Malgré des passages à vide dans cette rencontre, le Real Madrid s’en est remis à deux numéros individuels de Rodrygo puis Brahim Diaz pour l’emporter contre l’Atlético 2-1 dans ce 8e de finale aller.

Le grand soir était arrivé. Dans un Santiago Bernabéu en liesse, on avait droit à un superbe derby madrilène pour ce huitième de finale aller de la plus belle des compétitions européennes. Pour ce match face au voisin rojiblanco, qui est par ailleurs devant au classement en Liga, Carlo Ancelotti était privé de Jude Bellingham et de Dani Ceballos, mais retrouvait Fede Valverde. Pour le reste, c’était assez classique, avec le trio Vinicius-Mbappé-Rodrygo aux avant-postes. On notera aussi la présence de Camavinga et de Tchouaméni dans l’entrejeu. En face, Diego Simeone sortait aussi une composition type, sans Koke ceci dit, mais avec ce joli duo Alvarez-Griezmann devant.
Attaque
Et la rencontre démarrait très bien pour les Merengues, puisque sur la première opportunité du match, Rodrygo, à droite, prenait le meilleur sur Galan, repiquait, puis enchaînait sur une superbe frappe poteau opposé qui terminait sa course au fond des filets (1-0, 4e). Golazo ! Démarrage parfait pour les Merengues, face à des Colchoneros cueillis à froid. Par la suite, c’était plutôt équilibré, avec un Atlético qui avait redoublé d’intensité, même si Vinicius voyait Gimenez s’interposer pour couper sa frappe dans la surface (12e). Simeone, inexplicablement seul dans la surface, ratait sa reprise de volée (17e), signe que même si le Real dominait, l’Atlético avait de quoi inquiéter les Merengues si ces derniers n’étaient pas concentrés. Vinicius tentait sa chance de loin, mais c’était bien capté par Oblak (22e). Giuliano Simeone, sur le flanc droit, mettait un centre en puissance sauvé par Valverde, alors que Lino attendait pour pousser le ballon au fond (27e). Julian Alvarez, qui montait en puissance, a finalement bien fait des siennes. Côté gauche de la surface, il décochait un superbe enroulé qui se logeait dans la lucarne opposée, touchant le montant avant de finir au fond (1-1, 32e). But exceptionnel pour l’Argentin.
Brahim Diaz a fait ce que Mbappé et Vinicius Jr n’ont pas réussi à faire
De quoi rééquilibrer encore les débats, et les Colchoneros s’offraient même des séquences de possession assez longues. La première période terminait d’ailleurs sur un rythme assez morne, avec deux formations qui ne voulaient pas prendre de risque et se découvraient assez peu, avec comme seule situation intéressante une frappe de Valverde à angle fermé facilement captée par Oblak (45e). Il fallait noter la prestation assez indigeste de Mbappé, qu’on n’avait pratiquement pas vu sur ce premier acte. Au retour des vestiaires, l’Atlético s’emparait du cuir, mais c’est bien Brahim Diaz qui allait faire parler la poudre. Trouvé par Mendy et pourtant entouré de Rojiblancos, le Marocain feintait puis frappait poteau opposé, imparable pour Oblak (2-1, 55e). C’était pratiquement la première fois que le Real Madrid mettait le pied dans la surface rivale en deuxième période.
Les Colchoneros réagissaient vite et Griezmann voyait Courtois sortir une belle parade pour éviter l’égalisation, allant très vite au sol (60e). Derrière, Giménez tentait sa chance avec une demi-volée qui passait au-dessus du cadre (61e). La rencontre commençait ensuite à se hacher de façon conséquente, avec des interruptions assez fréquentes. Ce qui faisait forcément les affaires du Real Madrid, avec un Atlético qui sortait un peu de son match. Griezmann, pas au top ce soir, était remplacé par Le Normand (70e). Le chrono défilait, et les Merengues contrôlaient bien le match. L’entrée de Modric avait fait du bien au niveau du contrôle du jeu, il faut le dire. L’Atlético donnait même l’impression de se satisfaire de cette courte défaite, et la rencontre s’est terminée sur cette victoire 2-1 en faveur du Real Madrid alors que dans le temps additionnel, Vinicius et Modric auraient pu faire le break. Rendez-vous au Metropolitano dans une semaine !
