Girondins de Bordeaux : Gérard Lopez sort enfin du silence
Alors que les Girondins de Bordeaux reprennent la saison en National 2 ce samedi contre Poitiers, Gérard Lopez s’est enfin exprimé après des semaines de silence.
Une nouvelle page. Après la Ligue 1 jusqu’à il y a deux ans, et la Ligue 2 au printemps dernier, les Girondins Bordeaux ouvrent leur saison ce samedi en National 2. Ils reçoivent le Stade Poitevin ce samedi (17h). Ca se jouera à huis clos dans un autre stade que le Matmut Atlantique, le Sainte-Germaine du Bouscat, et sous les ordres de Bruno Irlès, le nouvel entraîneur. Ce dernier n’a que 14 joueurs à disposition pour débuter ce nouvel exercice, pendant que 12 autres la réserve en National 3. Et il s’agit déjà de la 3e du championnat, après le report des deux premières journées faute de joueurs disponibles. Comme un air de purgatoire.
Il s’agit d’expier ses fautes après les terribles gestions sportives et économiques, d’abord du fonds d’investissement américain General American Capital Partners (GACP), puis de Gérard Lopez. L’homme d’affaires est devenu l’ennemie numéro un des supporters bordelais, mais aussi des politiques de la région aquitaine ou encore des anciens joueurs. Jusque-là, il s’était fait particulièrement discret face à la situation du club. Cette fois, il prend la parole, une fois le mercato terminé et la saison sur le point de débuter (enfin) pour son équipe. Il a adressé un très long message sur les réseaux sociaux à destination des supporters.
La longue lettre ouverte aux supporters
«Je viens vers vous après quelques semaines sans prise de parole qui s’explique tout d’abord par le fait que nous avons dû nous concentrer pleinement sur la préoccupation première qui était d’éviter la liquidation judiciaire du club, et donc sa disparition pure et simple, sans possibilité de se reconstruire une équipe et un projet sportif avant de nombreuses années. Mon silence s’explique aussi en partie par la violence exceptionnelle de certains messages profondément malveillants. Ça n’est pas l’objet de cette lettre, mais rien ne justifie que l’on profère de telles menaces. Je comprends la passion qui entoure un club et la douleur engendrée par la situation économique et sportive mais cela n’excuse en rien ces agissements» entame-t-il.
Dans la suite de son message, Lopez reconnait certaines erreurs. Il estime s’être trop éloigné des affaires courantes des Girondins, s’être désintéressé du tissu local (économique, politique notamment), là un club de football majeur est évidemment une entité sociale importante. «J’aurais également dû intervenir de manière plus agressive, et disons-le de manière plus autoritaire, sur le volet sportif, comme je l’avais d’ailleurs fait auparavant, et avec succès» soutient l’homme d’affaires, affirmant au passage avoir investi beaucoup d’argent et d’énergie ces dernières saisons, sans la réussite sportive qui va avec. Il assume une part de responsabilité, mais revient également sur les événements précédents, remontant à sa prise en main du club.
La faute à la situation passée…
«A l’été 2021 (…) il fallait reprendre des dettes, restructurer, mettre des fonds et travailler d’arrache-pied. Nous l’avons fait et nous avons réussi, en quelques jours seulement, ce qui paraissait être un pari impossible, poursuit-il dans ce communiqué. A cette époque nous avions déjà autour du club une série de soi-disant investisseurs, qui voulaient le reprendre ou s’associer avec nous sans fonds ou pire avec des faux documents de disponibilité de fonds, et même, dans le cas le plus invraisemblable, un « investisseur » nous demandant un prêt d’argent afin d’investir. Force est de constater que ces propositions étaient toutes plus fantaisistes les unes que les autres et dénuées de réels fondements, voire carrément malhonnêtes.»
«Je déplore cependant que ces mêmes « investisseurs » soient aujourd’hui de retour et même s’il n’est pas nécessaire d’y accorder davantage de sérieux qu’à l’époque, je ne puis que regretter le crédit assez incompréhensible que semble leur accorder certains élus. Si l’on revient également sur le passé, il convient de rappeler qu’en juillet 2021, le club perdait 67 millions d’euros en Ligue 1, et 128 millions d’euros en cumul entre 2019 et 2011, avec des dettes financières de 40 millions d’euros (11 millions d’euros aujourd’hui) et un total de dettes au-dessus 100 millions d’euros là où nous étions redescendus à la moitié dès 2022.» Face à cette situation, il lui était impossible d’agir en conséquence, d’autant que certains gros salaires du club ne voulaient pas partir.
… et la situation présente
Entre les dettes accumulées et une situation sportive empirant, la descente en Ligue 2 devenait quasiment inéluctable. Mais même à l’étage inférieur, le club au scapulaire n’est pas parvenu à remonter malgré le pari sur certains joueurs et une promotion rapide qui aurait permis de renflouer les caisses. Lopez affirme être reparti en début de saison dernière en investissant de l’argent personnel afin de ne pas de creuser la dette de l’entreprise. La crise des droits TV et la mauvaise santé du football français, en plus d’un manque de soutiens d’investisseurs ont eu raison de son projet. Dans la suite de son communiqué, Gérard Lopez règle un peu ses comptes avant de conclure.
Chères supportrices,
Chers supporters,
Chers partenaires, employés et vous tous amoureux du club,
Je viens vers vous après quelques semaines sans prise de parole qui s’explique tout d’abord par le fait que nous avons dû nous concentrer pleinement…
«Face à cette impossibilité d’attirer un investisseur, nous n’avons eu d’autre choix que de nous orienter vers la procédure collective et plus précisément le redressement judiciaire pour éviter la liquidation judiciaire pourtant ardemment souhaité par certains qui ne peuvent se qualifier d’amoureux ou de supporteurs d’un club dont ils souhaitaient la disparition pure et simple, critique l’ancien patron du LOSC, qu’il a par ailleurs lâché en très mauvaise posture. Aujourd’hui, nous allons donc nous battre pour ramener le club là où il n’aurait jamais dû cesser d’être, c’est-à-dire une institution légendaire du football français et de tout premier plan», termine le propriétaire des Girondins.
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