Ligue 1

OM - OL : bus caillassé, Fabio Grosso ensanglanté, match reporté… la soirée de la honte !

Attendu par de nombreux observateurs, le choc entre l’Olympique de Marseille et l’Olympique Lyonnais comptant pour la 10e journée de Ligue 1 a finalement été reporté après de longues minutes plongées dans le flou. La faute à un bus rhodanien caillassé sur le chemin de l’Orange Vélodrome, entraînant de lourdes blessures pour Fabio Grosso et l’un de ses adjoints. Récit d’une nouvelle soirée honteuse pour le football français…

Par Josué Cassé
7 min.
Le match OM-OL   @Maxppp

Le dégoût est à la hauteur de la violence affichée et la Ligue 1 laisse dans son histoire une page bien triste après cette soirée du dimanche 29 octobre… Alors que l’Olympique de Marseille et l’Olympique Lyonnais devaient croiser le fer sur la pelouse de l’Orange Vélodrome, le chaos s’est rapidement répandu dans la cité phocéenne. Aux alentours de 19 heures, le bus lyonnais, pourtant escorté par deux camions de CRS, recevait une pluie de projectiles. Bouteilles de bière, pavés, fumigènes, une centaine de personnes cagoulées déversaient ainsi leur haine sur le véhicule rhodanien. Résultat ? Une vitre brisée mais surtout un choc. Celui de voir Fabio Grosso, l’entraîneur italien de 45 ans, sortir du car la tête ensanglantée alors que son adjoint, Raffaele Longo, était lui touché par plusieurs débris dans l’œil…

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12 points de suture pour Fabio Grosso, son adjoint également touché !

Rapidement pris en charge par le staff médical présent sur place, le coach des Gones, entaillé au-dessus de la paupière par ce jet d’une bouteille en verre, se voyait alors poser douze points de suture. Les images sont glaçantes et font rapidement le tour des différents sites d’informations. Dans le même temps, de nouvelles révélations voient le jour où l’on apprend notamment que trois bus de supporters de l’OL ont aussi été victimes d’agressions. Celui des Lyon 1950, qui ouvrait le cortège, aura à ce titre vu ses vitres explosées et plusieurs personnes blessées à l’intérieur. Des débordements choquants, impardonnables et une rencontre rapidement menacée. Vers 20h, certaines sources évoquent en ce sens que le match aura bien lieu malgré les graves incidents, quand d’autres annoncent déjà un possible report.

Un flou débouchant finalement sur de nouvelles échauffourées. Cette fois-ci dans l’enceinte même des Marseillais où les supporters lyonnais ont été autorisés à faire leur entrée. Dans le parcage réservé aux visiteurs, plusieurs individus tentent alors de s’approcher du Virage Nord en défiant les ultras de l’OM. Selon plusieurs supporters présents sur les lieux, des chants racistes, des saluts nazis et des cris de singes sont notamment lancés alors que certains frôlent le drame en escaladant les filets de sécurité. Des scènes surréalistes, relayées minute par minute sur les réseaux sociaux, symbolisant la violence de cette soirée. Dans ce contexte apocalyptique, les assistants des deux équipes placent, quant à eux, des plots et des ballons pour préparer l’échauffement. Pour autant, aucun joueur ne fait son apparition sur la pelouse et l’annulation de la rencontre est de plus en plus pressentie.

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Une réunion de crise officialise le report !

L’annonce officielle, donnée par le speaker, interviendra finalement vers 20h40, quelques minutes seulement après la tenue d’une réunion de crise avec les arbitres, les autorités et des représentants des deux clubs. Pouvait-il en être autrement au regard de la gravité des faits et de l’ambiance électrique régnant depuis plusieurs heures dans la cité phocéenne où certains fans marseillais chantaient déjà vers 18h45 «on va les tuer, on va les tuer», aux abords de la boutique officielle du club. Questionné dans la foulée par le diffuseur Prime Video, François Letexier, l’arbitre de cette rencontre, livrait les coulisses de cette décision. «A été entérinée la décision de l’OL de ne pas participer à la rencontre. Ils ont établi des certificats médicaux vis à vis des deux personnes du staff blessées qui ne pouvaient pas participer à la rencontre. Ils ont également indiqué que les joueurs étaient en état de choc et ne pouvaient pas participer à la rencontre. Lors des réunions de crise, des comptes-rendus sont établis donc tous les propos tenus par toutes les parties prenantes des clubs ont été retranscrits. La position de l’OL était clairement de ne pas participer à la rencontre».

