Sans club, ils veulent rebondir grâce à l’UNFP FC

Ils s’appellent Ronald Zubar, Larsen Touré, Paul Alo’o Efoulou ou encore Geoffrey Malfleury. Ils ont connu le haut niveau, voire même le très haut niveau, mais ils sont sans club aujourd’hui. Pour permettre aux joueurs professionnels au chômage de retrouver un club et un contrat, l’UNFP organise depuis 27 ans son traditionnel stage estival. Les joueurs sont ainsi mis dans de parfaites conditions pour rebondir. Avides de retrouver un club, ils donnent tout sur le terrain pour être remarqués et bousculent leurs adversaires si bien que des clubs de L1 ont mordu la poussière. Zoom sur ces joueurs qui veulent rebondir grâce à l’UNFP !

Par Sébastien DENIS - Dahbia Hattabi
8 min.
Ronald Zubar @Maxppp

13 juillet 2017. Lisses. Bien loin de l'effervescence que provoque le mercato où Neymar, Alexis Sanchez ou encore Kylian Mbappé font la une des gazettes, cette commune du sud de la région parisienne accueille 26 joueurs réunis par l’Union Nationale des Footballeurs Professionnels. Organisée chaque été pour les joueurs à la recherche d’un club, cette traditionnelle session de six semaines, entièrement prise en charge par l'UNFP, se déroule cette année au sein de l’espace Léonard de Vinci de Lisses. Un complexe où les joueurs présents peuvent bénéficier de prestations de haut niveau. Balnéothérapie, salle de sport ultra moderne, multiples terrains accolés à l’hôtel, espace détente, salle dédiée aux soins avec kiné et ostéopathe, piscine extérieure avec cryothérapie : tout est réuni pour les mettre dans les meilleures conditions. Une initiative qu'apprécie particulièrement Ronald Zubar (31 ans), libre depuis son départ du Red Star. «L'UNFP, j'en avais déjà entendu parler. J'ai pris contact avec eux pour avoir plus d'informations. Ce qui a facilité les choses, c'est que mon petit frère a participé au stage l'an dernier et il ne m'en a dit que du bien. Je n'ai pas hésité (...) Ici, on a tout à disposition. On a même plus que certains clubs professionnels au niveau des installations, de la logistique. Après, comme on a des joueurs qui viennent de France et de Navarre, il faut que la mayonnaise prenne».

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Pour que cela fonctionne, tout est géré par un staff ultra complet mis en place par l’UNFP. Des entraîneurs de haut niveau (Ghislain Printant et Aziz Ben Askar, puis Serge Romano et Grégory Vignal actuellement), un entraîneur des gardiens, un superviseur vidéo, un préparateur physique, des kinés et un masseur sont là pour aider ces joueurs à traverser cette épreuve. Une mission qui tient particulièrement à cœur à Grégory Vignal. «J'ai connu ce stage en tant que joueur après une grosse blessure. Ça m'a aidé à retrouver un club derrière. Je suis là en tant qu'entraîneur adjoint pour les aider, surtout au niveau du ressenti. Je sais exactement ce que ressentent les garçons sur le plan psychologique. Je pense que ça peut les aider quand ils ont un coup de moins bien». À tous les niveaux, l'UNFP n'abandonne pas ces footballeurs sans club. Des footballeurs qui essayent de se mettre en valeur lors des 8 matches amicaux organisés entre juin et juillet face à des équipes de Ligue 1 et de Ligue 2. Préparé comme une vraie équipe et disposant d'une cohésion et d’un esprit collectif sans faille, l’UNFP FC est plus qu’un sparring partner pour les clubs professionnels.

Des résultats intéressants

Si les premiers matches ont été compliqués (nuls à Clermont et défaite face à Niort), la suite a été bien plus convaincante. Déterminés comme jamais, les joueurs sans contrat, soutenus par des encadrants de l'UNFP, sont parvenus à l'emporter 1 à 0 contre Amiens et Troyes, tous les deux promus en L1. Des performances remarquées qui ont fait grand bruit dans le microcosme du football professionnel en France. « Les joueurs présents ne doivent pas lâcher, c’est ce que je leur dis», explique Pascal Bollini, ancien joueur professionnel et responsable du stage depuis 12 ans. « Honnêtement, sur ce stage, j’ai des joueurs de L2 et j’ai des joueurs qui ont joué en L1 comme Larsen Touré, Ronald Zubar, Paul Alo’o Efoulou, Guirane N’Daw. Il y a beaucoup d’expérience. J’ai un groupe très mature. Nous avons peu de jeunes. » Mais il y a également peu de joueurs de Ligue 1. La plupart ont encore du mal à franchir le pas et ont une image négative de ce stage (footballeur chômeur). Pour Pascal Bollini, ces sessions devraient être obligatoires. « Il y a 20 ou 25 fins de contrat dans les clubs de L1. Il y en a peut-être un ou deux qui vont venir, mais 23 qui vont rester chez eux. On ne peut pas faire changer les mentalités. On fait un gros travail pour les convaincre mais ce n’est pas facile. »