L’homme du match : Brahim Diaz (7,5) : remplaçant numérique de Bellingham, suspendu, dans le 11 de départ, Brahim Diaz a probablement été le Madrilène le plus en vue ce soir. Constamment proche du jeu pour proposer une solution en attaque face au bloc bas de l’Atlético, il a été appliqué sur chacune de ses prises de balle. L’ancien Milanais s’est presque offert un pressing payant qui l’aurait envoyé au but (40e). Finalement, Brahim est récompensé de sa prestation majuscule par un but qu’il s’est construit tout seul, éliminant Gimenez avant de frapper au sol dans le petit filet de Jan Oblak (55e). Remplacé par Endryck (89e), venu apporter un peu de vitesse dans les dernières minutes.
Real Madrid
- Courtois (5) : très peu mis en danger, le portier belge ne peut rien sur la frappe sublime d’Alvarez (32e), mais s’est montré impérial sur une tentative croisée très dangereuse d’Antoine Griezmann (60e) pour protéger le court avantage d’un but des Merengues.
- Valverde (6) : l’Uruguayen a été le patron vocal et technique de la défense merengue. Dès le coup d’envoi, il a été brillant distillant une ouverture parfaite vers Rodrygo pour ouvrir le score (4e), avant de se muer en sauveur à deux reprises devant son propre but (20e, 26e). Avec le ballon, sa productivité était celle d’un vrai milieu de terrain, ce qui montre la versatilité de celui qui a commencé comme capitaine avant de céder sans sourciller le brassard à Luka Modric lors de l’entrée en jeu du Croate.
- Asencio (5) : mal placé sur une énorme occasion madrilène, sauvée du bout du pied par Federico Valverde (26e), Asencio a montré du bon et du moins bon durant cette rencontre, revenant notamment avec autorité sur un Julian Alvarez qui filait au but (75e). Moins en vue que d’habitude, le jeune Espagnol a été plutôt sobre à la relance, passant souvent par Valverde pour ressortir les ballons chauds.
- Rudiger (6) : Antonio Rudiger a fait du Rudiger. En mettant beaucoup d’intensité physique, il a souvent accompagné Antoine Griezmann individuellement dès que le Français entrait dans les trente derniers mètres du Real Madrid. Offensivement, il s’est montré par une frappe sèche qui est passée au-dessus du but en fin de première mi-temps, symbole de la frustration d’un Real Madrid qui était dans le dur après l’égalisation de leur rival. Sa deuxième mi-temps a été cependant impeccable dans les interventions défensives comme dans l’utilisation du ballon.
- Mendy (4,5) : trop facilement débordé par Simeone sur la première occasion de l’Atléti (27e), l’international français a semblé balbutier son football chaque fois que son vis-à-vis venait le presser. Une faiblesse que l’Atlético a su cibler, déclenchant souvent un intense pressing sur Ferland Mendy, heureusement pour le Real Madrid sans conséquence. Avec le ballon, il s’est un peu plus montré dans les trente dernières minutes, une fois que Vinicius a commencé à déserter le couloir gauche, mais sans grande réussite.
- Camavinga (6) : titulaire plus ou moins surprise dans l’entrejeu madrilène, l’ancien Rennais a été le poumon de son équipe, comblant souvent les espaces laissés vacants par ses coéquipiers sur les contres fulgurants de l’Atlético de Madrid. Malheureusement, le fait de jeu principal de sa première période est d’avoir été battu par Alvarez sur l’égalisation de l’Argentin (33e). Remplacé par Luka Modric (62e), qui a pris le brassard de capitaine et s’est beaucoup montré balle au pied pour fluidifier le jeu du Real.
- Tchouameni (4,5) : très neutre dans sa participation au jeu, il n’a que trop peu réussi à créer des différences par la passe vers le but adverse. Sans le ballon, il a eu du mal à contenir les accélérations en contre-attaque de Rodrigo de Paul et Pablo Barrios. S’il n’a pas commis d’erreur majeure, il n’a pas marqué beaucoup de points pour faire taire ses détracteurs, de plus en plus nombreux du côté de Madrid…
- Diaz (7,5) : voir ci-dessus.
