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Cesc Fabregas : « s’il continue, Gavi peut faire de très grandes choses»

À 35 ans, Cesc Fabregas arrive au crépuscule d'une immense carrière qui l'a mené d'Arsenal, au FC Barcelone en passant par Chelsea, et l'AS Monaco. Aujourd'hui à Côme en Serie B où il fait partie des actionnaires, l'ancien champion du monde 2010 et double vainqueur de l'Euro avec l'Espagne (2008,2012) s'est confié à Foot Mercato. Au programme, ses envies de devenir entraîneur, son avis sur Aurélien Tchouaméni, quelques confidences sur son ami Lionel Messi, un retour sur la rumeur Miami liant les deux hommes et pour terminer son ressenti sur l'équipe d'Espagne et de la France en Coupe du Monde. Interview passionnante avec un homme aussi attachant que disponible...

Par Sebastien Denis
8 min.
Cesc Fabregas en plein encouragement avec l'AS Monaco @Maxppp

Foot Mercato : Cesc, après Arsenal, le Barca, Chelsea, Monaco, vous découvrez un nouveau championnat et une nouvelle culture. Pourquoi avoir choisi le Como Calcio, en Serie B italienne ?

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Cesc Fabregas : le projet du Como Calcio est très intéressant, car il y a beaucoup de choses à développer et à réaliser ici et c’est précisément pour cette raison que j’ai décidé d’entrer dans l’actionnariat de ce club. Je reste avant tout un joueur, mais je m’investis
beaucoup auprès des jeunes, notamment de l’équipe réserve, et je prends beaucoup de plaisir dans ce domaine également. Concernant la compétition, nous avons eu un début de saison compliqué, notamment avec le départ de notre entraîneur pour des raisons de santé, mais depuis l’arrivée de Moreno (Longo), les choses s’améliorent petit à petit. Evidemment qu’il n’est pas évident de se battre pour le maintien et d’être dans une situation inconfortable depuis le début de saison au classement, mais je suis venu pour aider sur le long terme. De nombreuses choses sont en train de se mettre en place pour améliorer le club à tous les niveaux. Il y a un projet de nouveau stade, mais un également un nouveau centre d’entraînement qui vient d’être livré. L’un des objectifs est de se doter d’infrastructures qui nous permettront de revenir en Serie A, si possible d’ici trois ans, mais aussi d’y rester.

FM : vous découvrez donc un nouveau centre d’entraînement à Côme après avoir fréquenté le nouveau centre de Performance de l’AS Monaco. Vous avez importé quelques idées de La Turbie ?

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CF : tout ce que j’ai vu au cours de ma carrière, aussi bien sur le terrain qu’en dehors, est une source d’inspiration. À mon arrivée à Monaco, le projet du nouveau Centre venait d’être lancé et il a été intéressant d’assister à la construction du complexe au fur et à mesure, jusqu’à ce que l’on entre à l’intérieur de celui-ci, au début de la saison dernière. Le club s’est aussi doté d’un nouveau bâtiment pour le centre formation. On voit qu’ils ont fait de gros efforts pour continuer à bien former et permettre à leurs joueurs, notamment les plus jeunes, de progresser et de performer au plus haut niveau. En ce sens, nous devons assurément nous inspirer de ce modèle à Côme pour favoriser l’émergence de nos jeunes talents.

«Cela me donne chaque jour un peu plus la conviction que je pourrai m’épanouir un jour dans le rôle d’entraîneur»

FM : en vous écoutant, on a l’impression que vous accordez beaucoup d’importance à la transmission aux plus jeunes et que vous commencez à voir le football avec les yeux d’un entraîneur…

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CF : je me sens avant tout comme un joueur, mais transmettre est devenu un aspect très important pour moi. J’ai côtoyé beaucoup de grands joueurs et reçu de nombreux conseils quand je faisais mes premiers pas à Arsenal… J’ai la chance d’avoir emmagasiné beaucoup d’expérience dans les clubs par lesquels je suis passé et forcément, on a envie de partager quand on est au contact des plus jeunes et que les années passent ! À défaut d’avoir pu aider autant que je le souhaitais l’AS Monaco sur le terrain, je suis content d’avoir pu conseiller, pousser les nombreux jeunes talents que j’ai pu croiser là-bas et qui aujourd’hui s’affirment au plus haut niveau. J’ai pris du plaisir et je continue de le faire aujourd’hui en Italie. C’est vrai que cela me donne chaque jour un peu plus la conviction que je pourrai m’épanouir un jour dans le rôle d’entraîneur…

FM : votre rôle de grand frère a été salué par de nombreux joueurs, à commencer par Aurélien Tchouameni. Racontez-nous comment vous avez perçu son évolution ?