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Après une année à travailler seul suite à son départ d'Ipswich Town, Larsen Touré (32 ans) participe au stage cet été . Il ne regrette pas du tout son choix. «Au chômage dans le football et au chômage dans la vie normale, ça n'a rien à voir. On est là, on a un bon groupe. On vit bien ensemble, on travaille. Le staff est présent pour nous. Ca nous fait oublier qu'on n'a pas de club. On vit comme un groupe. On voyage dans de bonnes conditions, on est bien pris en charge. Aujourd'hui, on a tout pour revenir au meilleur niveau. Comme nous a dit le coach, le plus dur c'est de venir à l'UNFP et de montrer qu'on a envie de rejouer (...) Franchement, je me souviens qu'avant je disais que jamais je n'irais à l'UNFP. Aujourd'hui, je suis bien content que l'UNFP soit là». Grégory Vignal, invite tous les joueurs dans cette situation à aller au-delà des clichés: «Les premiers mots que je leur ai dit c'est qu'il n'y a aucune honte à être ici. Au contraire. C'est tout à leur honneur. Ils montrent qu'ils ont envie de continuer ce métier et de réussir. Je préfère venir ici m'entraîner deux fois par jour et jouer des matches contre des clubs pros, plutôt que de rester à la maison et de m'entraîner seul. On n'est pas dans les mêmes conditions. Grâce à l'UNFP, on a des conditions dignes des professionnels. J'encourage les joueurs à venir car c'est en se montrant et en jouant qu'ils trouveront un club».

Les joueurs de L1 encore sceptiques

En effet, 60% des footballeurs passés par le stage trouvent un club. Cette année 2017, ils sont nombreux dans ce cas. Forts de ses excellents résultats, les responsables de l’UNFP ont vu le nombre d’appels pour les joueurs se multiplier ces derniers jours. Anthony Scaramozzino (à l’essai à Laval), Landry Bonnefoi (Strasbourg), Bilel El Hamzaoui (Boulogne, National) et Pape Paye (Bourg en Bresse L2) ont d’ores et déjà rebondi loin de Lisses. Mais la place n’est jamais laissée vacante très longtemps. Alioune Fall (ex- AC Ajaccio), Naser Chamed (ex-Nîmes), Odair Fortes (ex-Reims) et Ismaël Gace (ex-Les Herbiers) sont venus les remplacer avec l’espoir eux aussi de retrouver un club. Présent depuis le début, Larsen Touré avoue être plus sollicité ces dernières semaines. «Depuis que je suis arrivé ici, c'est vrai que beaucoup de gens m'appellent. Ils trouvent que je suis en forme. C'est flatteur. Je suis content car ça veut dire que l'UNFP nous donne une chance. C'est une chance à saisir». Lui comme ses 25 partenaires espèrent certainement suivre la voie d'anciens joueurs passés qui se sont relancés avec succès. « Avec Franck Signorino, Romain Thomas ou encore Arnaud Souquet, on a des exemples récents de joueurs qui ont rebondi en L1 après avoir été chez nous », assure Bollini.

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Il poursuit : «Le stage permet aussi de prendre conscience que le football ça peut basculer très vite. On peut être très haut et redescendre très bas. Et côtoyer des joueurs qui sont dans la même situation que soi, ça fait forcément réfléchir. Il y a des joueurs qui m’ont dit : ‘’ Je me suis révélé au stage’’». Romain Thomas est l'une des meilleures publicités, à écouter l’homme fort de l’UNFP. S’il est aujourd’hui un joueur confirmé de Ligue 1, l'Angevin n’a pas toujours été aussi serein. Lorsqu’il est passé par le stage de l’UNFP, c’est un joueur brisé, sur le point de mettre un terme à sa carrière qui était arrivé au stage. « Quelqu’un comme Romain Thomas était sur le point d’arrêter sa carrière après une expérience à Brest en réserve. Le faire venir au stage lui a fait prendre conscience qu’il fallait faire attention à ce que tu mangeais, comment gérer ton physique etc. Il est arrivé à 21 ans et il se posait beaucoup de questions. Et quand je vois comment il est aujourd’hui, ce n’est plus le même. Et Arnaud Souquet (Nice), c’est la même chose. Il va te dire, j’ai bien fait de le faire, ça m’a permis de rebondir. Et tous les mecs qui viennent disent la même chose. Il n’y en a pas un qui va dire que c’était nul. On les met vraiment dans de bonnes conditions ». Dans la joie et la bonne humeur, l'UNFP accompagne ces joueurs vers un nouveau challenge. Plus qu'un club, l'UNFP est une véritable famille.

Calendrier et résultat de l'UNFP FC

1er juillet : Orléans (L2) 2 - 1 UNFP FC

5 juillet : Niort (L2) 2 - 1 UNFP FC

8 juillet : Clermont (L2) 1 - 1 UNFP FC

11 juillet : Amiens (L1) 0 - 1 UNFP FC

15 juillet : Troyes (L1) 0 - 1 UNFP FC

18 juillet : AS Nancy (L2) 2 - 2 UNFP FC

26 juillet : Grenoble (NAT) - UNFP FC

30 juillet : RC Strasbourg (L1) - UNFP FC

Ronald Zubar
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