Coupe du Monde 2018 : quels leaders pour l’équipe de France ?

Par Matthieu Margueritte - Dahbia Hattabi
6 min.
Pogba, nouveau leader des Bleus ? @Maxppp

Samedi, l'équipe de France affronte l'Argentine en huitièmes de finale de la Coupe du Monde. Un match où les Bleus devront montrer du caractère. Mais Didier Deschamps semble manquer d'hommes qui peuvent justement apporter ce leadership qui fait cruellement défaut aux Tricolores.

L'image a fait le tour du monde mardi. Une scène surréaliste où l'on voit Jorge Sampaoli, le sélectionneur de l'Argentine en délicatesse avec son groupe, venir demander à Lionel Messi s'il doit faire entrer ou non Kun Agüero lors du match face au Nigéria. Difficile d'imaginer ce genre de choses avec l'équipe de France, prochain adversaire de l'Albiceleste samedi en huitième de finale du Mondial. Outre le fait que Didier Deschamps a totalement la main sur son groupe, il n'y a pas vraiment de leader naturel qui se dégage aujourd'hui au sein de l'équipe de France. Dimanche dernier en conférence de presse, Paul Pogba a de nouveau avoué qu'il manquait d'un homme de caractère à l'image de Patrice Evra, venu d'ailleurs rendre visite aux Bleus à Istra le même jour. «Il y a des patrons sur et en dehors du terrain. On avait un grand patron, une légende en équipe de France pour moi: Evra. C'était vraiment le patron sur et en dehors du terrain. C'est à lui que je pensais. Il manque peut-être un patron comme lui. Mais après, chacun sa personnalité. Je pense qu'il n'y pas de patron sur et en dehors du terrain comme l'était Evra. Mais bien sûr qu'il y a des patrons: Hugo (Lloris) en est un, Blaise (Matuidi), Steve (Mandanda)...»

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Blaise Matuidi avait d'ailleurs expliqué qu'il n'était pas du même avis que le joueur de Manchester United. «C’est ce qu’il pense. Peut-être qu’il a raison (en réponse à l'interview de Pogba dans France Football où il clamait vouloir être le leader des Bleus, ndlr). Ce que je peux vous dire, c’est qu’on parle dans le vestiaire, que ce soit moi, Hugo (Lloris), le capitaine, ou Rapha. Après, cela veut dire quoi leader ? Pour moi, N’Golo Kanté est un leader. Pourtant, il ne parle pas, mais, sur le terrain, il montre le chemin. Leader, ce n’est pas seulement être un aboyeur. Il faut de tout et on a tout ce qu’il faut dans le groupe». Thomas Lemar est d'accord avec le Juventino. «Non, je ne pense pas (qu’il manque d’un leader sur le terrain pour rameuter tout le monde). Après peut-être que vous ne le voyez pas, mais il y a des plus anciens qui ont déjà un vécu, qui nous parlent beaucoup. Donc ce n’est pas parce qu’ils ne crient pas, ne haussent pas la voix que ça ne nous touche pas. Contrairement à ce que vous pouvez pensez, nous avons des leaders et ils font passer le message. Ils sont écoutés».

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Des cadres, pas des leaders

Quels leaders justement ? Hugo Lloris (capitaine), Blaise Matuidi et Raphaël Varane sont perçus ainsi par Deschamps et son staff. Le joueur du Real Madrid, réputé pour son calme, semble être plus un leader défensif qu'un vrai patron. Pourtant, il a expliqué prendre ses responsabilités dans le groupe. «J’ai toujours l’habitude de parler beaucoup avant les matches, à tout le monde mais surtout aux joueurs qui sont les plus proches de moi sur le terrain. J’essaye aussi de motiver au maximum mes partenaires, de parler, d’échanger». Considéré comme le bras droit de DD dans le vestiaire et sur le terrain, Matuidi demeure l'un des éléments les plus expérimentés. Mais le milieu, qui a débuté le Mondial sur le banc, est dans une situation où il doit gagner sa place dans le onze. En n'étant pas forcément sur le terrain, difficile de remplir totalement ce rôle. Enfin, de par son poste et surtout sa personnalité très discrète, Hugo Lloris n'incarne pas vraiment l'image du patron qu'on attend. On se souvient tous du discours fédérateur de Patrice Evra dans le vestiaire du Vélodrome avant d'affronter l'Allemagne. Le latéral gauche avait transmis sa rage à ses coéquipiers dont il avait l'attention, contrairement à Lloris.

