Liga : la journée de la honte
Après les énormes intempéries qui ont frappé plusieurs régions de l’Espagne, beaucoup avaient demandé le report de la journée de Liga. Sans succès…
C’est une situation désolante que vivent certains villages de la région de Valence. Alors que les autorités ont pour l’instant recensé 214 décès, tout le monde redoute que les chiffres augmentent en flèche au fur et mesure que les équipes de secours dégagent les nombreuses voitures éparpillées dans les rues et évacuent les garages, parkings et sous-sols encore recouverts d’eau. Si tout le pays se mobilise pour aider les victimes et des milliers de voisins ont mis la main dans le cambouis pour nettoyer les rues et apporter de l’aide alimentaire dans les coins les plus sinistrés, les Espagnols attendent des actions de leur gouvernement qui tardent clairement à venir…
Et forcément, nos voisins, pourtant férus de football d’habitude, n’ont clairement pas la tête au sport en ce moment. La rencontre entre Valence et le Real Madrid a logiquement été reportée, tout comme le match entre Levante et Malaga en deuxième division. Mais le reste de la journée de Liga va se jouer normalement, ce qui provoque l’indignation de beaucoup de monde outre-Pyrénées. « Jouer ce week-end, ça n’a aucun sens. Quelque chose de très grave est en train de se passer, beaucoup de gens souffrent. Je suis très triste », a par exemple lancé Diego Simeone, entraîneur de l’Atlético de Madrid. Et l’Argentin n’était clairement pas le seul à être de cet avis-là.
La Liga a pris une décision polémique
« Cette journée ne devrait pas être jouée. D’autres collègues en ont parlé, mais je le redis, il fallait suspendre la journée », a lancé Pepe Bordalas, coach de Getafe. « Jouer ce match n’avait ni queue ni tête », expliquait de son côté Luis Garcia Plaza, coach d’Alavés, après la victoire de son équipe contre Majorque (1-0) vendredi. « Dans ces situations, il ne devrait pas y avoir de matchs », a pour sa part affirmé Pablo Maffeo, joueur de Majorque. Et des avis similaires, il y en a énormément. De même du côté des supporters et des utilisateurs des réseaux sociaux. De son côté, la Liga a expliqué avoir envisagé de suspendre la journée, mais a finalement décidé de la maintenir. « La même chose qui se passe pour les travailleurs de tout le pays », explique une source du championnat à Sport.
« Nous pensons que dans la terrible situation que nous vivons en Espagne, le meilleur message est de ne pas s’arrêter, sauf dans les zones touchées. Le meilleur message est d’être en première ligne dans notre travail, comme tous les travailleurs des autres secteurs, en donnant de la visibilité, en générant des ressources et en expliquant au monde que nous devons tous être sur le pont pour avancer », a d’ailleurs écrit Javier Tebas, président du championnat, sur les réseaux sociaux. Les réactions des utilisateurs en disent long sur la non-popularité de cette décision. Lors du match entre Girona et Leganés samedi, plusieurs joueurs comme le latéral Miguel Gutierrez ont tenu à rendre hommage aux victimes lors des célébrations des buts. « Le match le plus difficile de ma vie. Je n’aurais pas joué. Mon ami Henry a perdu sa mère, le courant l’a emportée et ils la cherchent encore », confiait Gutierrez en larmes après le match. Une douleur partagée par un pays en deuil et pour qui le football passe, pour une fois, au dernier plan…
En savoir plus sur