Vainqueurs de la Croatie ce dimanche après avoir chuté à l’aller (2-0, 5-4 t.a.b), les Bleus ont validé leur billet pour les demi-finales de Ligue des Nations. Un match marqué par l’émergence de Michael Olise.

80 000 personnes attendaient de revivre le France-Ukraine de 2013. Lourdement battue 2-0 après une triste prestation au match aller en Croatie, l’équipe de France devait réaliser une remontada similaire à celle des Bleus en barrages du Mondial 2014. Après les critiques du match aller, Didier Deschamps décidait de repasser en 4-2-3-1 avec Koné et Tchouameni au milieu de terrain, derrière Olise, Dembélé et Barcola. Le capitaine Mbappé était seul en pointe pour tenter de sonner la révolte.
Avec évidemment plus d’envie qu’au match aller, les tricolores mettaient beaucoup de pression sur le but de Livakovic et affichaient, heureusement, un plus beau visage. Mais sans efficacité, car Mbappé voyait sa reprise fuir le cadre (14e), avant une tête de Tchouameni tout juste à côté du cadre (17e). La meilleure occasion venait d’une belle passe en profondeur vers Barcola, qui se frottait à une belle parade de Livakovic (38e). Alors qu’un penalty aurait pu être sifflé pour les Bleus, lors d’un contact entre Olise et Caleta-Car (23e).
Mike Maignan sauve les Bleus
Il fallait alors passer la vitesse supérieure et la délivrance est venue d’un magnifique coup-franc d’Olise laissant le portier croate sur place (1-0, 52e). Mais rien n’était fait, puisqu’il fallait encore marquer un deuxième but pour égaliser. Tchouaméni loupait encore une nouvelle tête (61e), avant une grosse occasion manquée de Mbappé, laissant le buteur madrilène frustré (75e). Le chronomètre tournait et, pour l’instant, la France était éliminée. Mais une superbe combinaison entre Mbappé et Olise était conclue par Dembélé pour faire hurler le Stade de France (2-0, 80e).
Les Bleus poussaient encore, mais ne pouvaient pas empêcher d’aller en prolongation. Et l’attaque tricolore était encore dangereuse avec une grosse frappe de Doué, reprise par Dembélé et déviée par Gvardiol (97e). Avant un face-à-face manqué de la part de Mbappé, dans un angle compliqué (108e). Mbappé a été frustré par Livakovic, qui l’a encore dégouté (117e). Il fallait donc aller jusqu’en séance de tirs au but. Et après une séance de tirs au but intense et avec deux loupés de Koundé et Théo Hernandez, les Bleus, sauvés deux fois par Maignan, réalisent l’exploit et filent en demi-finales, où ils affronteront l’Espagne !
L’homme du match : Michael Olise (8,5) : son match se boit sans soif. Le Bavarois a été la courroie de transmission entre le milieu et l’attaque, mais surtout, le meilleur offensif tricolore, et de loin. Dans ce rôle de soutien à Mbappé, il a été un véritable poison pour la défense croate, qui ne savait jamais sur quel pied danser avec lui. Son placement entre les lignes, ses orientations, son côté imprévisible, à l’image de ce contrôle orienté où il laisse Caleta Car sur le carreau, en ont fait un danger permanent. Il a souvent trouvé les bonnes zones sur coups de pieds arrêtés, et délivre un caviar à Barcola (32e). Sa seconde période est géniale, et elle est récompensée par ce coup-franc exceptionnel à l’entrée de la surface (52e), puis sa passe décisive pour Dembélé en retrait du pied droit (80e). Deschamps a peut-être enfin trouvé la meilleure formule pour lui rendre service. Remplacé par Camavinga (106e) après un coup reçu. Quelques projections intéressantes.
France :
- Maignan (8,5) : décisif avec les Bleus, critiqué sous le maillot de l’AC Milan, le dernier rempart tricolore a confirmé sa solidité en sélection. Ou plutôt, dans un premier temps, sa tranquillité. Profitant de l’emprise collective des champions du monde 2018, Magic Mike a vécu une rencontre très tranquille, se contentant d’assurer ses relances sans avoir le moindre arrêt à effectuer. Lors de la séance de tirs au but décisive, le numéro 16 des Bleus a finalement sorti le grand jeu en repoussant les tentatives de Baturina et Stanisic pour envoyer les siens au Final Four. Le facteur X.
