Espagne - Croatie : les notes du match
L'Espagne peut pousser un grand ouf de soulagement. Peinant à retrouver la fluidité légendaire de son jeu, la Roja assure l'essentiel et valide sa place en quarts de finale en venant à bout in extremis de la Croatie (1-0).

Place au groupe C de ce Championnat d'Europe des Nations, avec en tête d'affiche la confrontation opposant l'Espagne à la Croatie. Et si la domination territoriale de la Roja n'est pas une surprise, les joueurs ibériques ne parviennent pas à trouver la faille au sein d'une défense au damier parfaitement organisée. Il faut ainsi attendre que Torres (23e) fasse une belle percée en solitaire ponctuée d'un tir en angle fermé pour que les débats s'animent un peu. Piqué (24e) lui emboite le pas, mais sa tentative lointaine est vaine. La bande à Bilic répond du tac-o-tac, et la frappe de Pranjic (25e) trouve les gants d'un Casillas vigilant. Et puis... C'est tout pour cette première mi-temps, la sélection espagnole ne parvenant pas à prendre en défaut un bloc croate des plus solides.
Et au retour des vestiaires, c'est la Croatie qui est à deux doigts d'ouvrir la marque ! Sur le côté droit, Modric joue parfaitement le coup et adresse un centre somptueux au second poteau pour la tête de Rakitic (59e). Et il faut un Casillas de gala pour sauver le coup. La Roja est à la dérive, se montrant stérile offensivement et laissant des espaces sur les contres de l'équipe au damier. Perisic (79e) se retrouve par exemple seul au second poteau, et sa volée trouve encore une fois un Casillas décidément exceptionnel. L'Espagne se reprend quelque peu par l'intermédiaire d'Iniesta (83e), dont le tir est dévié en corner par Pletikosa. Et alors que la Croatie tente le tout pour le tout, la Roja finit par marquer. Fabregas offre une merveille de louche à Iniesta, qui décale son coéquipier Jesus Navas (89e), qui n'a plus qu'à pousser le ballon au fond des filets. Une réalisation qui prêtera à débat, sans doute entachée d'un hors-jeu. Score final 1-0, les champions du monde s'en sortent sans vraiment briller, mais valident leur place en quarts de finale. C'est bien là le principal.
L'homme du match : Luka Modric (8) : la Croatie possède avec lui un chef d'orchestre d'exception. Facile balle au pied, techniquement doué, il a amorcé la plupart des offensives croates et n'a perdu son premier ballon qu'au bout d'une demi-heure ! Précis dans son jeu de passes, vif et lucide à la fois, il a presque réussi tout ce qu'il a tenté. On peut regretter un petit manque d'initiative face au but mais il offre à Rakitic une occasion en or d'un superbe centre de l'extérieur du droit, malheureusement pour lui, Casillas faisait bonne garde (59e).
Espagne :
Casillas (7) : San Iker n'a assurément pas usurpé son surnom. Comme souvent, le dernier rempart s'est avéré être impeccable tout au long de la partie. Serein sur ses sorties aériennes, il n'a pas eu énormément d'arrêts à faire, mais a fait le spectacle grâce à un arrêt réflexe sur un coup de tête à bout portant de Rakitic (59e). A encore brillé ensuite devant Perisic (79e). La marque des plus grands.
Arbeloa (5) : solide, le latéral a plutôt bien tenu la baraque défensivement, ne se faisant que très rarement malmener par son adversaire direct. A en revanche paru parfois en délicatesse en phase offensive, moins à l'aise que la plupart de ses coéquipiers ballon au pied, malgré une bonne volonté très clairement affichée.
Piqué (6,5) : le fiancé de Shakira a été impeccable dans ce match. Rarement pris à défaut, il a systématiquement pris le dessus sur ses vis-à-vis, faisant étalage de tout son talent grâce à son sens de l’anticipation et ses relances propres. S'est même offert quelques montées ballon au pied et un tir lointain, preuve qu'il était en jambes.
Ramos (5) : ce n'était vraiment pas le Sergio Ramos des grands soirs. D'ordinaire si tranchant, le défenseur central a ce coup-ci alterné le bon et le médiocre, peinant à être régulier. Quelques erreurs de placement, qui n'ont heureusement pour les Espagnols pas porté préjudice à l'équipe.
Alba (5) : tout comme Arbeloa, l'arrière gauche a affiché une bonne volonté dans ce match, n'hésitant pas à prendre son couloir dès que possible pour apporter le surnombre. Et s'il a été plus à son avantage que le latéral droit offensivement, il a en revanche laissé quelques boulevards défensivement, se relâchant parfois au moment de se repositionner.
Busquets (5,5) : la sentinelle du milieu de terrain de la Roja a fait le métier, sans plus. À défaut de se montrer transcendant, le joueur a tenu son rang, restant bien placé devant sa défense centrale et compensant les trous laissés parfois par ses coéquipiers. S'est un peu plus lâché sur la fin, s'incorporant plus souvent aux actions offensives espagnoles.
Xabi Alonso (4,5) : si l'Espagne a peiné dans l'entrejeu, c'est aussi du fait de la prestation plus que mitigée de Xabi Alonso. Ayant pour habitude d'éclairer le jeu de son équipe grâce à son sens des transversales toujours parfaitement maîtrisées, le milieu de terrain n'a pas eu le rendement escompté.
Xavi (5,5) : le maître à jouer ibérique n'a pas fait de fioritures. Sans être exceptionnel, le meneur de jeu a joué sobrement, toujours aussi efficace dans son jeu de passes courtes, alternant comme il se doit jeu court-jeu long. Remplacé par Negredo (90e).
