Argentine-Italie : Lorenzo Insigne, l’homme par qui passera la renaissance italienne ?

Indiscutable au Napoli où il est l’un des joueurs les plus déterminants, Lorenzo Insigne vit davantage de déconvenues avec la sélection italienne. Peu utilisé par les différents sélectionneurs passés sur le banc de la Squadra Azzurra, il arrive désormais à maturité et pourrait jouer un rôle dans la reconstruction de la Nazionale.

Par Aurélien Macedo
6 min.
Italie Lorenzo Insigne @Maxppp

«Nous avons tendance à nous échauffer trois par trois, puis cinq minutes après, trois autres y vont. J’ai simplement dit que nous approchions de la fin et que nous devions gagner donc qu’il fallait envoyer un attaquant à l’échauffement. J’ai pointé Insigne du doigt. Cela ne tenait pas à moi, mais nous avions des problèmes techniques. Je suis désolé si j’ai offensé quelqu’un. À ce moment, j’ai simplement pensé que peut-être, il était mieux de faire entrer Insigne.» À la suite de l’élimination de l’Italie par la Suède (1-0, 1-1) en barrage pour la Coupe du monde, le milieu de terrain Daniele De Rossi livrait un constat clair aux micros de Rai Sport. L’Italie a failli et la solution était peut-être dans ses rangs en la personne de Lorenzo Insigne.

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Boulon essentiel du système de Maurizio Sarri, le petit Lorenzo fait peut-être 1m63, mais il a bien grandi. Formé au Napoli, c’est sous la houlette du technicien tchèque Znedek Zeman qu’il va se révéler : «Ceux-ci m’ont servi (ses enseignements) car c’est grâce à lui si aujourd’hui j’en suis là. Chaque fois que je le vois, je le remercie pour ce qu’il m’a donné.» À Foggia puis à Pescara, il suivra son mentor en prêt pour s’aguerrir. Justement, il éclate aux yeux du football européen avec les Delfini où il côtoie notamment Ciro Immobile et Marco Verratti. Très rapidement, les trois prodiges sont considérés comme le "futur" du football italien. De retour à Naples à l’été 2012, il va vite s’imposer et s’imposer comme un titulaire indiscutable. Dans la foulée, il fait ses débuts avec la sélection italienne. Intéressé par le profil atypique de l’attaquant, Cesare Prandelli ne va pas hésiter une seconde. Lorenzo Insigne connaît sa première cape contre Malte le 11 septembre.

Boudé par ses sélectionneurs

Des débuts rêvés pour le "Messi de l’Adriatique" qui découvre la Squadra Azzurra à 21 ans. Toutefois, son histoire avec l’équipe nationale connait un coup d’arrêt. Face à la forte concurrence et à des systèmes où les ailiers ne peuvent pas s’exprimer, il joue très peu. Ainsi, Lorenzo Insigne devra attendre près d’un an pour connaître sa seconde sélection avec l’Italie. Rentré en jeu contre l’Argentine, il va se mettre en évidence en marquant son premier but avec la Nazionale. Une performance qui ne changera rien dans l’esprit de Cesare Prandelli qui le cantonnera à un rôle de joker. Présent lors de la Coupe du monde 2014, il n’aura que 23 faibles minutes à se mettre sous la dent durant cette compétition. Un bilan famélique qui surprend compte tenu de l’incroyable régularité qu’il affiche avec Naples. Éliminée lors de la phase de poule, l’Italie décide de se séparer de son sélectionneur. Antonio Conte arrive et réalisera un passage brillant à la tête de la Nazionale, malheureusement Insigne ne pourra jamais s’affirmer avec l’actuel entraîneur de Chelsea.