- Koundé (6,5) : critiqué après sa performance ratée en Croatie, le latéral droit français a apporté une très belle réponse, ce dimanche soir, au Stade de France. Impeccable défensivement (12 duels remportés sur 16, 7 ballons récupérés), le joueur du Barça s’est surtout montré offensivement. Disponible pour ses partenaires, il a multiplié les montées dans son couloir pour apporter une solution supplémentaire. Un match solide même s’il rate son pénalty lors de la séance de tirs au but. Sans conséquence.
- Upamecano (8) : remplaçant à Split avant de suppléer un Konaté en grande souffrance, le défenseur du Bayern Munich a parfaitement tenu son rang face aux Vatreni. Autoritaire dans le duel, impérial dans les airs et globalement précis dans ses transmissions, il n’a laissé aucun espace aux offensifs croates (8 ballons récupérés). Offensivement, il a aussi tenté d’apporter sa pierre à l’édifice, à l’instar de ce centre intéressant qui aurait pu permettre aux Bleus d’ouvrir le score (14e) ou de cette tête non cadrée (88e). Taille patron, il libérait finalement le Stade de France en envoyant son tir au but dans la lucarne de Livakovic.
- Saliba (7) : une nouvelle fois aligné dans l’axe de la défense française malgré un quart de finale aller plus que discutable sur le plan individuel, le Gunner a remis l’église au milieu du village. Serein dans ses interventions (60% de duels remportés), il a constamment pris le dessus sur Budimir. Sur la trajectoire pour repousser la tentative du buteur croate (21e), il a poursuivi son entreprise au retour des vestiaires en stoppant les timides offensives croates, tout en se montrant dans les derniers mètres adverses (74e). Solide.
- T.Hernandez (4) : préféré à Digne pour débuter ce quart de finale retour de Ligue des Nations, le numéro 22 des Bleus n’a que rarement été inquiété sur le plan défensif (6 ballons récupérés, 1 interception), profitant du scénario de cette double confrontation et de la pression mise par les Tricolores. Dans son couloir gauche, il a alors tenté d’apporter le danger aux abords de la surface croate mais n’aura pas la réussite escomptée (20% de centres réussis, 12 ballons perdus), à l’image de son pénalty manqué lors de la séance de tirs au but…
- Tchouameni (7,5) : il avait besoin de se remettre la tête à l’endroit après son match raté à Split, et le milieu du Real Madrid a réagi de la meilleure des manières. On l’a senti nettement plus impactant, plus intense dans les duels, bien plus proche des actions croates, aussi, et moins embêté avec le ballon. Au sol comme dans les airs, il a quadrillé sa zone (11 duels gagnés sur 15, 4 interceptions), et il aurait même pu s’offrir un doublé de la tête avec un brin de réussite en plus (16e, 61e). Une seconde période de très bonne facture, aussi. Son association avec Koné a donné envie d’être revue.
- Koné (7) : préféré à Camavinga au cœur du 4-4-2, le Romain a plutôt bien rentabilisé la confiance de son sélectionneur en apportant sa personnalité et sa touche plus créative. S’il s’est parfois rendu coupable de certaines maladresses avec ballon, son duo avec Tchouameni a considérablement limité l’influence du milieu Modric - Kovacic. Sa valeur ajoutée s’est aussi symbolisée par ses dépassements de fonctions et ses projections, mais aussi sa faculté à aller gratter des ballons dans les pieds adverses (9 duels gagnés sur 12, 6 ballons récupérés). Une petite baisse de régime au retour des vestiaires, puis il a réémergé en fin de seconde mi-temps. Sa 5e sélection reste une réussite. Remplacé par Zaïre-Emery (111e).
- Olise (8,5) : voir ci-dessus
- Dembélé (6) : disons que sa fin de match tranche complètement avec sa première moitié. D’abord introuvable par son positionnement d’ailier collé à la ligne, il a ensuite cherché à se réaxer, mais sans trop de réussite. Quelques fulgurances, mais trop rares à côté de ses erreurs techniques, ses centres souvent hasardeux, et ses choix contre le sens du jeu. Puis son match a commencé quand il a eu l’occasion de s’engouffrer dans les espaces laissés par les Croates. C’est dans cette configuration qu’il trouve parfaitement Mbappé en retrait (74e), avant de marquer le but du 2-0 sur un service parfait d’Olise (80e). Remplacé par Kolo Muani (99e), relativement discret, mais buteur sans trembler sur son tir au but.
