Ligue 1

OM : une réserve sous haute tension

Si tout va bien pour l'effectif professionnel de l'Olympique de Marseille, la réserve fait une saison épouvantable et devrait descendre en National 3. Explications d'une édition 2021-2022 cauchemardesque.

Par Constant Wicherek
6 min.
Fabio Vanni, l'un des gardiens de la réserve, lors d'un stage de l'OM au Portugal @Maxppp

Lundi 4 avril. Si l'adage veut qu'on ne se découvre pas d'un fil, sur la Cité Phocéenne, le soleil est radieux et la température excellente pour ne pas faire ce qu'on nous a dit. En plus, pour l'Olympique de Marseille, tout va bien. Les joueurs de Jorge Sampaoli sortent d'une rencontre maîtrisée à Saint-Étienne (4-2) et ont renforcé leur avance sur Nice, le quatrième, avec cinq points. Le temps est beau fixe, donc.

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Mais un club de football, ce n'est pas que l'équipe première. Érigée en priorité lors de l'arrivée de Frank McCourt en 2016, la formation des jeunes patine toujours dans la Cité Phocéenne. La réserve, qui évolue en National 2 dans le groupe C, est bonne dernière avec 18 petits points pris en 23 matches joués et une différence de buts abyssale de -22 (pire défense avec 43 buts encaissés). Mais quelles sont les causes de ce désastre ?

L'absence des défenseurs

Bien évidemment, si tout est très loin d'être rose, voire très très loin, il existe quelques petites explications. Le patron de la défense, qu'on a évoqué un temps en équipe première, Aaron Kamardin (20 ans), n'a joué que huit petites rencontres cette saison à cause de blessures répétées.

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Joakim Kada (21 ans), prolongé en fin de saison passée pour aider son jeune compère à conserver les cages de l'OM inviolées, n'a lui disputé que trois pauvres rencontres, lui aussi à cause de blessures. Ça se complique sérieusement, d'autant que d'autres problèmes gangrènent quelque peu cet effectif.

Une étrange gestion d'effectif

La réserve a des manques, c'est évident. Le 26 mars dernier, on se demandait ce qui pourrait ternir ce joli ciel qui brillait sur la Canebière. Une énième défaite de l'équipe entraînée par Maxence Flachez, au Campus, contre la réserve de l'OL, évidemment (0-2). Si le petit Salomon Abergel (latéral droit, neveu de l'ex joueur de l'OM et actuel de Lorient) a montré des qualités et que Giovani Versini, lui aussi, a tenté sur son côté droit, les ballons étaient surtout aimantés par les deux Niçois arrivés cet été, Salim Ben Seghir et un Bilel Nadir dont on ne comprend pas vraiment pourquoi il joue numéro 10 (il a été formé numéro six).

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Concernant le premier cité, c'est encore autre chose. À plusieurs reprises, il s'est pris le bec avec son entraîneur Maxence Flachez, des mots ont fusé et parfois, ses coéquipiers estiment qu'il joue un peu tout seul, ce qui le rend un petit peu, de temps en temps, isolé. Nul doute que les deux joueurs ne feront pas de vieux os et il se murmure que l'un d'eux pourrait rejoindre un club de Ligue 2 la saison prochaine.

Des questions sur les gardiens

Après les défenseurs, les gardiens sont aussi responsables de ce qui se passe, évidemment. Simon Ngapandouetnbu, qu'on voit dans le groupe professionnel, prend des buts, Fabio Vanni aussi et le cas du troisième gardien, Manuel Nazaretian interroge parfois. Le garçon, très brillant, a évolué à six reprises cette saison et sa gestion a créé quelques tensions dans le vestiaire.

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S'il a remplacé quelquefois un Fabio Vanni blessé, ses prestations ont interrogé et les questions quant à son contrat professionnel et ses titularisations fusent depuis un moment, lui qui est le fils du vice-président de l'association OM et ex-conseiller formation de Jacques-Henri Eyraud, Robert Nazaretian. Apprécié globalement de tout le monde, rien de tout cela n'est réellement de sa faute.

