Monument du football grec, l'Olympiacos ne cesse de s'accaparer les titres de champions. Pourtant la saison dernière, c'est l'AEK Athènes qui a remporté cette précieuse récompense. De leur côté, les Erythrólefkoi ont vécu une saison galère entre problèmes internes, magouilles, violences et échecs sportifs. Désormais, le club du Pirée s'apprête à démarrer une mission reconquête qui s'annonce moins évidente que prévu.
Avec 19 titres de champions sur les 22 dernières années, difficile de ne pas remarquer l'hégémonie de l'Olympiacos sur le football grec. Régulièrement européenne et disposant régulièrement d'un effectif solide, cette formation domine de la tête et des épaules le football local. Pour autant, la concurrence a les dents longues à l'image du Panathinaikos, de l'AEK Athènes et du PAOK Salonique. Un quatuor qui a eu des allures de trio la saison dernière. En proie à d'importants problèmes financiers, le Panathinaikos s'est retrouvé mêlé à la lutte pour le maintien suite à différentes sanctions extra-sportives et financières qui lui ont fait perdre 8 points. Les trois autres géants du football grec n'ont pas été épargnés pour autant.
Le PAOK Salonique tout comme l'Olympiacos ont reçu trois points de pénalité pour des faits de violences en tribune. Des mésaventures qui permettaient à l'AEK Athènes de s'adjuger le titre au grand dam des rouges et blancs pour qui l'exercice 2017-2018 a été très long. Pourtant, le club grec misait beaucoup sur cette saison en nommant l'Albanais Besnik Hasi comme entraîneur le 9 juin 2017. Habitué aux matches de qualification européenne avec Anderlecht et le Legia Varsovie, le natif de Gjakova (Kosovo) avait pour mission de qualifier sa nouvelle équipe pour la phase de poules de la Ligue des Champions. Une entreprise rondement menée avec un ultime succès contre le HNK Rijeka (Croatie).
La valse des entraîneurs
Néanmoins, cela ne suffisait pas et après plusieurs défaites, il était démis de ses fonctions le 25 septembre 2017 après moins de quatre mois de coaching. Son jeu défensif et les relations tendues qu'il entretenait avec le groupe ont également pesé dans la balance. Dans la foulée, Panagiotis Lemonis prenait la suite. Un choix loin d'être surprenant puisqu'il avait déjà réalisé trois passages sur le banc de l'Olympiacos. L'alchimie était parfaite puisqu'il permettait à son équipe de passer de la cinquième place du championnat à la première juste avant la trêve hivernale. Loin d'être suffisant pour autant par rapport aux fortes exigences des dirigeants. Son manque de poigne et sa gestion du vestiaire étaient aussi pointés du doigt. Christos Kontis se chargeait de l'intérim pendant quatre jours avant qu'Oscar Garcia soit nommé.
Le technicien espagnol de 45 ans, qui avait démissionné de l'AS Saint-Étienne quelques semaines plus tôt, s'installait le 8 janvier. Là, l'ancien coach du Red Bull Salzbourg vivait un véritable calvaire. Sportivement, il connaissait une certaine réussite où il conservait la tête du championnat avec l'AEK et le PAOK. Néanmoins, tout a basculé suite à un match contre ces derniers. Dans cette rencontre, Oscar Garcia a reçu un rouleau de papier toilette sur la tête avant l'entame des débats et a été transporté à l'hôpital. Le match n'a pas eu lieu et l'Olympiacos l'a emporté 3-0 sur tapis vert. Mais cet acte a mis en exergue les maux du football grec et n'a pas permis à son équipe de se souder, bien au contraire. Les cadres qui n'ont jamais assimilé ses méthodes de travail se sont peu à peu braqués et le technicien a dû se résoudre à démissionner.
