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Info FM, Théo Chendri : « La Masia et le Barça, une expérience extraordinaire »

Comme Andrés Iniesta, Sergio Busquets ou encore Lionel Messi, Théo Chendri a intégré à 15 ans la célèbre Masia. Un centre de formation où il a pu acquérir l'ADN Barça et évoluer aux côtés des meilleurs joueurs de la planète. Pour Foot Mercato, le footballeur âgé aujourd'hui de 19 ans raconte son expérience au sein de l'usine à talents mais aussi ses joies et ses désillusions. Entretien.

Par Dahbia Hattabi
8 min.
Nantes @Maxppp

Foot Mercato : Vous avez rejoint le FC Barcelone à l'âge de 15 ans. Que ressent-on quand le Barça vient vous recruter ?

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Théo Chendri : Les premières approches ont eu lieu quand j'avais 14 ans. À cette époque-là, j'avais déjà pas mal de clubs français qui s'intéressaient à moi. C'est toujours flatteur quand un club vient et montre de l'intérêt. Ça fait toujours plaisir. Quand le Barça est arrivé, je n'y croyais pas vraiment. Puis ensuite ils sont venus me voir à pas mal de matches et je suis allé faire un essai là-bas. Au début, c'est très flatteur. C'est surtout choquant quand on est jeune. Je me disais : "Ce n'est pas possible". J'étais très content.

FM : Comment avez-vous géré l'éloignement avec votre famille et votre nouvelle vie à l'étranger ?

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T.C : On va dire que j'étais déjà habitué à vivre loin de ma famille comme j'étais au pôle espoirs, à l'internat. Je n'étais pas toute la semaine chez moi. Quand je suis parti à Barcelone, ma mère est venue avec moi pendant trois ans. Nous avions un appartement ensemble là-bas. J'étais à la Masia mais j'avais ma mère à côté donc ça allait. Ce n'était pas un grand changement. Ma dernière année à Barcelone, j'étais seul.

FM : Vous parliez de la Masia. Comment avez-vous vécu votre passage là-bas ?

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T.C : Très bien. Ça été une sacrée expérience. Une expérience extraordinaire. Je suis entré à la Masia, j'avais 15 ans, j'étais un jeune adolescent. J'en suis ressorti l'an dernier quand j'avais 19 ans et en me sentant plus adulte. Je suis passé de vivre avec ma mère à vivre seul. J'ai grandi là-bas. J'en garde un super souvenir. Si je devais refaire ce choix, je le referais sans hésitation.

FM : On a toujours parlé de vous comme d'un grand espoir. N'était-ce pas trop un poids trop lourd à porter ?

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T.C : Oui, quand j'avais 15 ans ça faisait bizarre d'entendre parler de moi comme ça. Je me suis toujours considéré comme quelqu'un de normal. J'ai toujours essayé de rester humble. C'est vrai que d'entendre tout cela sur soi, quand on est jeune surtout, ça fait bizarre. J'ai toujours essayé de me concentrer sur moi, sur ce que je faisais sans me prendre la tête et de me dire que j'étais jeune et que je n'avais rien prouvé dans le football. Je n'ai toujours rien prouvé donc j'essaye de rester simple. De toute façon au Barça il fallait essayer de rester les pieds sur terre sinon le club nous remettait en place naturellement.

Chendri s'est entraîné avec Messi, Neymar & co

FM : Vous avez parlé de votre médiatisation. Justement votre nom est souvent ressorti au moment où les Blaugranas ont été interdits de recrutement par la FIFA suite aux transferts irréguliers de mineurs. Comment avez-vous vécu cette situation et la médiatisation qui en a découlé ?

T.C : L'année en U16, je n'ai pas pu trop jouer suite à la sanction de la FIFA. C'était un peu embêtant parce que je m'entraînais tous les jours et je ne pouvais pas jouer le week-end. Même pour ma progression ce n'était pas bien. Quand le Barça était venu, je n'avais pas hésité à signer et je savais que j'allais avoir un problème avec la FIFA. Le Barça en était conscient aussi. J'ai essayé de gérer ça le mieux possible. Après que les gens en parlent, c'est normal. Mais il n'y a pas que le Barça qui fait cela...

FM : Quel a été votre souvenir le plus marquant ?

T.C : On pourrait en parler un moment si je vous racontais tous mes souvenirs. Il y en a énormément. Mais peut-être que le plus marquant a été mon premier entraînement avec les pros. Ça a été la première fois que je me suis entraîné avec Messi, Neymar, Iniesta, etc...Ça a été quelque chose ! Je me suis senti intégré. Ils ont l'habitude que les jeunes viennent s'entraîner avec le groupe pro. Ils ne se prennent pas la tête, ne font pas de différences entre eux et nous. De toute façon, le football ça se parle avec les pieds. J'avais fait mon entraînement et ça s'était très bien passé. Je ne m'étais pas senti en dessous mais c'est juste que ça allait très vite. C'est un sacré niveau, comme ce qu'on peut voir à la télé. Ce sont les meilleurs joueurs du monde et c'était très enrichissant de pouvoir m'entraîner avec eux.