Iniesta (5) : les matches passent, et les prestations du taulier espagnol sont à chaque fois moins convaincantes. Brillant de mille feux contre l'Italie, le joueur avait été plutôt bon contre l'Irlande, avant de se montrer ce coup-ci très clairement en dedans. Bien moins en verve qu'à l'accoutumée, le feu follet n'a jamais été en mesure de faire la différence, lui qui donne habituellement le tournis à ses adversaires. Qu'à cela ne tienne, il sauve son match en adressant la passe décisive pour Jesus Navas.
Silva (6,5) : le milieu offensif de poche a éclairé la première mi-temps de toute sa classe. Étincelant lors du premier acte, il a donné le tempo, trouvant constamment ses partenaires grâces à ses passes exceptionnelles. Mais il a baissé de pied au retour des vestiaires, bien moins en vue à la reprise. Dommage. Remplacé par Fabregas (72e), qui est à l'origine du but espagnol.
Torres (4) : étincelant contre l'Irlande, El Niño semblait reparti vers les sommets. Il n'en fut rien ce soir, lui qui n'a eu que très peu de ballons à se mettre sous la dent. Il a tenté sa chance en angle fermé (23e), mais ce fut bien trop peu pour inquiéter une défense croate bien organisée. Une prestation qui ne restera pas dans les annales. Remplacé par Jesus Navas (60e) dont l'entrée s'est avérée décisive, lui qui a marqué le seul et unique but du match.
Croatie :
Pletikosa (6) : auteur d'un match solide même si les occasions espagnoles n'ont pas été légions, il a stoppé toutes les tentatives adverses jusqu'à ce but malheureux vraisemblablement entaché d'un hors jeu et sur lequel il ne peut rien. Il a mis en échec à tour de rôle Iniesta (12e), Torres (23e, 52e), Ramos (24e) et Silva (30e) qui ont été parmi les rares Espagnols à réussir à s'approcher de sa surface.
Strinic (5) : solide dans l'ensemble, il a plutôt bien tenu son couloir même s'il a alterné le bon et le moins bon face à un David Silva inspiré. S'il a réussi à gratter quelques ballons, il en a perdu d'autres, parfois bêtement (22e), heureusement pour lui sans conséquence. Un peu plus entreprenant en seconde période, il écope d'un avertissement pour une faute sur Silva (53e).
Schildenfeld (7) : si on a craint qu'il souffre de sa relative lenteur face à la vivacité des attaquants espagnols, on a eu tort. Il a su compenser son manque de vitesse par un sens de l'anticipation et du placement étonnant et une très bonne lecture des trajectoires. Solide au duel, généreux dans l'effort, il a dominé sa surface de la tête et des épaules et s'est distingué par quelques interventions tranchantes face à Torres (7e) et Silva (34e, 41e).
Corluka (7) : à l'instar de son compère en défense centrale, il a imposé sa puissance et son jeu de tête pour perturber les offensives espagnoles. Impeccable dans ses interventions, il a défendu le plus souvent debout, ce qui ne l'a pas empêché d'écoper d'un carton jaune pour contestation suite à une intervention musclée de Ramos sur Mandzukic (27e).
Vida (5) : avec Iniesta dans sa zone, on lui promettait une soirée mouvementée. Par bonheur pour lui, le Barcelonais n'était pas dans un grand soir et n'a pas été aussi tranchant que lors des matches précédents. Il s'est appliqué à bien défendre et en a même profité pour récupérer quelques ballons dans les pieds espagnols. Remplacé par Jelavic (66e)
Vukojevic (5) : plus discret que son partenaire au milieu, on l'a senti moins solide et moins déterminé même si sa deuxième période a été bien meilleure que la première. Malgré quelques ballons grattés ici et là, sa prestation a été beaucoup moins aboutie.
Rakitic (7) : un ballon perdu d'entrée de match (1e) aura été sa seule erreur. Étonnant d'abnégation et de solidité, il a récupéré un nombre important de ballons dans les pieds espagnols et mis une intensité incroyable dans son pressing tout au long de la rencontre. Il a eu la balle de la qualification au bout de la tête à la réception d'un centre millimétré de Modric mais Casillas a sorti le grand jeu (59e).
Modric (8) : voir ci-dessus.
Srna (7) : capitaine exemplaire, il n'a jamais rien laché sur son côté droit. Solide au duel, il a subtilisé bon nombre de ballons dans les pieds d'Iniesta et de Jordi Alba avant de multiplier les petites fautes pour ralentir la circulation espagnole. Averti pour accumulation de fautes (44e), il se distingue encore par un retour salvateur sur Fabregas qui filait au but (79e).
Pranjic (5) : un match plein de bonne volonté pour le joueur du Bayern Munich même s'il s'est souvent retrouvé isolé sur son côté gauche. Un bon pressing pour gêner la relance adverse, quelques accélérations bien senties mais peu suivies par ses partenaires et une bonne frappe pied gauche bien captée par Casillas. Remplacé par Perisic (66e) auteur d'une excellente frappe (78e).
Mandzukic (5) : sevré de ballons et isolé, il a exploité tant bien que mal les rares munitions qu'il a eu à sa disposition. Puissant, athlétique, il a pesé sur la défense espagnole par son jeu dos au but mais ne s'est procuré que de trop rares occasions dont cette frappe en pivot trop enlevée qui n'inquiète pas Casillas (25e).
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