Eliminatoires CM - Afrique

Pourquoi le Maroc attire presque tous les binationaux

En quelques semaines, le Maroc a officialisé les arrivées de plusieurs joueurs binationaux. Une réussite dans ce domaine qui est le fruit d’un gros travail de la fédération marocaine depuis plusieurs années maintenant.

Par Hanif Ben Berkane
5 min.
Amine Adli, Ilyes Housni, Ilias Akhomach et Sofiane Diop @Maxppp

Ces dernières années, la guerre des binationaux fait rage entre les nations européennes et africaines. Les fédérations s’arrachent les joueurs de plus en plus tôt et du côté du continent africain, un pays se distingue sur ce sujet : le Maroc. Depuis de longues années, les Lions de l’Atlas ont développé une stratégie efficace pour attirer les binationaux et ainsi renforcer leurs équipes dans toutes les catégories. Et ces derniers jours, le demi-finaliste du dernier Mondial au Qatar a encore frappé fort en attirant plusieurs noms. Outre Amine Adli, attaquant d’Espoir de l’équipe de France, qui a choisi de jouer pour le Maroc il y a quelques mois déjà, la FRMF a aussi accueilli Sofiane Diop l’attaquant de Nice. Dans les catégories U23, le Maroc a aussi chipé le capitaine U19 de l’Espagne Ilias Akhomach et la jeune pépite du PSG Ilyes Housni. Le seul échec pour le Maroc, et pas des moindres, il est vrai, reste le cas Lamine Yamal qui a décidé de jouer pour la Roja.

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L’exception qui confirme la règle tant le Maroc est devenu encore plus attractif que certaines sélections européennes. Il faut dire que les moyens sont mis à disposition pour être convaincant. D’abord sportivement. Le récent parcours des hommes de Walid Regragui à la Coupe du Monde ont permis de montrer qu’il était possible de rêver grand en rejoignant les Lions de l’Atlas. Et ça attire forcément des joueurs qui peuvent donc se dire qu’ils seront capables de disputer un Mondial et d’être compétitif dans cette compétition. Et l’excellent parcours du Maroc a d’ailleurs aussi convaincu d’autres joueurs de rejoindre d’autres sélections. « C’est vrai que quand j’ai vu le Maroc à la Coupe du monde, ça m’a fait réfléchir. Je me suis dit : “Pourquoi pas moi avec l’Algérie ?”» confiait récemment Amine Gouiri au quotidien l’Équipe pour expliquer son choix de jouer pour les Fennecs.

Des conditions XXL, des contacts très tôt

Pour avoir de sérieux arguments au moment de convaincre certains joueurs, le Maroc a décidé de s’y prendre tôt, très tôt. Et il a été l’un des premiers pays d’Afrique, si ce n’est le premier, a entré en contact avec les joueurs dès leur plus jeune âge. La fédération marocaine, à travers ses différents scouts, n’hésite pas à nouer des premiers contacts pour présenter un projet. De quoi aussi convaincre l’entourage des joueurs du sérieux des démarches. Et surtout, les joueurs sont suivis au quotidien pour établir une relation de confiance. Et cela porte ses fruits puisque désormais, certains jeunes n’hésitent pas à snober des sélections comme l’Espagne, la Belgique, les Pays-Bas ou l’Italie pour rejoindre les catégories de jeunes du Maroc dès les U15/U17.

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Autre argument qui joue en la faveur du Maroc : ses infrastructures. Sur ordre du Roi Mohammed 6, la fédération marocaine avait investi un gros budget pour construire un centre digne des plus grands clubs du monde. Et le centre technique Maamora, impressionnant de modernité, permet aux joueurs d’être dans d’excellentes conditions lorsqu’ils rejoignent l’équipe nationale. « Au Maroc, ils ont le meilleur centre technique du monde. Largement. C’est phénoménal. Les terrains, le médical, l’hôtel, la piscine, le restaurant… c’est cinq fois mieux qu’à Clairefontaine», expliquait l’ancien sélectionneur Vahid Halilhodzic dans un entretien pour So Foot. Même son de cloche pour Sadio Mané qui avait passé quelques jours pour s’entraîner dans ce centre. «Honnêtement, je suis ébahi par ce centre technique. Ça doit être vu par tout le monde. C’est magnifique. Je ne savais pas qu’on avait ce genre de complexe en Afrique. Le Maroc n’a rien à envier aux autres pays. J’ai été surpris d’une façon agréable et exceptionnelle de ce que je viens de voir. J’ai fait pas mal de grands clubs et je n’avais jamais vu ça»

Un vrai lien entre toutes les catégories

Il y a quelques années, pour convaincre certains joueurs de les rejoindre, le Maroc décidait de les convoquer directement en équipe première là où les sélections européennes, bien plus armés, les gardaient en équipe de jeunes. Depuis quelque temps, le Maroc insiste pour envoyer d’abord les joueurs dans les catégories inférieurs et créer une forme de continuité. Le cas d’Ismael Bennacer avait d’ailleurs bien illustré cette politique risquée à court terme mais bénéfique sur le long terme. Avant qu’il explose au plus haut niveau, le milieu de l’AC Milan était proche de représenter le Maroc, pays de son père. Mais alors que les Lions de l’Atlas proposaient qu’il rejoigne les U23 dans un premier temps, il a été convoqué directement en A par l’Algérie, ce qui l’a convaincu. Mais pour un échec, il y a dix réussites, car le Maroc réussi à convaincre en présentant un projet clair et encadré en envoyant parfois directement le président de la FRMF Faouzi Lekjaa ou Walid Regragui négocier.

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Désormais, les jeunes n’hésitent pas à passer dans les équipes U17/U20/U23, car ils savent ce que c’est une passerelle vers l’équipe A. Le Maroc s’est d’ailleurs inspiré du modèle français et du lien fort entre les A et les Espoirs. Preuve récente, plusieurs joueurs de l’équipe marocaine gagnante de la CAN U23 (en 2023) ont rejoint dans la foulée l’équipe A (Amir Richardson, convoité par la France en jeunes et les USA, Ismael Saibari, Oussama El Azzouzi pour ne citer qu’eux). Preuve que la porte est ouverte. Et forcément, quand cela se passe bien, les retours sont forcément bons et cela peut convaincre d’autres joueurs. Avant de décider de renoncer à porter le maillot de l’Espagne, Ilias Akhomach (Villarreal, capitaine U19 de l’Espagne) a beaucoup échangé avec ses amis proches Chadi Riad (Betis, formé au Barça) et Omar El Hilali (Espanyol). Les deux joueurs qui jouent pour le Maroc ont plusieurs fois fait un appel du pied à leur ami, surtout au moment du sacre final lors de la CAN U23. Cela aurait aussi pu être le cas de Lamine Yamal proche d’Adam Aznou (Bayern Munich) qui a opté pour le Maroc. Mais la star montante du FC Barcelone a choisi l’Espagne. Le choix aussi de sa mère, qui gère ses intérêts et qui poussait pour que son fils choisisse la Roja, notamment pour des questions de négociations de gros contrats avec certaines marques. Dans les prochains mois, d’autres joueurs pourraient débarquer sous les couleurs du Maroc alors que la FRMF ne s’est jamais caché d’échanger avec Brahim Diaz (Real Madrid, Eliesse Ben Seghir (Monaco) ou Mohamed-Ali Cho (Real Sociedad).

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