Éliminatoires Euro

Albanie : la revanche inattendue de Sylvinho

Nommé sélectionneur de l’Albanie en début d’année, le Brésilien est bien parti pour envoyer les Rouge et Noir à l’Euro. Une belle revanche.

Par Matthieu Margueritte
4 min.
Sylvinho @Maxppp

C’est l’histoire d’une revanche pour le moins inattendue. Retraité des terrains depuis la saison 2009/2010, Sylvinho a rapidement choisi de rester au contact du ballon rond en démarrant une carrière d’entraîneur adjoint à Cruzeiro. Une expérience qui l’a fait passer par les Corinthians, l’Inter et la sélection nationale brésilienne. En 2019, il enlève sa casquette de numéro 2 pour mettre celle d’entraîneur principal. Une nouvelle carrière entamée du côté de l’Olympique Lyonnais où un certain Juninho l’a convaincu de venir. Mais l’aventure française a viré au fiasco, Sylvinho étant viré cinq mois à peine après son arrivée chez les Gones. Deux ans plus tard, il est rentré au pays pour reprendre du poil de la bête à la tête des Corinthians. Mais là encore, ça s’est mal fini. Lui et sa famille ont été la cible d’insultes répétées des supporters paulistes et Sylvinho a fini par partir neuf mois plus tard. Janvier 2023, c’est au tour de l’Albanie de lui tendre la main. Le poste n’est pas le plus bling-bling du métier, mais le Brésilien n’a pas hésité une seconde avant d’accepter cette mission.

La suite après cette publicité

« On ne peut pas tout prévoir et j’y ai vu une très bonne opportunité. Certains jeunes entraîneurs travaillent également avec des équipes nationales. Je constate une tendance avec de jeunes entraîneurs prenant en charge des fédérations et des équipes nationales et développent leur travail. J’ai toujours vu d’un bon œil le choix que nous avons fait ici en Albanie. J’avais déjà passé quatre ou cinq ans à vivre en Italie et à parler italien. Le premier dîner avec le président (de la fédération albanaise, ndlr), tout s’est fait en italien. À la fédération, je fais des allers-retours entre l’italien et l’anglais. (…) J’ai déjà parlé à 30 joueurs, de tous les joueurs que j’ai visités, avec qui j’ai regardé des matches ou avec qui j’ai parlé lors d’appels vidéo, je n’ai pas eu besoin d’un traducteur. Parler avec un Albanais qui joue au Portugal, moi Brésilien, en portugais du Portugal, c’est extraordinaire ! Nous avons deux athlètes portugais qui arrivent en ce moment. Ce sont des choses riches qui se produisent sur le plan culturel et je les chéris », avait-il confié en juin dernier à Globoesporte.

L’Euro 2024 se rapproche

Depuis, la success-story est en marche. Après une première défaite face à la Pologne (0-1) en mars dernier, l’Albanie a enchaîné trois victoires et un match nul. Ce week-end, les Rouge et Noir ont même pris leur revanche sur la bande de Robert Lewandowski (2-0). Un succès de prestige. En effet, après une série de huit défaites consécutives face au rival rouge et blanc, l’Albanie n’avait plus battu les Polonais depuis 1953. Une victoire qui plonge Fernando Santos (ex-sélectionneur du Portugal) et la Pologne (4e du groupe) dans la crise. « J’ai félicité tous les joueurs, ceux qui ont commencé le match, ceux qui sont entrés en jeu et ceux qui n’ont pas pu jouer, mais qui ont tout donné à l’entraînement. Nous avons construit une équipe forte qui joue avec le cœur et l’âme et nous le méritons. Je voudrais féliciter tous les supporters qui étaient présents au stade. Ils ont été tout simplement merveilleux en créant une atmosphère fantastique pour nous, ce qui nous a beaucoup aidés. C’est une victoire pour tout le peuple albanais. Nous méritions ce résultat », s’est réjoui Sylvinho.

La suite après cette publicité

Grâce à ce succès d’estime, l’Albanie est première du groupe E avec 10 points, soit deux de plus que la République tchèque (qui a un match en moins) et la Moldavie. 68e du classement FIFA et jamais qualifiée pour une Coupe du Monde, l’Albanie pourrait bien décrocher le deuxième billet de son histoire pour un Euro, après sa participation à l’édition française en 2016 (troisième du groupe de la France, derrière la Suisse). Le 12 octobre prochain, elle pourrait même pratiquement sceller son destin à l’occasion du choc face aux Tchèques. « À la fin, je leur ai dit que ce n’était pas encore fini. Nous avons trois finales devant nous et nous devons continuer comme ça », a conclu un Sylvinho dont les performances surprennent au Brésil qui ne s’attendait pas à voir l’homme tant décrié des Corinthiens rebondir de la sorte.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité
Copié dans le presse-papier