- Mbappé (5,5) : pour son retour au Stade de France, l’attaquant du Real Madrid a livré un match honnête, mais pas encore à la hauteur de ce qu’on peut attendre de lui. On a senti les Croates sur les talons face à chacune de ses accélérations de dragster, et c’est même dans ce schéma qu’il obtient le coup-franc menant au but d’Olise (52e). Mais quand on connaît ses talents de finisseur, le voir finir le match sans but reste une anomalie. Il a vendangé trop de situations (15e, 27e, 95e, 74e), bien que le très inspiré Livakovic l’ait aussi mis en échec (109e, 117e, 119e). Un match sans réussite, et un 7e de suite sans but en Bleus malgré un tir au but transformé… cette fois avec réussite.
- Barcola (4) : le Parisien a soufflé le chaud et le froid ce soir. S’il a allumé les premières mèches par ses changements de rythme, son influence a diminué au fil des minutes. Son affinité technique avec Mbappé s’est résumée à sa remise astucieuse de la tête, et puis c’est à peu près tout. Du déchet de plus en plus important, des choix parfois discutables, et une maladresse souvent handicapante comme sur ce duel perdu avec Livakovic (38e). Il a plongé avant de disparaître et d’être remplacé par Doué à la 64e minute (7). L’ancien Rennais a montré de la personnalité pour sa première sélection. Il n’a certes, pas toujours été escorté par la réussite, mais il a généré du danger par sa capacité à alterner entre le dribble, la passe, et même la frappe avec ses deux lourdes tentatives repoussées par Livakovic. Une entrée globalement intéressante.
Croatie
- Livakovic (7) : s’il a encaissé deux buts, le gardien croate a été immense. Malgré l’écrasante domination française en début de partie, le portier des Vatreni a dû attendre la 24e minute pour être inquiété : Dembélé a distribué un centre plongeant vers Mbappé, trop court pour reprendre. Mais le gardien de Fenerbahçe était vigilant. Il a commencé son récital cette parade extraordinaire face à Barcola, lancé seul face à lui. Il détournait sa frappe du pied droit et l’envoyait au-dessus de sa barre (39e). Sa seconde mi-temps démarrait de la pire des façons, avec un coup franc d’Olise sur lequel il ne pouvait absolument rien (52e). En prolongations, il est parvenu à s’imposer deux fois face à Doué, grâce à deux belles horizontales (96e, 97e). Contre Mbappé lancé, il réalisait également une belle sortie (108e). Une nouvelle fois opposé au capitaine tricolore, il repoussait sa reprise (117e). Durant la séance de tirs au but, il était tout proche de sortir les tentatives de Mbappé et Tchouaméni. Averti d’un carton jaune pour gain de temps (74e).
- Stanisic (4) : seul joueur à paraître légèrement en difficulté dans la défense croate au match aller, le Bavarois a semblé être le point faible sur lequel devaient appuyer les Bleus ce soir : pendant 20 minutes, il a complètement pris l’eau face à Barcola, qui est parvenu à le déborder de nombreuses fois. Au fil des minutes, le joueur de 24 ans a pris confiance, mais a surtout vu ses adversaires davantage utiliser l’axe et l’autre couloir. Grâce à cette préférence des Bleus, il n’est clairement pas le membre de l’arrière-garde croate à avoir le plus souffert en deuxième mi-temps et durant les prolongations. Durant la séance de tirs au but, il a manqué son penalty. Averti d’un carton jaune pour une faute sur Hernandez (35e).
- Sutalo (4) : le défenseur central a été précieux pour ses partenaires durant un temps. Il n’a pas hésité à salir son short lorsque c’était nécessaire, à l’image de ce tacle salvateur devant Mbappé, qui déboulait à pleine vitesse (13e). Mais, comme le reste de ses partenaires, face au coup d’accélérateur mis par l’équipe de France en deuxième mi-temps, il a davantage été dépassé et est apparu plus fébrile. Le but de Dembélé n’est toutefois pas à mettre à son crédit (80e). Le rythme est retombé en prolongations, et cela lui a fait du bien.