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Mais pour Varane, le gardien tricolore est le leader de cette sélection. «Hugo c’est un capitaine discret, il n’attire pas la lumière, ne cherche pas à être mis en avant. Il est respecté par tout le monde. On cherche souvent des patrons mais c’est lui le patron, c’est lui le capitaine. C’est un leader qui quand il parle ne va pas élever la voix, mais il est écouté, respecté. On est contents de l’avoir. Il a des qualités qui sont flagrantes». Le leadership n'est pas celle qui saute aux yeux au premier abord. À écouter la plupart des joueurs, ce n'est pas forcément l'attitude, le caractère qui fait d'un joueur un patron. « C’est un leader à sa manière, il est tellement précieux dans la récupération et l’utilisation du ballon. C’est lui qui tient l’équilibre, c’est un élément important. », a indiqué Hugo Lloris au sujet de N'Golo Kanté. Si le joueur de Chelsea est indispensable, il est lui aussi un élément très discret. Antoine Griezmann pourrait l'être. Mais en plus de fuir ce rôle, la star de l'Atlético de Madrid vit une Coupe du Monde très compliquée sur le plan personnel. Parmi tous les Bleus, Paul Pogba semble être celui qui est le plus à même d'endosser cette responsabilité aujourd'hui.

Pogba, nouveau patron des Bleus ?

Ce qu'il était prêt à faire comme il l'avait confié à France Football avant la Coupe du Monde. « À un moment, il faut savoir. Paul doit être patron, oui, les gens en dehors le pensent, moi aussi. Je suis un des plus anciens avec Deschamps. Je veux être patron de l’équipe de France. Mais ce n’est pas que moi. » Il y a quelques jours, le milieu français a répété qu'il se sentait prêt à avoir plus de poids au sein de la sélection. «Patron, ce n'est pas à moi de le dire, je pense. Je fais mon boulot sur le terrain. Ce sont les gens qui regardent qui jugeront (...) Je suis prêt à tout donner pour l'équipe de France. Être un leader, pourquoi pas. Mais ça, tu ne le dis. Ça vient automatiquement, naturellement. On a le même objectif. Si je râle sur un joueur, c'est pour son bien, et vice-versa. On veut gagner. Si je dois booster tout le monde, je vais le faire». Et c'est le cas sur le terrain. Plutôt bon lors de ses deux premiers matches, Pogba est aussi très impliqué dans le groupe. Face au Pérou, on l'a vu souvent encourager, parler à ses coéquipiers notamment Pavard. Il est aussi l'un des joueurs qui prend souvent la parole face aux médias en zone mixte après les rencontres.

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Ses coéquipiers sont plutôt pour comme Thomas Lemar, qui avoue qu'il est déjà un leader à sa façon. «En dehors du terrain, il est comme d’habitude avec nous. Il nous encadre, il est souriant. Il nous conseille et ça se voit sur le terrain. On voit que c’est un garçon qui aime prendre des responsabilités. Il le fait plutôt bien sur ce début de compétition. On espère que ça va continuer pour lui et pour nous tout au long du tournoi». Blaise Matuidi n'est pas non plus contre cette idée. «Si Paul pense qu’il peut avoir ce rôle-là, tant mieux. On lui souhaite de faire le maximum et d’en faire toujours plus pour nous aider à gagner. Il en a la capacité». La France se cherche donc un nouveau leader, qui apporte un état d'esprit de guerrier à une formation plutôt jeune qui manque parfois de caractère. En attendant, Didier Deschamps assure ce rôle. C'était le cas à la mi-temps de France-Australie à Kazan. Aucun joueur n'avait pris la parole dans le vestiaire pour essayer de remotiver les troupes. C'est le sélectionneur des Bleus qui avait secoué ses hommes d'après L'équipe. «Élevez le rythme ! Allez les chercher plus haut et allez-y ensemble !», aurait-il dit à une troupe qui est toujours en quête d'un vrai patron !

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