Euro 2024 : ce qu’il faut savoir de l’Autriche

Par Victor Garlan
8 min.
Autriche Euro 2024 @Maxppp

Opposée à la France, la Pologne et les Pays-Bas, l’Autriche n’a pas l’intention de faire de la figuration dans le groupe D. Forts d’une campagne de qualification bouclée avec la manière, les Burschen auront des arguments à faire valoir en Allemagne. Analyse des forces en présence.

Le parcours de qualification et le groupe

L’Autriche peut-elle jouer les troubles-fêtes en Allemagne ? Au regard de l’incroyable dynamique affichée au cours des récents mois, la sélection autrichienne aura des arguments à faire valoir outre-Rhin. Depuis le 25 septembre 2022, date à laquelle elle s’était inclinée face à la Croatie dans le cadre de la Ligue des Nations, l’ÖFB n’a enregistré qu’une seule défaite et 2 nuls en 14 rencontres toutes compétitions confondues, soit un total de 11 victoires ! Lors de la campagne de qualification, l’Autriche s’est assurée avec brio une troisième participation d’affilée à la compétition continentale. Versés dans le groupe F, les Burschen, loin d’être considérés comme favoris, ont réussi à dompter des Suédois en convalescence par deux fois (2-0, 3-1) tout en tenant tête à la Belgique avant de perdre sur le fil lors de la phase aller (2-3). Avec un bilan plus qu’honorable de six succès en huit confrontations, les Autrichiens ont terminé sans encombre à la deuxième place de leur poule derrière les Diables Rouges et avec 9 unités d’avance sur les Blågult. Au cours de la trêve internationale de mars, les hommes de Ralf Rangnick ont envoyé un signal fort à la concurrence en dominant la Slovaquie (2-0) puis en terrassant la Turquie sur le score fleuve de 6 buts à 1, et ce, quelques mois après être venu à bout d’une équipe d’Allemagne fraîchement reprise par Julian Nagelsmann et encore en période de rodage (2-0) fin 2023. Opposée à la Serbie puis à la Suisse en amical début juin, l’Autriche entendra gonfler son capital confiance avant de poser ses valises chez le voisin allemand. Opposée à la France, la Pologne et les Pays-Bas, l’Autriche n’a donc pas l’intention de faire de la figuration dans le groupe D.

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Les qualités et faiblesses

Absente des débats pendant des décennies, l’Autriche dispose néanmoins d’une faible expérience dans la compétition. C’est bien simple, dans son histoire récente, elle n’a participé qu’à trois reprises au tournoi européen. Qualifiée d’office en tant que pays organisateur en 2008, la sélection autrichienne était passée totalement au travers de sa compétition, comptabilisant deux défaites pour un nul. Bis repetita en 2016 avec un bilan identique. En 2020, elle a fait preuve de résilience en s’extirpant à la deuxième place de son groupe avant de prendre la porte en huitième de finale, battue par le futur vainqueur aux prolongations, l’Italie (2-1). Si l’ÖFB tentera de faire déjouer les pronostics en Allemagne dans l’optique de renouer avec la gloire passée de sa Wunderteam des années 1930, elle devra cependant composer avec l’absence de plusieurs tauliers. Longtemps considéré comme la star de l’équipe d’Autriche avec ses 105 sélections au compteur (pour 15 buts depuis ses débuts en 2009), David Alaba va devoir tirer un trait sur l’Euro 2024. Victime d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche lors d’un match du Real Madrid face à Villarreal le 17 décembre 2023, le défenseur de 31 ans a vu sa saison s’arrêter nette.

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Eloigné des pelouses pendant de longs mois, le Madrilène semble encore trop juste physiquement pour postuler à une place dans le groupe de Ralf Rangnick. Même son de cloche en ce qui concerne Sasa Kalajdzic et Xaver Schlager, tous deux d’ores et déjà forfait pour le tournoi. Dernièrement, l’ÖFB a enregistré un énième coup dur en apprenant la blessure de son gardien numéro 1 et habituel dernier rempart du RB Salzbourg, Alexander Schlager, passé sur le billard en début de semaine dernière et qui ne rejouera pas avant plusieurs mois. Loin d’être épargnée par les pépins physiques à répétition, l’Autriche regorge de jeunes talents qui se sont imposés au plus haut niveau à l’image de Christoph Baumgartner, auteur d’une bonne saison avec le RB Leipzig au même titre que son partenaire en club Nicolas Seiwald, pur produit de l’industrie Red Bull et révélé sous les couleurs de Salzbourg. Connu du grand public allemand, Konrad Laimer (Bayern Munich), Michael Gregoritsch (Fribourg), Romano Schmid (Werder Brême) sans oublier Maximilian Wöber (M’Gladbach) auront à cœur de briller sur un sol qu’ils connaisse sur le bout des doigts.

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Le sélectionneur : Ralf Rangnick

Pour le natif de Backnang, le constat est sans appel. Depuis qu’il a repris les rênes de l’équipe nationale autrichienne en lieu et place de Franco Fonda le 29 avril 2022, l’ÖFB est quasiment imbattable comme nous avons pu le mentionner au préalable. Grand artisan de l’ascension du RB Leipzig en Allemagne au cours de la dernière décennie, le technicien de 65 ans est considéré comme le mentor des plus grands techniciens allemands à l’instar de Jürgen Klopp ou encore Thomas Tuchel. Dans les différents rôles qu’il a pu exercer par le passé, que ce soit en tant que directeur sportif ou coach, Ralf Rangnick a toujours été en mesure d’imposer sa patte. Véritable homme de projet qui sait faire progresser ses équipes, le tacticien allemand est également associé au Gegenpressing, un style de jeu intense fait d’un pressing constant ayant pour but de déjouer la relance adverse afin de mieux la contrer. Un concept de jeu qu’il a immédiatement appliqué en équipe nationale. Fort d’une solide réputation sur le vieux continent, l’ancien manager de Manchester United s’est récemment vu offrir l’opportunité de succéder à Thomas Tuchel par le Bayern Munich, en quête d’un nouvel entraîneur après avoir essuyé le refus de Xabi Alonso quelques semaines auparavant. Un temps intéressé par le poste et proche d’un accord avec le Rekordmeister, le principal intéressé a finalement décliné l’invitation bavaroise, justifiant vouloir «se concentrer entièrement sur le Championnat d’Europe». Une aubaine pour les Autrichiens !

