La réputation de la formation à la française n’est plus à faire. L’affaire Gaël Kakuta démontre à quel point l’Europe est prête à tout pour s’arracher les pépites que recèlent nos centres de formation. Si les clubs cherchent à tout prix à conserver leurs meilleurs espoirs, ils laissent parfois en route certains jeunes, qui tardent à percer ou à qui on n’accorde pas de confiance au plus haut niveau. Ce fut le cas d’Aly Cissokho, laissé par Gueugnon, qui a ensuite pris la route du Portugal, à Setubal, le temps de prouver sa valeur et de rejoindre d’abord le FC Porto, puis l’Olympique Lyonnais. C’est à peu de choses près l’histoire d’Aurélien Collin. Formé en France, mais n’ayant jamais évoluer dans l’élite, c’est à l’étranger qu’il a touché du doigt le haut niveau. Depuis cet été, il s’est engagé au Vitoria Setubal, et pourrait bien suivre la trajectoire d’Aly Cissokho.
FootMercato: Aurélien Collin, bonjour. Vous venez de vous engager avec le Vitoria Setubal. Peu de gens vous connaissent en France, quelle est votre position sur le terrain ?
Aurélien Collin: Je suis défenseur. Je joue sur la droite en défense centrale, mais je n’ai jamais été utilisé à mon vrai poste dans les clubs où je suis passé. J’ai souvent évolué dans l’axe de la défense, mais décalé à gauche, ou bien alors latéral droit, suivant les besoins.
FM: Justement, les clubs où vous êtes passé sont assez nombreux. Parlez-nous de votre parcours.
AC: Je suis parti en centre de formation à l’âge de 16 ans, à Reims. J’ai joué la première année chez les, puis je commençais peu à peu à intégrer la CFA lors de ma seconde année. Mais l’équipe réserve a été relégué à la fin de la saison, et j’ai eu l’opportunité de rejoindre Sedan, où j’ai eu également l’occasion de côtoyer la CFA. Puis, à la fin de l’année, Amiens m’a approché et m’a proposé un contrat de stagiaire-pro, avec une clause qui me faisait passer pro si je participais à 5 matches avec l’équipe première. Une fois là-bas, je m’entraîne avec le groupe pro, mais l’entraîneur d’alors me fait redescendre avec la CFA, et je côtoie moins le groupe pro.
FM: On vous offre ensuite la possibilité, à 18 ans, de rallier la Liga.
AC: Oui, Majorque me contacte et m’offre un contrat pro-juvenil, l’équivalent d’un stagiaire pro. Je pars avec l’idée de progresser. Je m’entraîne deux fois par jour avec les pros, je participe à quelques matches en coupe, et en fin de saison, un club anglais me propose un premier vrai contrat pro. Mais l’affaire traîne en longueur, puis capote. J’atterris finalement en Écosse à Gretna, qui me signe pro pour deux ans. J’arrive et je suis directement titulaire. Ça se déroule à merveille jusqu’à février, où le club connaît de grosses difficultés financières, et se séparent de nombreux joueurs avant finalement de disparaître.
«Pas toujours été bien conseillé»
FM: Vous vous retrouvez donc sans club.
AC: Voilà, la période des transferts étant close, je suis sans club. Durant l’été, je passe quelques essais qui se déroulent bien en Allemagne (Wolfsburg et Brême), mais qui ne découlent sur rien de concret. Finalement, je suis engagé par Panserraikos, un club grec promu en D1. Au bout de quelques mois, l’entraîneur en place est débarqué, et le nouveau coach m’écarte. Lors du mercato hivernal, mon contrat est rompu puis Burnley me contacte, mais le transfert s’enlise, et je me retrouve de nouveau sans club à la fin du mercato d’hiver. Je rejoins alors Wrexham, jusqu’à la fin de la saison, avec l’idée de m’entretenir physiquement.
FM: Un parcours un peu étonnant pour un jeune joueur.
AC: Disons que je n’ai pas toujours été bien conseillé.
«L'objectif, c'est la stabilisation»
FM: Revenons-en au présent, et au Vitoria Setubal. A quand remontent les premiers contacts ?
AC: Fin juillet, et je signe mon contrat le 4 août.
FM: Mais vous n’avez pas encore fait d’apparitions dans le groupe ?
AC: Parce que je n’avais pas le droit !En fait, pour m’engager, Setubal devait obtenir une clearance internationale, un papier m’autorisant à jouer. Le problème, c’est que ce papier avait déjà été émis lorsque j’ai quitté Panserraikos, à l’intention d’un club israélien qui s’intéressait à moi à l’époque. Du coup, impossible de participer à des compétitions officielles. Honnêtement, je n’ai pas trop compris tout ce qu’il s’est passé, le club m’a mis à l’écart du groupe le temps d’éclaircir le problème, j’ai dû m’entrainer seul, à l’écart. Puis, la semaine dernière, les choses se sont clarifiées. Lors d’une conférence de presse, le club a expliqué ce qu’il s’était passé, et a confirmé que j’étais bien un joueur de Setubal et j’ai pu enfin m’entraîner avec le reste de l’équipe.
FM: Quels sont vos objectifs avec Setubal ?
AC: Je veux me poser, après plusieurs années où j’ai beaucoup bougé. L’objectif, c’est la stabilisation, et c’est typiquement le club où je peux le faire. Je veux obtenir du temps de jeu, et pour cela, je vais travailler dur, car il me faut convaincre l’entraîneur. Malgré un début de saison difficile, on ambitionne toujours d’atteindre le top 10.
FM: Vous avez plusieurs points communs avec Aly Cissokho. Vous êtes tous les deux français, vous avez quitté la France jeune, et vous jouez défenseur. Vous y pensez à cette ressemblance ?
AC: Pas particulièrement. Mais c’est un très bon exemple, il a été un peu délaissé en France, est venu dans un autre pays et ça a marché. Ça prouve que le travail et la patience paient toujours. Cissokho est un très bon exemple, mais je ne suis pas son successeur. On a la même nationalité, mais ça s’arrête là. On ne joue pas au même poste de toute façon !
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