Le jour où Benfica a frôlé le pire avec John Textor…
Pointé du doigt par les supporters de l’OL, l’homme d’affaires américain vit un calvaire en France depuis qu’il a racheté le club rhodanien. Et du côté de Lisbonne, on se dit que Benfica a peut-être évité le pire en stoppant les négociations avec Textor au début de l’année 2022.
Hier, l’OL a beau s’être enfoncé au classement après avoir perdu à domicile contre Clermont (1-2), John Textor refuse toujours d’accepter publiquement que son Olympique Lyonnais joue le maintien en Ligue 1. Malgré le début de saison catastrophique des Gones (0 victoire et 3 points pris en 9 matches), l’Américain assure que son club regarde vers le haut. Quelques jours avant lui, le président exécutif Santiago Cucci assurait également que l’OL ne se trouvait pas dans une situation précaire.
Aujourd’hui, force est de constater que ces discours n’ont plus de prise sur les fans de l’OL. Certains craignent même de revivre le feuilleton Bordeaux-GACP à la sauce lyonnaise (les Girondins sont passés au bord du dépôt de bilan avant de sombrer en Ligue 2). En attendant de voir comment se terminera cette saison 2023/2024 très inquiétante à Lyon, il y a des supporters qui doivent se dire que leur club de coeur a bien fait de ne pas être entré dans la galaxie Eagle. Durant l’été 2021, John Textor aurait pu en effet racheter 25% des parts de Benfica, l’illustre club portugais. Un processus qui a fait scandale.
Une opération suspecte
À l’époque, l’Américain négociait en toute discrétion avec l’ancien président des Aguias Luis Filipe Vieira et José Antonio dos Santos, le plus grand actionnaire individuel du SLB, surnommé le « roi des poulets ». Un accord avait même été trouvé pour la vente d’un total de 5.750.000 actions ordinaires, nominatives et inscrites en compte, représentant 25% du capital social de Benfica SAD. Une vente bouclée en échange d’un montant de 50 M€. Et puis, encore une fois, le processus de vente ne s’est pas passé comme prévu. Vieira, Textor et dos Santos avaient bien signé une promesse d’achat et de vente. Or cette transaction n’a pas été déclarée à la Commission du Marché des Valeurs Mobilières (CMVM). Une infraction très grave. Benfica étant coté en bourse, le club se doit de publier sur la CMVM toutes ses opérations, comme les transferts de joueurs par exemple. De plus, Textor n’avait pas versé les 50 M€ promis, mais seulement… 1 M€.
Les parties prenantes avaient alors convenu de repousser la vente au mois de décembre 2021. Mais elle n’a finalement jamais eu lieu. En plus du financement compliqué de Textor, cette transaction a en effet participé à la chute de Luis Filipe Vieira dans le cadre de l’affaire « carton rouge », car le ministère public s’est saisi de l’affaire. La raison ? La vente de ses 25 % à Textor contre 50 M€ aurait permis à Vieira et à dos Santos (détenteurs de 20% des 25%) de réaliser une plus-value de plus de 30 millions d’euros, par rapport aux 20 millions d’euros qu’ils avaient payé pour acheter ces parts. De plus, il s’agirait visiblement d’une compensation de Vieira à son ami qui, pendant plusieurs années, a servi de prête-nom dans des transactions où Luis Filipe Vieira ne pouvait pas être nommé. Arrêté par la police portugaise le 7 juillet 2021, Luis Filipe Vieira a dû démissionner, après 18 ans passés à la tête de Benfica, un record, avant d’être remplacé par Rui Costa.
Benfica a tout stoppé, le financement proposé par Textor (encore) pointé du doigt
L’ancien dirigeant était visé par une enquête pour abus de confiance, escroquerie aggravée, falsification, fraude fiscale et blanchiment d’argent. Toujours en juillet, la direction du SLB annonçait à Textor que les négociations ne portaient désormais plus sur l’achat de 25% des parts du club, mais sur 16%. Finalement, le 31 janvier 2022, le SLB annonçait la fin des négociations avec Textor. « Sport Lisboa e Benfica - Futebol, SAD ("Benfica SAD") informe qu’elle a appris que son actionnaire Sport Lisboa e Benfica, détenteur d’actions représentant son capital social de catégorie A, a informé aujourd’hui M. John Textor qu’elle n’a pas l’intention de poursuivre les contacts informels que Sport Lisboa e Benfica et M. John Textor ont entretenus après l’acte électoral tenu en 2021, car elle estime qu’ils ne sont pas opportuns en ce moment. Pour Sport Lisboa e Benfica, ces contacts visaient essentiellement à mieux comprendre l’intérêt de M. John Textor pour Benfica SAD et ne visaient pas une opération ou un projet spécifique ».
Plusieurs mois plus tard, alors que Textor était en négociations pour racheter l’Olympique Lyonnais, le journal portugais Record en remettait une couche en assurant que John Textor avait bien cherché à s’offrir Benfica et le Sporting CP, mais que ces opérations avaient échoué en partie à cause du financement proposé par l’Américain. Ce à quoi le nouveau boss des Gones avait répondu sur X : «malheureusement, Record n’a pas demandé de confirmation. L’histoire est substantiellement fausse. J’ai proposé une solution de 150 millions d’euros pour acheter des droits majoritaires auprès des banques, éviter une perte par les banques, rendre le contrôle majoritaire au club. Avec l’élection imminente (l’élection présidentielle du SLB qui a couronné Rui Costa, ndlr), le club ne voulait pas de réunion.» Et aujourd’hui, difficile de donner tort aux Aguias.
En savoir plus sur