Pourquoi le projet fou de Newcastle ne mène à rien

Par Aurélien Léger-Moëc
4 min.
La joie des fans de Newcastle devant le stade après le rachat @Maxppp

Qualifié de club le plus riche du monde après son rachat par le fonds d’investissement saoudien il y a 3 ans, Newcastle était annoncé comme une sérieuse menace pour les cadors anglais. Trois ans plus tard, il se contente visiblement d’un rôle d’outsider, et ne peut même pas pleinement profiter des finances de son actionnaire principal.

Il y a trois ans, quasiment jour pour jour, Newcastle était racheté par le Fonds public d’investissement saoudien (PIF) et redonnait espoir à tous ses supporters. Celui de revenir sur le devant de la scène, alors qu’il était embarqué dans une saison galère. Première mission, accrocher le maintien en Premier League. Puis s’imposer comme l’une des places fortes du championnat anglais sur la durée. Pour cela, des investissements massifs ont été consentis, avec plus de 500 M€ déboursés sur le marché des transferts. Pas forcément pour recruter des stars déjà établies.

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C’était d’ailleurs l’une des surprises de la nouvelle gouvernance. Beaucoup en Angleterre redoutaient un nouveau Manchester City, avec un club adossé à un État qui peut dépenser sans compter pour recruter les meilleurs joueurs du monde. On y annonçait Mohamed Salah, Neymar ou João Félix. On a finalement eu droit à Bruno Guimarães, Sven Botman, Alexander Isak ou Anthony Gordon. Une stratégie qui a d’abord porté ses fruits, avec Eddie Howe sur le banc de touche, puisque les Magpies ont terminé la saison suivante à la 4e place, qualificative pour la Ligue des champions. Mais depuis, la belle progression s’est enrayée. Et les causes sont multiples, comme l’explique le Daily Telegraph.

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Le fair-play financier a coupé l’herbe sous le pied

Premier point, le Profit and Sustainability Rules (PSR, le fair-play financier anglais) a vite éteint tout espoir de folie des grandeurs. Il a été mis en place peu de temps après le rachat de Newcastle. Conséquence, le club était tout proche de se faire sanctionner en juin dernier, et il a fallu quelques micmacs, notamment avec Nottingham Forest, pour équilibrer un peu les comptes. Limité par ce PSR strict, Newcastle ne peut donc pas profiter pleinement de son statut de club le plus riche du monde. Pire, aujourd’hui, n’importe quel joueur de l’effectif pourrait être vendu pour rester dans les clous financiers.

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Deuxième point soulevé par le Daily Telegraph, l’impossibilité, pour l’instant, de s’appuyer sur des sponsorings dérivés de l’actionnaire majoritaire. Deux sponsors proviennent d’Arabie saoudite, Sela et Noon, et rapportent respectivement 30 M€ et 7,7 M€ par an. Les dirigeants regardent attentivement ce qu’il se passe actuellement avec Manchester City, qui défend notamment la possibilité de transactions entre parties associées. À l’heure actuelle, Newcastle est limité et ne peut pas bénéficier de contrats de sponsoring lucratifs liés à certaines entreprises saoudiennes. Ils en ont développé d’autres, mais cela ne lui permet pas d’intégrer le haut du panier en Angleterre.

Des revenus encore loin du top anglais

Là où le PSG a su s’imposer et devenir une marque mondiale, développant un maximum de ressources différentes, Newcastle n’est pas encore un mastodonte. Ses revenus commerciaux ont quand même augmenté (250 millions de livres en 2022-2023), mais le placent seulement au 7e rang en Angleterre, bien loin d’Arsenal (465 millions de livres) et surtout de Manchester United (661 millions de livres). Septième, c’est aussi le classement obtenu lors de la dernière saison de Premier League, ce qui ne lui a pas permis d’accéder à l’Europe.

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Troisième ombre au tableau, le fait que Newcastle ne soit même pas la priorité de son investisseur. Si le PIF avait communiqué initialement sur sa volonté de développer le club, tout heureux de mettre un pied en Premier League, il n’a pas spécialement envie d’en faire plus, et se contente de le voir se battre pour l’instant dans le premier tiers du classement. Une autre preuve d’une forme de désintérêt de l’Arabie saoudite pour Newcastle : lorsque le danger d’une sanction du PSR était imminent en juin dernier, il n’y a pas eu d’opération sauvetage via des clubs du championnat saoudien pour acheter un joueur à une somme déraisonnable. Les 27 M€ payés pour Saint-Maximin ont été l’exception, bien loin de certains achats effectués ailleurs. Pourtant, il s’agit là d’une faille repérée dans les règles du PSR, qui aurait permis à Newcastle de réinvestir massivement sur le marché des transferts.

Aujourd’hui, les rumeurs concernant le mercato de Newcastle concernent plus de potentiels départs, entre l’intérêt réciproque entre Gordon et Liverpool ou la crainte de perdre Bruno Guimarães à chaque fenêtre de transferts. Après trois ans de présence, le PIF a remis Newcastle dans la première partie de tableau, mais n’en a pas encore fait un protagoniste pour le titre. Et ce n’est visiblement pas la priorité de l’actionnaire, qui se contenterait largement d’une qualification pour la prochaine C1. Pas une mince affaire dans une Premier League plus compétitive que jamais.

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