- Caleta-Car (3) : le Lyonnais a un temps cru qu’il serait assez solide pour stopper les vagues françaises qui déferlaient sur la défense croate. De la tête ou du pied, le défenseur central parvenait à avoir le dernier mot pour soulager son équipe. Mais cela n’a duré que quarante-cinq minutes. En seconde période, il s’est retrouvé submergé par les vagues adverses. Sur le but inscrit par Dembélé, c’est lui qui est trop loin du Parisien pour l’empêcher de frapper (80e). Averti d’un carton jaune pour une faute sur Olise (61e).
- Gvardiol (3,5) : particulièrement solide à l’aller, le Mancunien a été bien plus mis en difficulté par Olise. S’il ne s’est pas beaucoup laissé déborder, le Munichois a régulièrement pu rentrer sur son pied gauche. Sur l’une de ses oppositions avec son vis-à-vis, il lui laissait trop d’espace pour venir centrer pour Dembélé, qui marquait le but du break (80e). Sur le plan offensif, le gaucher a tenté d’apporter son soutien, mais trop peu de ses partenaires ont accompagné ses attaques pour que ses montées soient réellement dangereuses. Averti après une faute sur Dembélé (45e+3).
- Kovacic (4,5) : aux côtés de Modric, le milieu de terrain a été important à la relance. Plusieurs fois, il a pu combiner avec Gvardiol afin de sortir le ballon de son camp. S’il n’a pas pu faire parler ses capacités de projection et ne s’est pas montré aussi tranchant qu’à l’aller, il est celui qui a mis le plus de vivacité dans le jeu des Croates. Averti d’un carton jaune pour une faute d’anti-jeu sur Olise (45e). Remplacé par Jakić (81e), qui a davantage été un cinquième défenseur qu’un réel milieu de terrain. Averti d’un carton jaune (90e+5).
- Modric (4,5) : comme au match aller, le Madrilène a été le poumon de son équipe. Malgré la pression intense déployée par les Bleus, le capitaine croate a su s’extirper des petits espaces par des dribbles dont il a le secret. S’il est parvenu à se sortir du pressing français pendant quarante-cinq minutes, il aura dû se résoudre à rendre les armes durant les quarante-cinq dernières. Remplacé par Moro (81e), qui a bénéficié d’une baisse de rythme en prolongations pour avoir davantage d’espace, sans parvenir à créer d’action solide.
- Kramaric (3) : comme l’ensemble des éléments offensifs croates, le joueur formé au Dinamo Zagreb n’a pas fait courir un grand danger à la défense des Bleus. Aucune de ses prises de balle n’a provoqué le moindre frisson dans l’arrière-garde tricolore. À l’inverse, il a, comme ses partenaires, beaucoup couru après le ballon, dépensant beaucoup d’énergie pour empêcher Olise et Dembélé de s’engouffrer sur le côté gauche. Remplacé par Baturina (72e) (3), qui, lui non plus, n’a pas pu montrer grand-chose tant son équipe est apparue étouffée. Il a également manqué son tir au but.
- Sucic (3) : positionné plein axe derrière Budimir, le joueur de 21 ans est le joueur d’attaque croate à avoir le plus touché le ballon en première période (25), mais il n’a pas pu créer d’occasion sérieuse. Impliqué sur les phases offensives des siens, peu de différences sont venues de ses pieds. Il a surtout eu pour rôle de fermer l’axe afin d’empêcher ses adversaires d’y mettre de la vitesse.
- Perisic (3,5) : arme numéro une de l’équipe de Zlatko Dalić à l’aller, le joueur du PSV Eindhoven n’a pas réellement eu l’occasion de s’exprimer au Stade de France. Face à la pression étouffante mise par les Tricolores, il n’a pas pu utiliser ses capacités de percussion et a davantage eu le rôle de second latéral pour aider Stanisic à combler les brèches. Remplacé par Pašalić (72e) (3,5), qui a eu quelques occasions de se projeter, mais n’a pas eu le soutien de ses partenaires pour pouvoir apporter du danger.
- Budimir (3) : décisif à l’aller, l’attaquant d’Osasuna a traversé cette partie tel un fantôme. En première période, sur l’une de ses seules prises de balle, il a tenté une lourde frappe des 20 mètres, contrée par la défense française. Mais hormis cette action, l’avant-centre n’a rien eu à se mettre sous la dent, ne touchant que 7 ballons au cours du premier acte. Remplacé par Ivanović (60e) (2,5), lui aussi totalement esseulé et invisible, et qui a manqué son pénalty.
En savoir plus sur