UEFA Nations League

L’Espagne se prend la problématique des binationaux en pleine face

Comme d’autres grands pays européens, la sélection espagnole est de plus en plus confrontée à la problématique.

Par Max Franco Sanchez
4 min.
Dean Huijsen @Maxppp

C’est une problématique qui est bien connue en France, en Angleterre, en Allemagne ou aux Pays-Bas, mais qui hors quelques cas par ci par là, épargnait plutôt l’Espagne. Il y a eu quelques cas comme les hispano-brésiliens Thiago Alcantara, Marcos Senna ou Diego Costa, ainsi que les Français naturalisés espagnols comme Aymeric Laporte puis Robin Le Normand, mais le pays ibérique n’a jamais vraiment dû batailler avec un autre pays pour pouvoir s’assurer les services d’un joueur. Il s’agissait principalement de joueurs nés à l’étranger qui ont pu obtenir la nationalité espagnole après avoir passé un certain moment dans le pays, et non de joueurs nés en Espagne, nés Espagnols, mais avec une deuxième nationalité principalement due à l’origine de leurs parents. Munir El-Haddadi, qui a choisi l’Espagne avant de changer pour le Maroc quelques années plus tard, fait partie des rares deuxièmes cas de figure qu’on retrouve dans cette deuxième catégorie.

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Ces derniers temps, la Fédération Espagnole a cependant dû faire face à ce problème à de nombreuses reprises. La Roja a ainsi dû batailler avec le Maroc pour sécuriser la présence de Lamine Yamal dans ses rangs, et ce fut dur au vu des pressions mises par les autorités marocaines dans ce dossier. Si le Barcelonais a finalement décidé de représenter la Roja, le Maroc a battu la nation sud-européenne pour le Madrilène Brahim Diaz, qui a décidé de représenter le pays de son père, tout comme l’avait fai Achraf Hakimi il y a quelques années. Des échecs, il y en a d’ailleurs eu d’autres récemment, à l’image de Nico Paz et d’Alejandro Garnacho, qui ont choisi l’Argentine.

Une nouvelle réalité démographique

Dans le même temps, l’Espagne a aussi "recruté" Nico Williams, qui aurait pu jouer pour le Ghana comme son frère Iñaki, ainsi que Samu Omorodion, qui aurait pu défendre les couleurs du Nigéria. Nos voisins ont aussi sécurisé Christian Mosquera, le défenseur hispano-colombien de Valence, ainsi que Mateo Joseph, la pépite de Leeds convoitée par l’Angleterre. Ces derniers jours, deux nouveaux cas ont fait l’actualité outre-Pyrénées : Dean Hujisen (Bournemouth) et Assane Diao (Côme). Le premier, défenseur central d’origine néerlandaise qui a grandi en Espagne, a fait le choix de la Roja, et vient d’être appelé par le sélectionneur Luis de la Fuente. De son côté, l’ailier né au Sénégal mais arrivé en Espagne à l’âge de trois ans a décidé de jouer pour le pays africain, et vient d’être sélectionné pour cette trêve internationale.

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Il faut dire que les vagues migratoires en direction de l’Espagne sont plutôt récentes et plus tardives que le reste des nations européennes. Des millions de Marocains, de Sud-Américains et d’Européens de l’Est se sont ainsi installés dans le pays de Cervantes depuis les années 90 afin d’y trouver un meilleur avenir, et forcément, leur descendance a le choix entre leur pays d’origine et leur pays de naissance. Il faut aussi ajouter le phénomène récent des populations du nord de l’Europe qui se sont installées en Espagne pour des raisons de qualité de vie, ce qui fait que d’ici une dizaine d’années, l’Espagne risque aussi de devoir lutter avec l’Angleterre ou l’Allemagne pour ses joueurs ; avec deux pays qui cumulent près de 500.000 ressortissants en terres ibériques.

L’Espagne ne force pas

Quoi qu’il en soit, et bien que consciente que les cas vont se multiplier à l’avenir, l’Espagne ne force pas. Les décideurs de la Fédération Espagnole, un peu comme la France, n’entendent pas adopter de stratagèmes agressifs pour convaincre les joueurs qui sont entre deux pays. Dans le cas de Lamine Yamal par exemple, si le Maroc avait sorti l’artillerie lourde et envoyé Walid Regragui et des membres du gouvernement convaincre le joueur, l’Espagne s’est contenté d’une discussion d’Albert Luque, alors directeur sportif de la Fédération, avec les parents du joueur pour leur faire savoir qu’il avait déjà sa place en A s’il choisissait l’Espagne. La Fédération n’a aucune intention de s’agenouiller devant un joueur et, pour l’instant, c’est une stratégie qui porte plutôt ses fruits.

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« Il y a de plus en plus de cas de joueurs avec deux nationalités et ce sont eux qui choisissent où ils veulent être. Ce sont des situations naturelles, il ne faut pas trop réfléchir. Ce que nous célébrons, c’est que 85 % des joueurs qui sont dans cette situation choisissent de jouer pour l’Espagne », résumait récemment Santi Denia, coach des Espoirs espagnols. La tendance pourrait-elle s’inverser prochainement ? Force est de constater qu’avec l’incroyable vivier espagnol et des places qui vont être de plus en plus chères chez les A, certains binationaux risquent simplement de ne pas avoir d’autre choix que de choisir leur pays d’origine…

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