- Vincius (4,5) : attendu au tournant, l’international brésilien a été plus que brouillon pendant toute la rencontre. S’il avait pourtant bien commencé, avec un très bon une deux avec Brahim Diaz l’envoyant buter contre Jan Oblak (13e), son match a été une succession de dribbles imprécis et de courses sans saveur, ne créant pas forcément de décalage dans la ligne défensive des Colchoneros. À l’image de son compère de l’attaque Mbappé, sa rencontre est à oublier au plus vite.
- Rodrygo (6,5) : dès le coup d’envoi, Javi Galan a compris qu’il allait vivre un enfer. Intenable dans son couloir droit, son explosivité était de trop pour Galan, qui est débordé après seulement trois minutes de jeu, permettant à l’ailier brésilien d’ajuster Oblak d’une somptueuse frappe croisée (4e). Quelques minutes plus tard, il aurait pu provoquer un penalty après une nouvelle course dans le dos de son vis-à-vis, sans réussite (6e). Au fil de la rencontre, l’Atlético lui a assigné plusieurs joueurs au marquage en même temps pour diminuer son influence, ce qui l’a souvent privé le ballon après la demi-heure de jeu, sans forcément l’empêcher de créer des décalages.
- Mbappé (4) : le buteur français a été fantomatique, d’abord dans la surface en première mi-temps, ou il n’a pas réussi à être suffisamment servi, puis dans ses déplacements loin du but en seconde période. Sa seule frappe, une tentative écrasée depuis l’entrée de la surface (49e) est symbolique de l’impuissance de Kylian Mbappé dans cette rencontre. En fin de rencontre, il est mis dans les meilleures conditions, mais rate complètement une passe pourtant facile vers Vinicius (90e).
Atlético de Madrid
- Oblak (5,5) : cueilli à froid par le tir croisé de Rodrygo sur lequel il ne peut pas grand-chose (4e), le gardien a su rassurer une défense, relativement peu sollicitée tout au long de cette soirée. Vigilant sur ce coup franc rentrant de Rodrygo (28e), il s’interpose sans difficulté sur ce tir en angle fermé de Valverde (45e+1) et préserve les siens sur cette dernière tentative de Modric (90e+1). Le Slovène est allé chercher quelques ballons dans les airs mais doit s’incliner une seconde fois ce soir d’une frappe croisée hors de portée de Brahim Diaz (55e), comme sur le premier but.
- Llorente (5,5) : les combinaisons entre Vinicius et ses coéquipiers l’ont parfois mis en difficulté (13e), mais, heureusement pour lui, il n’y en a pas eu tant que ça. Pas toujours impeccable pour relancer, l’Espagnol a vécu une soirée étrangement calme. Serein défensivement, il ne s’est pas pour autant montré offensivement. Un coup franc concédé évitable (28e) et une intervention importante devant Camavinga dans la zone de vérité (50e), il sauve aussi les siens sur ce service de Mbappé à destination de Vinicius (90e+1).
- Giménez (5) : son début de rencontre est plutôt satisfaisant avec deux interventions efficaces sur Vinicius, avant de se sacrifier sur une frappe du Brésilien dans la surface (13e). Sur certaines séquences, on aurait presque cru avoir retrouvé l’Uruguayen des grandes années où il est parfois venu chercher Mbappé plus haut et a quasiment tout repoussé une fois le ballon dans sa zone dans la surface. Malheureusement, sa passivité devant le dribble de Brahim Diaz coûte cher (55e), comme cette glissade aurait pu avoir le même tarif (90e+1). Il se précipite sur cette belle occasion (60e).
- Lenglet (6) : on comprend mieux pourquoi le Français est devenu titulaire dans cette équipe. Très tranquille dans ses prises de décision, l’ancien Barcelonais a su jouer simple et avec efficacité, même sur les légères phases de pressing adverse. Il n’a jamais été pris de vitesse par Mbappé et c’est globalement ce qu’il faut comprendre. Le Real Madrid a trop rarement été dangereux ce soir pour le mettre en difficulté. Un ballon chaud dégagé tout de même (73e).