Un entraîneur dans l'œil du cyclone

En plus des choix susmentionnés, Maxence Flachez a peiné, devant ses joueurs, cette année, à expliquer certains de ses choix. Le replacement d'Ugo Bertelli ou de Jonathan Pitou par exemple, formé dans le coeur du jeu et qui évoluent principalement sur les ailes depuis le début de saison. En outre, des joueurs comme Targhalline, Nadir, Ben Seghir et Tongya ont le choix de se rendre disponibles pour la réserve. Sauf que parfois, la décision est prise le matin du match, donc un joueur qui s'attend à être titulaire la semaine apprend quelques heures avant le coup d'envoi qu'il débutera sur le banc ou à un poste farfelu parce qu'un joueur détenant un contrat pro a soudainement envie de jouer.

« Maxence Flachez n'a jamais eu l'intention de s'inscrire dans un projet ici, de par sa proximité avec Nasser Larguet, il a pu avoir un bon poste, avec un joli salaire, mais surtout une inscription pour son diplôme d'entraîneur professionnel qu'il a déjà loupé deux fois », avance un suiveur de la réserve, ajoutant : « et vu que le club ne peut présenter que deux candidats par an, Flachez prend, depuis son arrivée, une place sur deux... »

Une direction qui manque de leadership

Les joueurs ne sont pas responsables des choix qui sont faits. De nos interlocuteurs, le nom qui revient le plus à nos oreilles est celui du directeur du centre de formation, Nasser Larguet. Pointant son manque de leadership, certains pensent qu'il se serait bien vu rester en charge de l'équipe première lorsqu'il a fait, l'année passée, son intérim entre Villas-Boas et Sampaoli.

D'autres regrettent aussi qu'il n'ait pas pris le lead par rapport à une réserve qui s'enfonce et surtout vis-à-vis de certains choix très curieux de Maxence Flachez, l'entraîneur en place. Ce n'est donc pas forcément étonnant si les jeunes d'aujourd'hui sont encore très loin de l'équipe première.

un gouffre avec les professionnels

Cette saison, il n'y a qu'Oussama Targhalline qui a eu des minutes avec les pros, ce dimanche encore contre les Verts. Pourtant, certains participent en tant que Sparring-Partners avec Dimitri Payet et les autres avant les rencontres. Il est répété, dans l'entourage de la réserve que cela nuit aux entraînements et que les jeunes sont parfois déçu de prendre part à ces exercices.

Une information balayée par certains proches des joueurs : « un jour, ils ont dérangé tous les employés des bureaux parce qu'ils criaient et riaient comme des fous. Certains se sont penchés pour voir ce qu'il se passait et c'était Jorge Sampaoli, avec eux, qui jouait et faisait des paris. C'est un argument factuellement faux qu'ils ne sont pas contents. Concernant les entraînements, c'est autre chose, mais on peut bien faire les sparrings le vendredi matin et s'entraîner l'après-midi... ».

Quelles solutions ?

Pour cette saison, cela semble un peu râpé et il est plus que probable que la réserve va se retrouver en National 3 la saison prochaine. Mais, du côté de la Commanderie, il se murmure que Nasser Larguet trouvera un nouveau point de chute pour la saison prochaine. Pablo Longoria, qui, avouons-le, n'a pas eu le temps de mettre les mains dans le cambouis avec un effectif à rebâtir et une relation à apaiser avec les supporters, devrait reprendre la main.

Évidemment, ce ne sera pas lui directement, mais son directeur technique, David Friio, qui pourrait récupérer la gestion de la réserve et des jeunes puisque, dans l'idée, c'est le rôle même d'un directeur technique que de s'occuper des professionnels et du centre de formation. Mais, à quelques encablures de la fin de la saison de la réserve, on n’espère plus grand-chose. Ni du côté des joueurs, ni du côté du club.

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