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CF : avec Aurélien on a beaucoup parlé, beaucoup échanger, y compris lorsqu’il découvrait l’équipe de France. Il m’a demandé beaucoup de conseils de par mon expérience et mon vécu dans des clubs comme Arsenal, Chelsea, Barcelone... J’étais très heureux de lui faire partager cela. J’ai rapidement vu qu’il n’était pas un joueur comme les autres. La première fois que je l’ai vu, c’était lors d’un match de championnat face à Bordeaux avec Monaco. J’étais sur le banc et j’avais été impressionné par sa performance. On avait été battu et je me souviens avoir demandé à l’un de nos adjoints, « mais qui est ce milieu de terrain à Bordeaux ? ». Lorsqu’il est arrivé chez nous, il a eu une petite phase d’adaptation puis n’a fait que progresser et confirmer tout le bien que je pensais de lui.

«C'est vrai que j'ai parlé d'Aurélien Tchouameni au Barça...»

FM : est-ce vrai que vous avez soufflé son nom au Barça ? Pensez-vous qu'il a fait le bon choix en rejoignant le Real Madrid et le sentez-vous capable d’être acteur majeur du Mondial au Qatar ?

CF : oui, c’est vrai que j’ai parlé d’Aurel au Barça. Ils voulaient commencer à préparer la succession de Sergio Busquets et c’était pour moi le joueur parfait. Mais c’était à un moment où le Barça manquait d’argent et je crois qu’ils n’avaient pas pu offrir plus de 40 M€. Il a signé depuis au Real pour 100 M€, il y est titulaire et est devenu indispensable à l’Equipe de France. Pour moi, Aurélien n’a pas de limite !

FM : parlons un peu de votre ami Lionel Messi. Après une saison moyenne en L1, on voit le vrai Lionel Messi du Barça. Qu'est-ce qui a changé selon vous par rapport à l'année dernière ?

CF : avant sa venue à Paris, Lionel n’avait connu qu’un seul et unique club. Il a toujours été très attaché à Barcelone, au Barça, et toute sa famille a dû quitter son cocon du jour au lendemain alors qu’il y était très heureux, que ses enfants y étaient scolarisés et qu’il avait prévu d’y terminer sa carrière ! Vous savez, nous sommes des joueurs de football professionnel, mais aussi des êtres humains et il n’est pas toujours facile de tout gérer au mieux. Lui et sa famille ont découvert un nouvel environnement, un nouveau pays, un nouveau championnat et on se rend compte maintenant dans ses performances que Lionel est très heureux à Paris. Cela se ressent sur le terrain où l’on retrouve le vrai Messi. Pour son avenir au PSG ? Je ne sais pas, on ne parle pas de ça ensemble cela reste quelque chose de très personnel.

FM : il y a surtout une rumeur qui l’envoie à Miami avec David Beckham, un projet dont vous feriez partie…

CF : (rires). Oui j’ai vu passer cette rumeur ces derniers jours. Pour l’instant il n’y a rien. Comme je l’ai dit, je suis très heureux à Côme dans ce nouveau projet qui est très important pour moi. De son côté, Lionel est focalisé sur la Coupe du Monde et le PSG…

FM : un petit mot sur la sélection de la Roja qui affronte le Japon jeudi soir au Qatar, vous l'ancien champion du Monde et d'Europe. Que pensez-vous du travail de Luis Enrique ?

CF : je suis effectivement tous les matches de l’équipe nationale. C’est très agréable à voir jouer, il y a quelques belles individualités et je trouve qu’il y a une belle cohésion et un projet de jeu intéressant. Je ne peux pas dire que l’Espagne est favorite, mais je la vois dans les 5 premières nations dans ce Mondial avec notamment le Brésil ou la France.

«ce qui me frappe le plus chez Gavi c’est sa capacité à ne pas avoir peur de l’affrontement»

FM : Gavi a marqué un but incroyable pour son premier match, on dit qu’il a beaucoup de similitudes avec vous. Jusqu’où peut-il aller selon vous ?

CF : Gavi est vraiment un très bon joueur, très technique et très précoce. Mais ce qui me frappe le plus chez lui c’est sa capacité à aller au duel, à ne pas avoir peur de l’affrontement, comme face à Aurélien lors d’un Clasico. Il joue avec personnalité et j’aime ça. S’il continue, Gavi peut faire de très grandes choses, aussi bien avec la sélection qu’avec le FC Barcelone.

FM : la France a été la 1ere équipe à se qualifier pour les 1/8e, elle va tenter de gagner une 3e étoile, mais il est très difficile historiquement de conserver son titre. Comment l’expliquez-vous?

CF : la France est très bien partie. Elle a gagné ses deux matches malgré des absences de poids comme Benzema, Lucas Hernandez, Kanté ou Pogba. Elle a une équipe très jeune, mais ça fait aussi partie de sa force et elle dispose de sacrées individualités. Oui, c’est vrai, il est toujours difficile pour une nation de conserver son titre. La France n’a pas réussi à le faire en 2002 et nous on a pas réussi à le faire en 2014 au Brésil. Ce qui montre que ce n’est pas simple de faire le doublé. Mais ce qu’a fait la France est très prometteur pour la suite, surtout avec un Kylian Mbappé en grande forme qui est pour moi l’un des meilleurs joueurs du monde.

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