FM : Au niveau du jeu, la Masia est-elle fidèle à ce qu'on en dit ?

T.C : Des petits jusqu'au Barça B, que ce soit en terme d'entraînements ou de matches, tout le monde essaye de reproduire ce que l'équipe une fait. On nous transmet l'ADN du Barça dès notre plus jeune âge. Tout le monde a les mêmes types d'entraînements. Mais bien sûr on prépare les matches en fonction de nos adversaires. Tout cela a pour but que le jour où un joueur accède à la première équipe il ne soit pas dépaysé.

FM : Quand on voit tous les joueurs qui sont passés par là, j'imagine que c'était très motivant....

T.C : Mon rêve serait d'avoir une carrière à la Iniesta ou comme ces joueurs-là. Iniesta est mon idole. C'est sur que ça fait rêver. Quand on est jeune au Barça, sortir chez les pros c'est très compliqué. Il y a Messi et très peu d'autres qui ont réussi à faire cela. Ce n'est pas simple. Pourquoi pas y retourner un jour. Pour l'instant, je me concentre sur mon avenir et j'essaye de faire mon petit bonhomme de chemin. Si un jour l'occasion se représente, c'est que je serais un joueur confirmé. On verra bien si ça arrive mais j'essaye de ne pas trop y penser.

Son départ du Barça

FM : La Masia semble un peu moins s'appuyer sur ses jeunes par rapport à avant. Qu'en pensez-vous ?

T.C : Je pense que la concurrence avec les pros est telle que c'est très compliqué de faire son trou. Ceux qui le méritent font des entraînements avec eux. Mais ce n'est pas simple du tout de jouer le week-end avec eux. La pression est sur le club, avec les supporters, est importante. Les joueurs doivent représenter le Barça, ils doivent gagner et être au top tous les week-ends même contre le dernier du championnat. Aujourd'hui, c'est de plus en plus compliqué de faire confiance aux jeunes. C'est le sentiment que j'avais quand j'étais là-bas. J'étais en U19, c'était impossible de pouvoir prétendre jouer avec les pros. J'ai fait quelques matches avec la réserve. Les pros, c'était encore une autre étape à franchir. J'avais d'autres paliers à franchir avant de prétendre à cela. Mais quoi qu'il arrive, la philosophie du Barça ce sera toujours de faire confiance aux jeunes.

FM : Quel est selon vous le prochain talent à suivre à la Masia ?

T.C : Il y a deux joueurs qui étaient dans le groupe face à la Juventus et avec lesquels je jouais l'an dernier. Carles Aleña (19 ans) et Alex Carbonell (19 ans). Aleña a un an de moins que moi mais il joue au Barça depuis qu'il est tout petit. C'est un catalan, numéro 10, il était capitaine au sein de toutes les équipes par lesquelles il est passé. Pour avoir joué avec lui pendant trois ans, c'est un super joueur. Je l'apprécie beaucoup et je m'entends bien avec lui. En Youth League l'an dernier, je lui ai donné trois ou quatre passes décisives. Si je devais mettre une pièce sur un jeune actuellement, je la mettrais sur lui. Je pense qu'il sera le métronome du Barça au milieu dans quelques années .

FM : Pourquoi votre aventure au Barça s'est-elle terminée ?

T.C : Tout simplement parce que je n'étais pas le joueur sur lequel ils misaient je pense. L'an dernier, en U19 j'ai fait une très bonne saison avec les Youth League. J'étais parmi les joueurs qui avaient le plus joué avec les U19, je montais avec la réserve, j'avais débuté avec le Barça B, je m'entraînais souvent avec eux et de temps en temps avec les pros. J'ai fait deux-trois entraînements l'an dernier avec les pros. Même moi j'ai été un peu surpris car je pense qu'au jour d'aujourd'hui j'aurais toujours pu prétendre jouer avec la réserve. Il y a eu un nouveau directeur sportif qui est arrivé.Je n'étais pas la personne sur laquelle il misait. Il ne comptait pas sur moi plus que ça.

FM : Est-ce un rêve qui se brisait pour vous à ce moment-là ?

T.C : Non pas forcément. Mon rêve, je l'ai depuis tout petit, c'est de devenir un jour footballeur professionnel, d'être un joueur confirmé et de faire une grande carrière. Ce n'est pas parce que ça s'est fini avec le Barça que je ne pourrai pas faire carrière. Peut-être que j'y retournerai un jour. J'ai un objectif en tête et j'essaye de ne pas le perdre de vue. Je me dis qu'il ne faut pas que je m'arrête là. Le football continue. Il n'y a aucun problème. Le Barça ça a été une très bonne expérience en sachant que je pense que j'aurais pu encore y être cette année. Ça a été des choix que le club a fait. Ces choix n'ont pas été unanimes. Ça reste encore flou sur certains points.

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