Arrivé avec des idées de jeu claires et établies, le technicien natif de Lecce met en place un système en 3-5-2 où Insigne n’aura pas sa place sous son commandement (seulement six matches). Pire, il ne joue pas sous la direction de Conte avant le 24 mars 2016 soit près de deux ans. La raison se veut tactique puisque le sélectionneur préfère évoluer avec deux joueurs axiaux (Eder et Pellé). Une formation qui laisse de côté Lorenzo Insigne dont les qualités ne correspondent également pas à un rôle de piston selon le sélectionneur. De plus, un élément compliquera la relation entre les deux hommes. Forfait sur blessure pour un rassemblement avec l’équipe nationale en octobre 2015, il fait son retour rapidement avec Naples. Un comportement qui passe mal auprès d’Antonio Conte, qui évoque blessure diplomatique. Il ne le convoquera pas lors des prochaines trêves avant de pardonner son joueur : « Nous avons clarifié la situation, il y a eu un malentendu et nous avons une très bonne relation. Nous l’avons éclaircie. Je lui ai expliqué mon point de vue parce qu’il est préférable d’être direct dans certaines situations. Maintenant, c’est à lui de continuer à bien jouer en championnat. »

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De retour avec l’Italie, il ne brillera pas lors de l’Euro 2016 qu’il verra du banc. Il rentrera en jeu à 3 reprises pour 36 minutes de jeu au total. Encore une fois laissé de côté, Lorenzo Insigne doit à nouveau se concentrer sur le Napoli pour recouvrir le sourire. Avec l’arrivée de Maurizio Sarri, l’ailier franchit un nouveau cap au sein des Partenopei. Associé à Dries Mertens et José Callejon, il réalise un exercice 2016-2017 exceptionnel (49 matches, 20 buts et 12 passes décisives) et tombe sous le charme de son nouvel entraîneur comme il l’explique à FoxSport : «Sarri rend tout le monde important, même ceux qui jouent moins, et le fait se sentir responsable dans ce groupe. C’est jouer pour le coeur. Même ceux qui jouent moins quand ils entrent font toujours leur contribution. Ceux qui jouent moins aident.» Des prédispositions qui lui permettent de jouer davantage sous la direction de Gampiero Ventura. Toutefois il ne prendra part qu’à 15 minutes de jeu lors du barrage contre la Suède. Une décision contestée en Italie où les médias sportifs italiens s’insurgent de ne pas le voir sur la pelouse.

L’affirmation ?

Suite au fiasco italien, l’ancien entraîneur d’Insigne, Znedek Zeman a rapidement soutenu son poulain dans Il Mattino : «Je n’abandonnerais pas Insigne dans mon équipe.» Le joueur lui est déçu et ne se cache pas face aux micros de SkySport : «Ça me déçoit de ne pas aller au Mondial. Nous y avons mis notre âme jusqu’à la fin. Nous demandons pardon à l’Italie, nous nous rachèterons la prochaine fois.» Ne voulant pas accabler son entraîneur, Insigne ne sombre pas dans le défaitisme et veut se concentrer sur le renouveau de son équipe nationale : «J’ai toujours dit que j’acceptais les choix de l’entraîneur et ça va bien comme ça, je n’ai aucun regret. C’était un match à gagner à tout prix, pour le sélectionneur il s’agissait des choix les plus justes et je les ai acceptés, parce que sous le maillot de la Nazionale ils doivent s’accepter. Dommage que ça se soit mal déroulé. Je reste toujours à disposition et j’espère être à la hauteur pour emmener l’Italie toujours plus haut.»

Désormais, il devrait prendre un rôle plus important avec l’Italie. Attendu en tant que titulaire ce soir (20h45) pour affronter l’Argentine en match amical, Lorenzo Insigne sait qu’il a un coup à jouer pour s’imposer définitivement avec l’Italie. Faisant oublier au passage ses 23 sélections (pour 3 buts) en 6 ans avec la Nazionale. Le sélectionneur intérimaire Luigi Di Biagio a décidé de lui faire confiance à l’image du numéro 10 qui lui a été octroyé pour ce rassemblement. Ambitieux, il a affiché son envie de donner le meilleur avec sa sélection à FoxSport : «J’ai toujours donné ma disponibilité, même pour jouer avec 3-5-2 ou toute autre formation, l’important est de tout donner à la fin. Après chaque joueur s’exprime mieux dans un rôle : El Shaarawy et moi avons l’habitude de jouer dans une attaque à trois. Mais l’important est de donner le maximum pour l’Italie. Au-delà du poste, le résultat compte. Je me sens sûrement mieux en 3-4-3, mais un joueur doit rentrer sur le terrain et être conscient de pouvoir donner 100% à l’équipe.» À lui désormais de s’affirmer en attendant la nomination d’un nouveau sélectionneur l’été prochain. Même s’il n’est pas exclu que l’intérim de Luigi Di Biagio se prolonge.

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