La star : Marcel Sabitzer

Un adversaire à ne pas prendre à la légère. Révélé sous les couleurs du RB Leipzig, l’international autrichien s’est quelque peu perdu en route en signant au Bayern Munich. Disposant d’un temps de jeu réduit et barré par la concurrence au milieu de terrain, le natif de Wels pensait se relancer outre-Manche en rejoignant les rangs de Manchester United. Là encore, le joueur de 30 ans a éprouvé des difficultés à s’imposer. En situation d’échec, Marcel Sabitzer a osé le pari Dortmund. Et après s’être montré discret en début de saison, l’Autrichien a retrouvé progressivement des couleurs au point d’être devenu aujourd’hui un titulaire en puissance chez les Marsupiaux. Auteur d’une deuxième saison époustouflante, l’ex-milieu de terrain de Leipzig a guidé les siens vers les demi-finales de la Ligue des Champions en martyrisant quasiment à lui seul la défense de l’Atlético de Madrid au Civitas Metropolitano. Face aux Parisiens, l’homme aux 78 sélections avec les Burschen n’a certes pas trouvé le chemin des filets, mais a fait étalage de ses qualités à la construction en gardant une certaine maîtrise tout en empêchant ses adversaires de progresser et d’accélérer. Si son équipe a connu une fortune diverse sur la scène nationale, il tutoie désormais le rêve d’accrocher la première Ligue des Champions de sa carrière avec le BvB. Indéboulonnable en club, le numéro 20 des Borussen l’est également en sélection dans la mesure où il est l’un des joueurs les plus utilisés par Ralf Rangnick depuis son intronisation. Fort d’une belle expérience du haut niveau et d’une confiance retrouvée, le natif de Wels sera assurément considéré comme l’atout offensif numéro 1 de son équipe.

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L’attraction : Kevin Danso

David Alaba forfait pour l’Euro 2024 ? Pas de panique, l’Autriche dispose d’un plan B en la personne de Kévin Danso. C’est en tout cas la lourde tâche à laquelle devra s’acquitter le défenseur de 25 ans, appelé à assurer la relève du Madrilène. Bien qu’il ne compte aujourd’hui que 18 apparitions avec les Rot-Weiss-Rot, le natif de Voitsberg a démontré qu’il était une référence à son poste au regard de son parcours en France. Arrivé dans l’Artois à l’été 2021 après des piges successives à Augsbourg, Southampton et au Fortuna Düsseldorf, Kévin Danso s’est rapidement imposé au cœur de la défense lensoise aux côtés de Jonathan Gradit et Facundo Medina. Auteur d’une saison 2022-2023 remarquable avec le club nordiste, qui disposait à l’époque de la meilleure défense de Ligue 1, l’Autrichien a pris une dimension supplémentaire. Courtisé par la suite par les cadors européens tels que le Bayern Munich et Naples, le joueur de 25 ans a finalement prolongé l’aventure à Lens, animé par la volonté de découvrir la Ligue des Champions avec les Sang et Or. Malgré un exercice 2023-2024 plus délicate à l’image des performances irrégulières de sa formation, Kevin Danso n’en demeure pas moins fiable. Fort dans les duels, bon de la tête et adroit dans la relance, le Lensois sera à coup sûr le taulier de la défense des Burschen aux côtés de Maximilian Wöber, son partenaire en charnière centrale.

Le calendrier de l’Autriche

  • Autriche - France : lundi 17 juin à 21h au Merkur Spiel-Arena de Düsseldorf

  • Pologne - Autriche : vendredi 21 juin à 18h à l’Olympiastadion de Berlin

  • Pays-Bas - Autriche : mercredi 25 juin à 18h à l’Olympiastadion de Berlin

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La liste de 29 joueurs :

Gardiens : Niklas Hedl (Rapid Vienne), Tobias Lawal (LASK), Heinz Lindner (Union Saint-Gilloise) et Patrick Pentz (Brondby)

Défenseurs : Flavius Daniliuc (RB Salzbourg), Kevin Danso (RC Lens), Stefan Lainer (Borussia Mönchengladbach), Philipp Lienhart (Fribourg), Phillipp Mwene (Mayence), Stefan Posch (Bologne), Leopold Querfeld (Rapid Vienne), Gernot Trauner (Feyenoord) et Maximilian Wöber (Borussia Mönchengladbach)

Milieux : Thierno Ballo (Wolfsberger), Christoph Baumgartner (RB Leipzig), Florian Grillitsch (Hoffenheim), Marco Grüll (Rapid Vienne), Florian Kainz (Cologne), Konrad Laimer (Bayern Munich), Alexander Prass (Sturm Graz), Marcel Sabitzer (Borussia Dortmund), Romano Schmid (Werder Brême), Matthias Seidl (Rapid Vienne), Nicolas Seiwald (RB Leipzig) et Patrick Wimmer (Wolfsbourg)

Attaquants : Marko Arnautovic (Inter Milan), Maximilian Entrup (Hartberg), Michael Gregoritsch (Fribourg) et Andreas Weimann (West Bromwich Albion)

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