Allemagne : une timide éclaircie au cœur de la tempête !
Au Signal Iduna Park et dans un contexte explosif, l’Allemagne de Rudi Völler, nommé sélectionneur intérimaire après l’éviction d’Hansi Flick, a quelque peu redressé la tête face à l’équipe de France, vice-championne du monde en titre. Une victoire (2-1) ô combien précieuse pour la Mannschaft, touchée par une crise profonde avant d’accueillir l’Euro 2024 le 14 juin prochain.
Le calme après la tempête ? Difficile, pour l’heure, de le dire tant le climat autour de la sélection allemande reste instable ces dernières heures. Une chose est sûre, les quadruples champions du monde (1954, 1974,1990 et 2014) auront eu le mérite de sortir la tête de l’eau, mardi soir au Signal Iduna Park. Face à une équipe de France, finaliste du dernier Mondial au Qatar et en passe de se qualifier pour le prochain Euro, les coéquipiers d’Ilkay Gündogan ont, en effet, eu ce sursaut d’orgueil aussi attendu par le peuple allemand que redouté par les supporters tricolores. Portée par les réalisations de Thomas Müller - plus enclin à répondre à nos confrères allemands en zone mixte - et Leroy Sané, la Mannschaft s’est ainsi donnée un bon bol d’air frais dans un contexte jusqu’alors irrespirable.
L’Allemagne stoppe l’hémorragie !
À des années-lumières d’une sélection scintillante, rigoureuse, pragmatique et élevée au rang de référence mondiale en 2014 lors du sacre au Brésil, les Aigles se présentaient aux Bleus tel un animal blessé. Une bête affaiblie par deux éliminations consécutives au premier tour d’une Coupe du monde. Une bête marquée par cinq matches de rang sans victoire, dont quatre revers face à la Belgique, la Pologne, la Colombie et le Japon. Des statistiques déroutantes pour une nation historiquement habituée à afficher une suprématie certaine. Une déroute marquant, par ailleurs, la fin de l’aventure d’Hansi Flick à la tête de la Mannschaft. «L’équipe nationale avait besoin d’un nouvel élan après les résultats décevants obtenus récemment. Dans la perspective du championnat d’Europe qui se déroulera dans notre pays (du 14 juin au 14 juillet 2024, ndlr), nous avons besoin d’un esprit de renouveau et de confiance. Pour moi personnellement, c’est l’une des décisions les plus difficiles de mon mandat jusqu’à présent», avouait, à ce titre, Bernd Neuendorf, le président de la Fédération allemande.
Dans l’antre du Borussia Dortmund et en attendant la possible nomination de Julian Nagelsmann sur le banc allemand, les hommes de Rudi Völler - nommé sélectionneur intérimaire - ont ainsi stoppé l’hémorragie. Timidement certes mais avec expérience, rigueur et malice. Antonio Rüdiger peut en témoigner. Randal Kolo Muani aussi. Des valeurs plus fidèles à ce qui a finalement, longtemps, fait la force de cette nation. Combative dans l’entrejeu, à l’instar de la prestation aboutie d’Emre Can et malgré la sortie prématurée de son capitaine Ilkay Gündogan, l’Allemagne s’est, par ailleurs, appuyée sur des ailiers virevoltants (Sané, Gnabry) et des latéraux performants. Élu homme du match par la rédaction FM, Benjamin Henrichs, titularisé en lieu et place de Nico Schlotterbeck, a ainsi causé du tort à Benjamin Pavard. Dans le même temps, Thomas Müller (34 ans) s’offrait lui un beau cadeau d’anniversaire en inscrivant son 45e but en 123 sélections. Sa deuxième réalisation la plus précoce avec la Mannschaft depuis son but marqué lors du quart de finale de la Coupe du monde 2010 contre l’Argentine (3e minute).
Un futur encore incertain…
«Pour nous c’était clair qu’on allait devoir beaucoup courir. La France est une équipe qui donne l’impression que l’on peut jouer avec elle, elle donne parfois la balle à l’adversaire. Notre ouverture du score rapide nous a fait du bien. On savait que l’on aurait beaucoup à faire. Ce n’était pas simple pour nous cette série négative, la séparation en fin de semaine avec Hansi Flick était une situation folle. On doit aussi féliciter Rudi Völler, Hannes Wolf et Sandro Wagner. On a réussi à mettre en application sur le terrain (ce qu’ils ont suggéré). On a été récompensés aux bons moments. Ça fait plaisir quand on gagne contre la France. Mais on ne doit pas survaloriser ce match, on a encore un long chemin devant nous. Ça a été un petit moment de libération émotionnel», avouait, à ce titre, l’attaquant du Bayern Munich Munich après la rencontre. À ce titre, si le résultat final - plutôt anecdotique pour les Bleus - s’avère ô combien précieux pour les partenaires de Marc-André Ter Stegen, tout n’a pas été parfait. Loin s’en faut. Globalement dominée tout au long de la rencontre et très peu dangereuse aux abords de la surface adverse, l’Allemagne a finalement profité des erreurs défensives commises par la sélection de Didier Deschamps.
Opportuniste plus que brillante, la Mannschaft aura, cependant, eu le mérite d’afficher une rigueur défensive et un état d’esprit irréprochable tout au long de la rencontre. Une mentalité soulignée, à juste titre, par Rudi Völler, présent en conférence de presse après cette victoire. «On a réalisé une performance de premier plan en première période. En seconde période, on s’est remarquablement bien battus. À 2-0, ça a été une libération pour nous, mais en foot tout peut-être relancé quand on pense que c’est fini. C’est un bon sentiment de mener au score et de voir l’adversaire qui court après le score. On a gagné 2 à 1 contre une équipe de classe mondiale, même si ce n’était qu’un match amical. Il y a un peu de prestige, ils n’aiment pas perdre contre l’Allemagne, je le sais. Ça fait du bien tout simplement, après les dernières défaites. Les gens veulent que ça se passe bien avec l’Euro à domicile. Si on avait fait au final match nul, on aurait été satisfait. Le résultat n’était pas si important, mais la façon dont on s’est battus. Ça m’a beaucoup plu la façon dont on a joué avec passion».
Comblé par la réaction de ses joueurs, celui qui retrouvait Didier Deschamps le temps d’une soirée - les deux hommes ont évolué sous le maillot de l’OM entre 1992 et 1994 - remerciait, également, Hansi Flick pour sa «superbe idée d’avoir convoqué Pascal Gross». «Peu de monde le connaissait en Allemagne, il a bien joué», ajoutait même l’ancien attaquant olympien, par ailleurs interrogé sur l’identité du futur sélectionneur. «Je ne vais pas le dire ici. On va y réfléchir et dans les trois semaines, on va trouver une solution». S’il est, certes, encore trop tôt pour tirer des conclusions, le visage affiché par l’Allemagne, mardi soir, laisse malgré tout quelques motifs d’espoirs. Annoncé comme le grand favori pour reprendre la tête de la Mannschaft et ainsi insuffler ce vent nouveau tant attendu, Julian Nagelsmann, en passe d’être officiellement libéré par le Bayern Munich, devra quoi qu’il en soit se retrousser les manches s’il venait à débarquer sur le banc des Aigles. Présent en zone mixte, Leroy Sané semblait, de son côté, prêt à retrouver son ancien coach : «Julian est un bon entraîneur. A voir s’il est d’accord. Ce serait vraiment sympa de le revoir et de travailler à nouveau avec lui». Une chose est sûre, le chantier reste immense et le temps presse outre-Rhin…
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