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PSG, Portugal : l’éclatante prise de pouvoir de l’anti-star Vitinha

Pièce maîtresse du milieu de terrain parisiens, Vitinha est tout aussi précieux pour le Portugal. Là-bas, on est tout simplement bluffé par le talent et les qualités de l’ancien joueur du Sporting CP.

Par Dahbia Hattabi
6 min.
Vitinha @Maxppp

«Le meilleur joueur portugais du moment.» Pour A Bola, il n’y a pas de débat, Vitinha est actuellement le meilleur footballeur lusitanien en activité. Une sacrée performance dans un pays de football où le quintuple Ballon d’Or Cristiano Ronaldo (40 ans) a longtemps régné sans partage. Mais le joueur d’Al-Nassr s’est fait voler la vedette par le milieu de terrain de poche d’1m72. Et la taille n’est plus un souci quand on a un talent pareil. «Il faut rendre hommage à Vítor Ferreira, à qui on a dit qu’il était trop petit ou pas très intense. Luis Enrique l’a appelé "le milieu de terrain parfait" et je ne comprends pas pourquoi il n’est pas le joueur parfait», a écrit A Bola à son sujet après son match XXL contre Liverpool en 1/8e de finale retour la semaine dernière. L’ancien joueur du Sporting CP avait d’ailleurs avoué être trop fatigué pour célébrer la qualification en 1/4 de finale à Anfield.

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Un milieu voire un joueur "parfait"

Un stade où il a illuminé le match de son talent, lui qui a d’ailleurs réalisé un record selon Opta avec 212 passes réalisées des deux pieds. «Vitinha a plus de raisons que quiconque d’être trop fatigué pour célébrer. Le milieu de terrain portugais a réalisé une nouvelle excellente performance et seuls les arrêts de Donnarumma sur penalty l’ont privé du titre plus que mérité d’homme du match. Ce n’est pas seulement la façon dont il fait jouer le PSG, c’est aussi la façon dont il ne laisse pas les autres jouer. (…) C’est drôle de voir le PSG sans Messi ni Neymar et maintenant Mbappé devenir une meilleure équipe, sous la baguette d’un Portugais qui a entendu plusieurs fois dans sa carrière qu’il était trop petit ou pas très puissant pour ce poste», a écrit la rédactrice en chef d’A Bola, Catarina Pereira, dans un billet consacré au joueur parisien.

Elle a ajouté ensuite : «j’espère qu’il y a beaucoup de gens à Wolverhampton qui le regrettent et que Sérgio Conceição doute déjà qu’il ait été judicieux de commencer la saison avec Bruno Costa comme titulaire au lieu de Vitinha. Mais j’espère surtout que le milieu de terrain/joueur parfait recevra la reconnaissance qu’il mérite. Qu’à chaque touche de balle de Vitinha, il y a un Thierry Henry qui se rend compte qu’il s’agit d’un autre niveau, d’un sport que peu de gens peuvent pratiquer. Et ne cessons jamais d’apprécier ce talent national, car après ce match, Vitinha pouvait à peine célébrer, mais son football parfumé ne nous fatiguera jamais. Nous sommes proches de la trêve internationale et Vitinha va rejoindre d’autres stars. À ce stade, vous pourriez même entrer dans la Cité du Football avec le sentiment que vous êtes probablement le meilleur joueur portugais actuel.»

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Paris et le Portugal se frottent les mains

Thierry Henry est également sous le charme. « Vitinha désolé, mais il joue un sport différent. Ce n’est pas le même football. Vous savez, quand un joueur est capable de contrôler le tempo et le rythme du jeu, ça doit aussi compter. Il est unique. Il occupe un poste de pivot vital pour nous. Il ne perd pas le ballon. Il est doué dans les passes, fort physiquement, mentalement, il marque. Il incarne le milieu de terrain parfait.» Arne Slot n’est pas loin de penser la même chose, lui qui a confié avant le match retour face à Paris : «avant, Luis Enrique avait Xavi et Iniesta au Barça. Aujourd’hui il a Vitinha et João Neves au PSG.» Très apprécié par Luis Enrique, qui lui avait d’ailleurs confié la responsabilité de tirer les pénaltys en début de saison; le natif de Santo Tirso est l’un des joueurs les plus utilisés par l’Asturien. Cette saison, il a déjà participé à 39 rencontres toutes compétitions confondues (6 buts, 2 assists).

En sélection, le nom de Vitinha est certainement l’un des premiers noms inscrits par Roberto Martinez. Le technicien espagnol est, lui aussi, impressionné par le milieu de 25 ans. « Je pense que Vitinha est désormais le maestro du football européen. J’aime vraiment ça, mais ce n’est pas une nouveauté. Vitinha était déjà l’homme du match contre la République tchèque, lors du Championnat d’Europe. Nous avons déjà vu Nuno Mendes jouer à un poste différent, que le club utilise désormais également. Il est très important de voir les joueurs grandir dans les espaces du club, mais aussi par rapport à ce qu’ils font en équipe nationale. Nous sommes très fiers », a salué le sélectionneur national, qui a tenu à rappeler que c’est au Portugal qu’on a vu pour la première fois le duo Vitinha-João Neves à l’oeuvre avant de briller dans la Ville Lumière.

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Un milieu de poche qui a tout d’un grand

«J’ai adoré la performance du PSG et de nos joueurs, mais il faut se rappeler que le duo Vitinha et João Neves a débuté en équipe nationale, avant le PSG. Nous parlons d’Alvalade. Juin 2024. C’est la première fois que nous avons vu et ressenti une alchimie particulière. Mais maintenant, nous parlons d’un duo de haut niveau. C’est un contexte différent, nous avons des joueurs différents et il faut équilibrer le onze. Pour un entraîneur et une équipe technique, c’est fantastique de voir la performance de nos joueurs en Ligue des champions.» Comme lui, Dani Silva est ébloui par le talent de ce joueur de l’ombre. Avant la rencontre face au Danemark demain en 1/4 de finale de la Ligue des Nations, il a fait l’éloge de son compatriote et ami de la génération 2000 avec lequel il a perdu la finale de l’Euro U19 en 2019 face à l’Espagne.

«Je m’attendais à cette trajectoire et j’espérais qu’elle arriverait plus tôt en raison des qualités qu’il montrait déjà à l’époque. C’est un grand ami et il va très bien maintenant, cela ne fait aucun doute. À ce moment-là, j’oserais dire qu’il est le meilleur joueur portugais actuel. Il joue plus ou moins au même poste que moi et j’ai toujours du plaisir à le regarder jouer. João Neves, Vitinha, Bruno Fernandes, João Palhinha et Matheus Nunes se complètent très bien et je pense que dans les cinq, six, sept prochaines années nous serons protégés en termes de milieux de terrain, mais le Portugal a une équipe très complète — à la fois sur les ailes et dans l’espace central — et des jeunes joueurs partout, qui se battront pour gagner à chaque match.» Homme discret et travailleur de l’ombre, Vitinha (25 sélections) a enfin les projecteurs braqués sur lui que ce soit à Paris ou au Portugal, comme partout en Europe. Demain, c’est au Danemark qu’on risque d’entendre parler cette fierté nationale et parisienne.

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