Breel Embolo : « je n'ai peur de rien, j'ai de grosses attentes envers moi »
En quelques semaines seulement, Breel Embolo a mis tout le monde d’accord à Monaco. Avec 7 buts en Ligue 1 et un rôle de leader et d’encadrant dans une équipe très jeune, l’attaquant suisse est l’une des bonnes pioches du mercato estival en Ligue 1. Interrogé lors d’un tour de table organisé par le club de la Principauté, ce dernier a répondu à quelques-unes de nos questions. Rencontre avec un joueur sans filtre qui sait ce qu’il vaut, quelle est sa place et aussi où il veut aller.
Breel Embolo n’est pas forcément la recrue que l’on attendait sur le Rocher, surtout après la saison offensive réussie par le duo Ben Yedder-Volland et avec Myron Boadu en embuscade. Mais l’attaquant suisse recruté pour 12,5 M€ au Borussia Monchengladbach n’a pas mis longtemps à s’adapter à son nouvel environnement monégasque, lui qui possède l’avantage de parler parfaitement français. Mieux, dans la rotation instaurée par Philippe Clément depuis quelques semaines sur le front de l’attaque monégasque, il enchaîne les buts en Ligue 1 (7 buts en 14 matches) et figure déjà dans le top 10 des meilleurs buteurs du championnat.
Interrogé dans le cadre d’un tour de table organisé par l'AS Monaco, celui qui a été rapidement estampillé comme un grand espoir du football mondial depuis son plus jeune âge nous a confié sa joie et sa satisfaction d’être décisif avec l’ASM depuis son arrivée. « Je suis venu ici pour progresser. J'ai trouvé un groupe très solide, très compétitif. La fin de saison avec le Borussia Monchengladbach n'était pas aussi mal (ndlr : 9 buts et 29 matches de Bundesliga). J'ai bien enchaîné avec des buts et je suis vraiment heureux d’avoir pu ramener ça dans mon nouveau club », nous a-t-il expliqué avant de reconnaître qu’il avait encore beaucoup de choses à améliorer dans son jeu. « On peut voir que lors des 2-3 derniers matches, je n’étais pas encore à mon top top niveau. Au niveau de la concentration, sur des actions, il y a encore du travail à faire, mais je suis très content d'aider mon équipe à progresser, à gagner des matches, pas que avec des buts et des passes décisives. Aujourd'hui je ne me définis pas que dans la statistique pure mais dans tous les aspects d'un match en tant qu'attaquant, défenseur ou bien tactiquement. »
« Non, il n'est pas correct de dire que j'ai mis Wissam sur le banc »
Véritable monstre physique, l’ancien crack du FC Bâle assure que cette métamorphose physique n’est finalement que très récente. « Niveau physique, comme je le dis, j'ai vraiment changé il y a 3-4 ans. Après plusieurs blessures, j’ai pris beaucoup en termes de muscle et de volume et forcément après tu changes un peu de style de jeu, tu t'adaptes, tu évolues et tu joues avec tes qualités que j'essaie d’exploiter à 100 %. Pourtant, on me croit jamais quand je dis ça mais je ne cherche pas forcément les duels. Après c'est un peu naturel de penser le contraire quand on voit mon gabarit. » Kolasinac, Mbemba ou Gigot qui vont retrouver le bison suisse dimanche prochain lors de Monaco-OM sont donc prévenus. Le buteur suisse est en forme et a réussi à devenir incontournable sur le Rocher.
Mais attention, ne lui parlez pas de statut à Monaco ! Pour Embolo qui fait déjà parler son leadership naturel et sa soif de gagner dans le vestiaire de l’ASM, la réussite de l’attaque de Monaco est avant tout collective, surtout quand on lui demande ce qu’il ressent sur le fait qu’il a poussé Wissam Ben Yedder sur le banc des remplaçants. « Non, il n'est pas correct de dire que j'ai mis Wissam sur le banc parce que ce n’est pas vrai. C'est vraiment une rotation de 3-4 attaquants même si Myron a été un peu blessé ces dernières semaines », assure-t-il avant d’aller plus loin. « C'est vraiment cela que l'on veut faire. Lancer un ou plusieurs attaquants à chaque match avec le plus de confiance possible. Et ça se passe pas trop mal ces dernières semaines quand tu vois Kevin Volland qui claque un triplé en Europa League ou Wissam qui marque tout le temps, et moi aussi c'est quand même pas mal. On essaie offensivement de faire notre job au mieux, de faire gagner l'équipe, c'est ça le plus important et on a besoin de tout le monde. »
« Je sais que j’ai encore beaucoup de travail à faire »
Humble mais sûr de ses qualités, le n°36 de l’AS Monaco, par ailleurs auteur de 4 passes décisives depuis son arrivée (dont 2 en Ligue Europa) assume parfaitement son début de carrière en Allemagne et assure que tout son parcours passé a fait de lui l’attaquant qu’il est aujourd’hui… À savoir un joueur plein de talents mais avec une marge de progression énorme. « Je ne me suis jamais mis la pression. J'ai des objectifs très très hauts, je connais mes qualités, je ne les jamais oublié ou perdues de vue. Je sais que j'ai encore beaucoup de travail à faire. Je le répète toujours, car je ne suis toujours pas au plus proche du maximum de mes capacités. En terme de positionnement, je faisais des bons matches, mais il me manquait toujours quelque chose au niveau de la finition, ce petit but, ou ce petit geste extra, mais ça ne me touchait pas personnellement parce que j'étais fier de ma performance. À un moment, tu as cette responsabilité de marquer en tant qu'attaquant et c'était toujours mon but. J'avais cette faim mais ça change, tu grandis, tu arrives dans des équipes différentes », analyse celui qui refuse de se fixer un objectif de buts cette saison en Ligue 1.
«Il ne faut pas oublier que quand j'arrive en Allemagne j'ai que 18-19 ans et il y a des joueurs devant moi comme Choupo-Moting ou Huntelaar. Du coup, je ne crois pas que tout le monde attendait que j'arrive et que je claque 25 buts pour ma première saison. Aujourd'hui, on voit que j’enchaîne beaucoup de matches, j'ai complètement changé mon style de jeu aussi, ma façon de penser, les préparations avant et après les matches. C'est ça aussi avoir de l'expérience», poursuit, enfin, le gamin de Yaoundé, prêt à assumer la pression environnante. «Pendant ces dernières années, j'ai pu oublier ces blessures et me développer en tant qu'attaquant. J'ai essayé d'apprendre et ce qu'on voit ces dernières saisons, c'était des petits pas mais qui me ramenait aux attentes que les gens avaient envers moi. Je l'ai toujours dit, je n'ai peur de rien, j'ai de grosses attentes envers moi et je n’ai pas atteint mes limites». Une très bonne nouvelle pour l’AS Monaco mais aussi pour la Suisse qui aura bien besoin de son buteur dans quelques jours au Qatar pour le premier tour de la Coupe du Monde où la sélection helvète affrontera notamment le Brésil.
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