Non sans déchirement il faisait part de sa décision : «j’ai décidé, avec l’accord du club, de mettre un terme à notre coopération, pour donner plus de temps au club pour préparer sereinement la saison prochaine. Je tiens à remercier le président de m’avoir donné l’opportunité de travailler avec la meilleure équipe en Grèce et tous les employés, les joueurs et les fans de l’équipe, pour l’amour et le respect qu’ils m’ont montrés dès le premier jour, ainsi que mon staff. Je leur souhaite du succès dans la saison à venir.» L'Olympiacos terminait troisième et abandonnait son titre de champion. Un échec sportif pour le club du Pirée auquel se sont additionnés de nombreux excès de violence en tribune et une rébellion en interne.
Problèmes internes et magouilles
Le président Evangelos Marinakis n'a pas hésité à élever la voix et décidait de sanctionner plusieurs cadres d'une amende de 400 000 euros et d'une interdiction de se rendre au club pendant plusieurs jours. Il assumait pleinement son choix : «je vais rebâtir l’Olympiacos de fond en comble et il deviendra l’équipe dont nous rêvons. Moi et le reste des supporters vous avons assez tolérés. Vous partez aujourd’hui et vous allez en vacances.» Il a aussi ajouté : «vous pensez davantage à vos belles maisons et à vos voitures et vous n'en avez rien à faire de l'équipe !» Passablement énervé par le comportement de certains joueurs - majoritairement étrangers - il décidait de repartir sur un nouveau cycle qui mettait en avant les joueurs locaux.
Cette saison n'a pas été des plus calmes pour Evangelos Marinakis. Le sulfureux homme d'affaires qui a fait fortune dans le transport maritime et qui dispose d'un siège au conseil municipal du Pirée a encore une fois été dans le viseur de la justice. Régulièrement accusé pour conflit d'intérêts, il se retrouvait empêtré dans une affaire de matches arrangés en novembre 2017. Nommé ainsi que 27 autres personnalités du football grec dans ce scandale, il était soupçonné d'avoir orchestré des matches truqués en 2015. Une affaire qui a fait grand bruit sur les terres hellènes, mais qui n'a pas empêché Evangelos Marinakis de prévoir le futur de l'Olympiacos.
Un retour aux sources
Fortement déçu par l'investissement des joueurs étrangers de son équipe, le président du club grec a décidé de lancer un mercato qui privilégie les pépites locales. Ainsi, pas moins de 9 joueurs grecs sont arrivés : Giannis Mansouras (21 ans, AEL Larisa), Lazaros Christodoulopoulos (31 ans, AEK Athènes), Giannis Fetfatzidis (27 ans, Al-Ahli), Andreas Gianniotis (25 ans, Atromitos), Stefanos Evangelou (20 ans, Panathinaikos), Dimitrios Manos (23 ans, OFI Crète), Andreas Bouchalakis (25 ans, Nottingham Forest), Georgios Marinos (18 ans, Tripolis) et Vasílis Torosídis (33 ans, Bologne). Une large revue d'effectif à laquelle était rajoutée Miguel Angel Guerrero (27 ans, CD Leganés, Espagne), Roderick Miranda (27 ans, Wolverhampton, Portugal), Mady Camara (21 ans, Guinée), Daniel Podence (22 ans, Sporting CP, Portugal) et Yassine Meriah (25 ans, Tunisie).
Ces arrivées venaient compenser la perte de nombreux cadres jugés indésirables par la direction du club. Parmi les joueurs ciblés, le Belge Vadis Odjidja-Ofoe (29 ans) était envoyé à La Gantoise pour 2,2 millions d'euros. Son départ était suivi de ceux de Bruno Viana (23 ans, Braga), Sebà (26 ans, Dangdai Lifan), Konstantinos Laifis (25 ans, Standard Liège), Silvio Proto (35 ans, Lazio Rome), Alberto Botia (29 ans, Al-Hilal), Alaixys Romao (34 ans, Stade de Reims), Emmanuel Emenike (31 ans, Libre) ou encore Guillaume Gillet (34 ans, RC Lens). Un lifting de grande ampleur qui dresse le flou sur la compétitivité du club à court terme. Néanmoins, la forte expérience de l'Olympiacos pourrait primer et lui permettre de s'exprimer à minima sur la scène nationale. Éléments de réponses le 19 août prochain lors de la reprise du championnat.
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