hésite à monter parfois avec le ballon ou sans pour apporter de l’aide à la relance. Et que dire de son match défensif. 3 dégagements, 2 tirs bloqués, 2 interceptions, 2 tacles, 9 duels remportés sur 11. Un véritable patron et un match référence pour le jeune trentenaire du Bayer Leverkusen.
Hinteregger (6,5) : et puis il y a aussi Hinteregger. Tout aussi solideque son pendant, il a été très très bon et a réalisé un excellent match malgré la défaite finale. 2 dégagements, 2 tirs bloqués, 3 interceptions, 4 tacles, 8 duels remportés sur 13 disputés, il a été vraiment précieux et toujours bien placé pour contrer les offensives de la Nazionale notamment quand il fallait couper les lignes de passes dans la surface.
Alaba (5,5) : le futur joueur du Real Madrid et capitaine de cette sélection autrichienne a été très serein dans cette rencontre. Toujours calme et attentif face aux attaquants italiens, il a fait parler sa lecture du jeu et son expérience à ce poste de latéral gauche. Il a parfois dû s’insérer dans l’axe de la charnière pour pouvoir aider face aux assauts de la Squadra Azzurra. Il a tenté d’apporter offensivement avec des montées dans le couloir et par l’intermédiaire de coups de pieds arrêtés notamment sur coup franc (50e), mais il a souvent manqué de justesse. Passeur décisive sur le but refusé de Arnautovic (64e), il été à deux doigts d’un immense bonheur.
Grillitsch (6) : le plus défensif des deux milieux de terrains autrichiens a été très bon à la récupération. Avec cette grosse couverture dans l’axe et cette activité XL, il a été solide contre les joueurs offensifs italiens. 2 interceptions, un tacle et un tir bloqué, il a parfois eu du mal face à la vitesse des ailiers (2 dribbles subis). Même offensivement à la relance il a été précieux avec 4 passes en profondeurs réussies sur 5 tentées. Remplacé par Schaub (105e) qui s’est rapidement illustré avec une frappe de mule, dégagée par Donnarumma (106e) et qui a manqué de précision devant le but quelques instants après (113e).
Schlager (5) : lui a été un peu plus excentré et moins axial que son compère mais n’a pas non plus ménagé ses efforts. Il a été partout sur le terrain, comme le prouve sa heatmap du soir. Correct défensivement (7 duels remportés sur 12, 5 tacles) et intéressant offensivement, il a fait un bon match globalement sans être transcendant. Remplacé par Gregoritsch (106e).
Laimer (4,5) : match ingrat pour le très polyvalent joueur de Leipzig. Il a passé la majeure partie de sa rencontre à aider Lainer dans le couloir droit. Plus défensif qu’offensif aujourd’hui, il n’a pas eu vraiment la possibilité de se montrer devant malgré ses qualités évidentes dans la surface adverse. Il se fait enfumer par Chiesa sur le but de l’attaquant de la Juventus (95e) alors qu’il était venu à l’opposée pour apporter de l’aide défensivement. Remplacé par Ilsanker (114e).
Sabitzer (5) : le meneur de jeu a été plutôt discret dans cette rencontre, surtout dans les 45 premières minutes. Il se réveille en seconde période avec quelques montées de balle intéressantes et de nombreuses occasions crées (5 passes en profondeur réussies (100%)). Il tente sa chance de loin à la 61e minute mais sa tentative est contrée et n’inquiète finalement personne. Il a été intéressant défensivement aussi avec une activité à la récupération notable (3 duels remportés). En prolongations, le numéro 9 a l’occasion de réduire le score à 2-0 mais sa double occasion est manquée (110e).
Baumgartner (3,5) : positionné dans le couloir gauche, le milieu offensif d’Hoffenheim a eu beaucoup de déchets dans cette rencontre et n’a pas réalisé un grand match. S’il a essayé de rentrer à l’intérieur du jeu pour apporter de l’aide dans l’axe, il n’a jamais été en réussite offensivement. Aucun tir, aucun centre réussi, aucun dribble réussi et 11 ballons perdus pour 77,8% de passes réussies. Trop de déchets et aucune influence dans le jeu offensif. Remplacé par Schöpf (89e) en fin de match, qui ne s’est pas illustré dans les prolongations.
Arnautovic (5) : esseulé dans le premier acte, l’attaquant du Shanghai SIPG n’a touché que 18 ballons et ne s’est procuré qu’une occasion sur cette période (une frappe non cadrée). Compliqué de faire mieux avec si peu de possibilités. Il a parfois dû faire seul à l’image de ce festival de dribbles dans la surface où il élimine toute la défense italienne sans parvenir à trouver de solutions dans le dernier geste (48e). Il pense être le héros du soir en ouvrant le score à la 64e minute mais sa réalisation est finalement refusée pour une position de hors-jeu logique. Remplacé par Kalajdzic (97e) qui a réduit le score dans la deuxième partie de la prolongation de la tête sur corner (113e).