Montpellier : Jean-Louis Gasset tape déjà du poing sur la table…

Par Matthieu Margueritte
5 min.
Jean-Louis Gasset alors coach de Bordeaux  @Maxppp

À bientôt 71 ans, l’ancien coach éphémère de l’OM est sorti de sa retraite pour venir sauver le soldat MHSC. Une mission qu’il n’a pas mis longtemps à accepter.

La situation est catastrophique à Montpellier. Bon dernier du classement de Ligue 1, un goal-average à -18 (seule l’ASSE s’en rapproche avec un -14), des blessés en cascade, un mercato à 0€ : le MHSC est au fond du trou et se rapproche dangereusement de la Ligue 2. Le club du président Nicollin flirte avec l’antichambre de la L1 depuis quelques années déjà, mais cette saison, les Pailladins semblent plus que jamais au bord du précipice. Pour se sauver, après l’humiliation subie face à l’OM (0-5), Laurent Nicollin a décidé d’éjecter Michel Der Zakarian et de rappeler Jean-Louis Gasset. Un choix qui a logiquement fait jaser puisque ce dernier avait pris sa retraite après son court passage à l’OM. Mais là, ce n’est pas n’importe quel club pour Gasset. C’est celui que son père a fondé avec Louis Nicollin. Quand la famille est en danger, pas question d’hésiter.

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Gasset veut sauver sa famille

« C’est vrai que je pensais avoir fait mon dernier challenge dans un endroit magnifique (l’OM, ndlr), dans le même état d’esprit. Je me suis régalé. Là, j’ai dit : « c’est le terminus ». Une demi-finale de coupe d’Europe, trois mois historiques pour moi. Et comme ça se passe souvent, comme ça s’est passé avec Marseille, où Marseille perd un match et à minuit, on me téléphone pour savoir si j’accepterai le challenge. Après le match de Marseille, Montpellier m’a sondé pour savoir si je sortirais de ma retraite pour venir donner un coup de main à la famille. J’avais une nuit de réflexion, deux ou trois personnes à voir pour aplanir les choses. À notre âge, on laisse l’égo de côté. La priorité, c’est le club. Quand je vois Laurent (Nicollin), Michel (Mézy), Bruno (Carotti) et la famille Nicollin souffrir comme ils souffrent, je n’avais pas le droit. Quand je vois le club souffrir, je n’avais pas le droit de ne pas venir. Pas à Montpellier. Pas dans mon club. Je suis chez moi ici. Je suis KO, je vois 5-0, des blessés en pagaille. Il faut qu’il y ait des solutions, on n’est pas des magiciens. Ce n’est pas, on arrive et c’est le Real Madrid qui joue. Si on réfléchit avec la tête, on se dit : « Non, je ne sors pas de ma retraite. » La nuit porte conseil. Les messages, les photos qui vous rappellent les racines, et là vous dites : « OK, ça va être dur ». (…) Ça va être dur, mais on va y arriver », a confié Gasset lors de sa conférence de presse de présentation.

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Bien décidé à sauver l’héritage familial, Jean-Louis Gasset a ensuite tapé du poing sur la table, histoire de recadrer les choses. Fier de son MHSC et de ses 50 ans d’histoire, Gasset a, comme il l’a fait quand il est arrivé à l’OM, rappelé qu’il avait encore du jus même à bientôt 71 ans. « On est au fond du seau, on ne peut pas aller plus bas. Je sens ce que vont dire les gens, c’est logique. Qu’ils sachent qu’on était au départ de ça (du club). On sait ce que c’est 50 ans de club. On a tout fait. Quand je vois les installations et quand j’entends les joueurs dire que le terrain est dur… Wouah, heureusement qu’ils ne sont pas venus à l’époque, il n’y avait pas un kiné. Aujourd’hui, on est un grand club, atypique. C’est ce qui fait la beauté et la complexité de cette mission parce qu’on se dit que c’est la dernière. Quand je suis arrivé à Marseille, j’ai dit que c’était la dernière. Quand je suis parti, mes jambes m’ont regardé en disant merci. Et là, il en arrive une autre et elle est encore plus dure. Je n’ai rien à gagner, mais c’est ma famille. »

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« Ce n’est pas un groupe de joueurs qui va mettre tout ça par terre »

Reste maintenant à connaître les leviers sur lesquels Gasset va jouer. Réclamera-t-il des renforts lors du prochain mercato hivernal ? À l’heure où un intérêt pour deux joueurs de l’OM a été évoqué, le nouveau coach montpelliérain assure ne pas penser aux transferts. « Je ne vois pas plus loin que le bout de mon nez. J’ai regardé les trois prochains matches, donc ne me parlez pas de renfort, de mercato. Quand tu signes le contrat, tu sais ce qu’il t’attend, tu ne fais pas la pleureuse. Dans la vie, il y a des priorités. Aujourd’hui, la priorité, c’est remettre le train sur les rails. Ensemble. » Mais comment arriver à démobiliser un groupe en perdition ? Ne comptez pas sur Gasset pour essayer la câlinothérapie à la mode Tuchel.

« On ne dort plus, je me fais expliquer comment les gens voient la chose. Le pourquoi, je m’en fous. Le plus important, c’est le comment. Qu’est-ce qui va remettre les joueurs dedans. J’espère qu’en touchant le fond… L’amour-propre est important. Quand vous êtes dans cette période-là, tout vous tombe dessus. Il faut faire le dos rond et trouver le truc. Mais il faut le trouver rapidement. Ce sont les joueurs qui décident. Toujours. Après, le discours paternaliste, dur… Chaque cas est un cas. J’en connais quelques-uns qui me voient comme un papy. Mais là, ils vont trouver un regard différent, le sang va remonter. Et là, on touche au bifteck. C’est eux qui vont jouer les dimanches, heureusement que ce n’est pas nous. On peut transmettre les valeurs : le don de soi, la générosité, les efforts, ensemble. Mais s’ils ont oublié ça, s’ils n’ont pas le mot ensemble comme nous, on n’y arrivera pas. Ce sont eux qui vont nous en sortir. (… ) Il y en a quelques-uns qui risquent d’être surpris par le ton. Il reste trois quarts du championnat. OK, il vaut mieux ne pas regarder le classement, le goal-average, mais il reste trois quarts des matches. Le plus important, ce sont les blessés. Tout le monde sera important, à tous les niveaux. Il faut être unis et fiers. C’est l’année des 50 ans, il faut qu’on soit fier. Ce n’est pas un groupe de joueurs qui va mettre tout ça par terre. Il faut qu’ils soient responsables. Le levier, il est là. » Le message est passé. Reste à savoir si les joueurs sauront y répondre.

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