- Galan (3) : ses premières minutes ont été un véritable supplice. Battu sur son côté par deux fois à la course par Rodrygo, qui a d’abord ouvert le score (4e) puis presque provoqué un penalty (6), l’ancien de la Real Sociedad a bien failli définitivement plomber les siens. La suite a tout de même été plus rassurante où il est monté un peu en régime, à défaut d’avoir été décisif. Son salut est surtout venu de la baisse de régime de Rodrygo et du Real.
- G. Simeone (4,5) : c’est bien le fils de son père. Aligné côté droit, le milieu de terrain a affiché sa grinta, sa faculté à courir, beaucoup même. Très combatif, il s’est efforcé, plutôt avec efficacité, de verrouiller son couloir face à Vinicius, à défaut d’être déterminant avec le ballon. Dans ce registre, il est tout de même moins à l’aise, à l’image de tir complètement raté (23e) et de ce centre au 3e poteau. Un bon centre tout de même pour Lino (26e). Il est tout de même un poil en retard pour défendre sur Diaz (55e). Remplacé par Molina (63e), plutôt discret sur la dernière demi-heure.
- De Paul (6) : le champion du monde 2022 a de nouveau confirmé son statut de patron du milieu de terrain à l’Atlético, où il est une vraie plaque tournante. Il sait tout faire, défendre, couvrir, donner le tempo, apporter le surnombre. L’Argentin a régulièrement fait du bien, soit en tirant son équipe de certains mauvais pas, dans la zone de Vinicius notamment (17e, 60e, 69e), soit en orientant le jeu vers l’avant (21e, 48e) et en offrant un centre dangereux (30e). Son mauvais contrôle dans la surface l’empêche de bien enchaîner (53e). Remplacé par Correa (75e).
- Barrios (4,5) : le jeune Espagnol souffre un peu de la comparaison avec son compère du milieu de terrain. Il fait à peu près tout moins bien. Bien sûr, il ne passe pas à côté de son match non plus mais il a toujours semblé un cran en dessous des autres. Il a eu du mal à contrôler Brahim Diaz (10e) dans l’entrejeu et est d’ailleurs en retard pour boucher l’angle de frappe du Marocain sur son but (55e). Le joueur de 21 ans a joué simple mais a souvent manqué de projections vers l’avant. Remplacé par Sorloth (75e).
- Lino (4) : on ne peut pas reprocher au Brésilien de compter ses efforts, notamment défensifs. Dans un couloir où Galan est complètement passé au travers en début de match, c’est à prendre en compte. En revanche, on l’a trop peu vu offensivement. Jamais il n’a pu se mettre en position pour amener de la qualité ou un surnombre si ce n’est sur cette opportunité où Valverde lui enlève une belle de but (26e). Remplacé par Gallagher (63e) dont l’entrée n’a pas donné grand-chose sur ce côté gauche. Il a d’ailleurs vite évolué dans l’axe du milieu après les autres changements.
- Griezmann (5) : l’attaquant est toujours essentiel à son équipe. Il s’est d’abord distingué par quelques retours défensifs qui ont soulagé (13e, 39e), puis a pris le jeu à son compte. Ses déplacements et son jeu en une touche ont fait avancer son équipe sur le terrain et il aurait pu marquer sans ce bel arrêt de Courtois (60e) mais globalement dans un match avec un tel enjeu et un joueur de son calibre, ce fut insuffisant. Le Français n’est pas parvenu à se mettre en évidence si ce n’est à de rares moments. C’est sans doute pour cela qu’il a cédé sa place à Le Normand (71e) pour finir avec une défense à trois.
- Alvarez (6) : devant, c’est le monsieur plus des Colchoneros. Mobile et disponible pour les siens (17e), il a passé une première partie de rencontre discrète avant de signer le geste de la soirée, une incroyable frappe enroulée à l’angle de la surface côté gauche après avoir remporté son duel avec Camavinga (32e). Ce but formidable n’a en revanche pas suffi pour faire basculer une rencontre où il aura finalement peu tenté. Il a fini sur le côté droit, puis le côté gauche d’un 3-5-2 de son équipe.
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