Interrogé à son tour sur Prime Video, John Textor, le propriétaire lyonnais, se fend, de son côté, d’un discours bien différent, assurant dans un premier temps que son équipe voulait disputer la rencontre, tout en donnant des nouvelles peu rassurantes de Fabio Grosso. Une version également démentie par la Ligue de Football Professionnel indiquant, par le biais d’un communiqué publié vers 21h, que l’OL avait demandé à ne pas jouer ce match. De retour face aux journalistes, en zone mixte, le dirigeant lyonnais nuançait alors quelque peu ses propos. «Nous avons demandé à jouer. On m’a dit que l’arbitre voulait traiter cette affaire comme si elle s’était passée à l’intérieur du stade et qu’il voulait que l’entraîneur soit évalué médicalement pour déterminer si nous avions un entraîneur et une équipe pour jouer. C’est à ce moment-là que l’opinion des joueurs a commencé à changer. L’entraîneur n’était pas en bonne santé dans le vestiaire, son rétablissement était lent. Quelques capitaines m’ont pris à part et ont pris une bonne décision. Ils m’ont dit: 'nous nous sommes préparés pour ce match, mais si nous rentrons sur le terrain nous allons jouer avec de la colère, et ce n’est pas comme cela que le football doit être joué'. Les deux sont vrais. Nous voulions jouer, mais il est vite apparu qu’il ne fallait pas jouer», lançait l’intéressé.

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L’imbroglio Textor, Longoria fou de rage, plaintes à venir !

Si la consternation est totale, l’OM, qui ne devrait à priori pas être sanctionné sportivement, ne tarde pas non plus à réagir par la voix de son président, Pablo Longoria. En zone mixte, le président espagnol a laissé éclater sa colère. «Ce sont des circonstances qui sont tout simplement inadmissibles. Tout d’abord, mes premières pensées vont à Fabio Grosso qui est un entraîneur que je respecte et que je connais depuis longtemps. Qu’un groupe d’inconscients gâchent une fête de football, c’est inadmissible, avec 65 000 supporters, c’est complètement inadmissible. Je suis en colère, je suis énervé de cette situation même si c’est en dehors du stade, même si c’est sur la voie publique, ça n’a pas sa place dans le football ni dans la société actuelle, on ne peut pas accepter ça, nous, nous nous sommes pliés à la décision de la Ligue dès les premiers instants car ce qui arrive, c’est très grave. On ne peut pas accepter ce type de situation». Dans le même temps, la Préfecture de police des Bouches-du-Rhône annonce, de son côté, que sept personnes ont été interpellées en marge des incidents dont deux individus concernés par l’attaque du bus. Une soirée qui dépasse alors rapidement les frontières du football.

Après la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra - exigeant de sévères sanctions contre les auteurs de ces agressions - le président de la Métropole du grand Lyon, Bruno Bernard - dénonçant «une attaque de hooligans marseillais» et demandant que ces individus soient «bannis du football» - l’homme politique d’extrême-droite, Eric Zemmour, livrait aussi son sentiment sur les débordements en cours. De leurs côtés, l’OM et l’OL publient, tour à tour, un communiqué pour annoncer qu’une plainte allait être déposée après ces graves incidents. Le club marseillais précisant, par ailleurs, qu’il souhaitait «un prompt rétablissement à Grosso» et qu’il se tenait «à la disposition de la Ligue afin que se déroule dans les meilleurs délais et conditions possibles au Stade Orange Vélodrome la rencontre qui était prévue ce dimanche 29 octobre.» Confinés dans l’enceinte marseillaise, les joueurs lyonnais patientent, quant à eux, attendant que la tension baisse et que leur car soit réparé. L’occasion également pour eux, accompagnés du staff et de leur entraîneur, de venir saluer leurs supporters restés dans le parcage visiteurs. Pour autant, malgré un carton scotché sur la vitre brisée, la sécurité ne peut être assurée avec le car officiel des Rhodaniens et ces derniers finissent par quitter l’Orange Vélodrome, peu avant 23h, grâce à un véhicule de substitution. La fin d’une soirée cauchemardesque, marquée par le chaos, la haine, la violence mais surtout le dégoût…

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