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L’Espagne s’indigne après les déclarations chocs de Luis Rubiales

Sitôt après le refus de Luis Rubiales de démissionner de son poste de président de la Fédération Espagnole de Football, et de ses propos, de nombreuses personnalités politiques et sportives se sont manifestées pour exprimer leur colère. L’affaire ne va pas en rester là.

Par Maxime Barbaud
4 min.
Luis Rubiales lors de l'assemblée générale extraordinaire de la RFEF @Maxppp

«Je ne vais pas démissionner, je ne vais pas démissionner!» Répété à 5 reprises, Luis Rubiales a bien fait comprendre à tout le monde qu’il était encore président de la fédération espagnole pour un moment encore. Devant un auditoire plutôt acquis à sa cause, et qui a fini par l’applaudir à la conclusion de son plaidoyer, celui qui fait front à la tempête médiatique depuis son baiser forcé sur les lèvres de Jennifer Hermoso a profité de sa prise de parole pour s’excuser. Il affirme également que ce geste était consenti par la capitaine espagnole, elle qui a pourtant réclamé des sanctions dans un communiqué publié il y a deux jours.

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«Je ne m’étais jamais comporté ainsi, l’émotion était grande. C’était un baiser spontané, mutuel, euphorique, consenti. C’est la clé. Oui, c’était consenti. Le désir que je pouvais avoir en donnant ce baiser était le même que celui que je pouvais avoir en embrassant ma fille, il n’y avait pas de domination ici.» Il a même utilisé la présence de ses deux filles dans la salle pour expliquer qu’elles étaient «le vrai féminisme.» Des explications pour le moins embarrassantes qui n’ont pas manqué de faire réagir en Espagne. Depuis ce midi, les réactions indignées fusent de toutes parts, alors que le parquet a ouvert une enquête pour agression sexuelle contre Rubiales.

Tebas s’en donne à cœur joie

Ennemi déclaré du président de la RFEF depuis de longues années, Tebas n’a pas tardé à s’expriler dans un communiqué au vitriole. «Insultes, bravades, chantages, menaces, espionnage et persécution, utilisation frauduleuse des instances fédérales, nous en souffrons et en avons dénoncé beaucoup : dans le football professionnel masculin et féminin, en futsal, dans les clubs de football amateurs, les associations de footballeurs, les présidents de collectivités, les présidents de Conseil Supérieur des Sports, les administrateurs, des ministres, des arbitres, des joueuses… La liste des femmes et des hommes lésés par Luis Rubiales ces dernières années est trop longue et cela doit cesser.»

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Au cours de son discours, Rubiales a promis de se venger en donnant rendez-vous à toutes celles et à tous ceux qui l’accusent depuis le week-end dernier. Ça ne semble pas vraiment effrayer les concerné(e)s, à commencer par Yolanda Díaz, ministre du Travail et de l’Économie sociale, lui demandant à nouveau de «démissionner maintenant» afin d’éviter au pays «l’embarras», avant d’ajouter de manière plus menaçante. «Le gouvernement doit agir et prendre des mesures urgentes.» «Rubiales cherche l’impunité», a pour sa part lâché la ministre à l’Égalité, Irene Montero, elle aussi dans le viseur du président de la fédération. «Aujourd’hui et plus que jamais, Jenni Hermoso, tu n’es pas seule.»

Le monde du football vole au secours d’Hermoso

Le milieu du football n’a pas tardé non plus à prendre la parole et a fustigé les propos de Rubiales. «C’est inacceptable. C’est fini. Je suis avec toi Jenni Hermoso», a écrit sur X (anciennement Twitter) Alexia Putellas, Ballon d’Or 2022 et championne du monde la semaine passée avec sa coéquipière. David De Gea s’est plaint d’avoir les «oreilles qui saignent», pendant qu’Iker Casillas, l’un des premiers à prendre la parole avec l’ancien gardien de Manchester United a parlé de «honte». Borja Iglesias (2 sélections) a lui carrément annoncé sa mise en retrait de l’équipe nationale en signe de protestation, tant que l’affaire en resterait là.

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Du côté des clubs, l’Espanyol puis le Barça ont publié un communiqué. Les Blaugranas condamnent «le comportement totalement inapproprié et regrettable lors de la célébration de la Coupe du Monde» de Rubiales. Dans le petit monde des instances, les choses bougent également. Sitôt après les propos de Rubiales, Rafael del Amo, président de la Commission Nationale du Football Féminin, a présenté sa démission, tandis que le pouvoir politique a déjà commencé à prendre des mesures. Le Conseil Supérieur des Sports (CSP), qui dépend du ministère de la Culture et des Sports, a déjà manifesté une attitude menaçante en indiquant qu’il enverrait toutes les plaintes reçues au Tribunal Arbitral du Sport. Le président du CSP, Víctor Francos, a d’ailleurs déjà convoqué une conférence de presse en fin de journée.

Luis Enrique se démarque

Les protestations de l’association des joueuses espagnoles ont donc déjà été entendues, elle qui demande au gouvernement de «prendre des mesures» après que «l’image du sport espagnol, tant au niveau national qu’international, a une fois de plus été gravement endommagée.» Force est de constater que l’affaire Rubiales fait malheureusement plus de bruit que le sacre mondial de l’équipe nationale. Finalement, le seul ou presque, qui ne condamne pas publiquement Rubiales se nomme Luis Enrique. «Le travail accompli par Rubiales a été exceptionnel. Les chiffres parlent d’eux-mêmes», explique en conférence de presse l’ancien sélectionneur de la Roja, désormais au PSG, préférant évoquer les résultats. «En ce qui concerne les derniers épisodes, je pense que le président a reconnu ses erreurs donc je pense que mon opinion n’est pas forcément utile sur ce plan-là. Sur sa décision de ne pas démissionner ? Ma réponse précédente reflète parfaitement ma vision sur cette affaire.»

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