Entretien avec… Bonaventure Kalou : « Mon plus grand regret, n’avoir rien gagné avec la Côte d’Ivoire »
Joueur passé par Auxerre et le Paris Saint-Germain, Bonaventure Kalou aura laissé une image plutôt satisfaisante dans le championnat de France de Ligue 1. Pour Foot Mercato, l'ancien milieu de terrain revient sur son parcours, sa nouvelle vie, et donne son point de vue sur le football français.
**Foot Mercato : Tout d'abord Bonaventure, comment allez-vous ?
Bonaventure Kalou :** Et bien je vais très bien, merci.
**FM : Après avoir raccroché les crampons, que devenez-vous aujourd'hui ?
BK :** Je travaille avec l'équipe nationale de Côte d'Ivoire et, en parallèle, je m'occupe de la carrière de mon petit frère.
**FM : En quoi consiste exactement votre rôle au sein de la sélection ?
BK :** Je suis un relais entre le président et l'entraîneur. Je suis en gros le chargé des missions du président de la Fédération.
**FM : La nomination de Sabri Lamouchi en tant que sélectionneur a fait énormément jaser. Qu'en avez-vous pensé ?
BK :** Une nomination fait toujours jaser, tout changement amène son lot de frustrés ou de joyeux. Je comprends la frustration de certaines personnes, mais je comprends aussi qu'à un moment donné on ait besoin de changement. C'est ce qui est arrivé, maintenant il faut laisser le temps à Sabri de faire ses preuves. On le jugera sur le terrain, je n'ai jamais été partisan des jugements a priori. C'est normal, on est dans un pays démocratique, chacun est libre de donner son opinion. Mais il y a des gens qui prennent des décisions, le président a fait un choix, je m'en tiens à ça. Le plus important, c'est que l'équipe nationale aille de l'avant.
**FM : L'arrivée de Sabri Lamouchi a suivi la défaite en finale de la CAN contre la Zambie. Ce revers vous laisse-t-il encore un goût amer ?
BK :** Oui, pour tout le monde. Échouer si près du but, pour la deuxième fois en quelques années, c'est comme une malédiction. Mais on se dit qu'on finira par y arriver. Je ne sais pas si cette défaite si près du but a provoqué le départ de Zahoui et l'arrivée de Lamouchi, mais je pense que Sabri va apporter énormément à l'équipe. Du fait de son expérience de joueur, il a une approche différente, il sait comment gérer un groupe et comment parler aux joueurs.
**FM : C'est d'autant plus frustrant que, sur le papier, la Côte d'Ivoire possède l'une des plus belles équipes de l'histoire du football africain. Quel est selon vous le potentiel réel de ces joueurs ?
BK :** Comme je le dis toujours et je ne cesse de le dire quand je suis avec l'équipe, le potentiel se voit dans les titres. Ce serait un gâchis énorme que de savoir qu'avec de tels joueurs, on n'ait pas pu remporter quelque chose. Ce serait difficile à accepter. Déjà, moi, même si j'ai gagné beaucoup de choses en club, mon plus grand regret est de n'avoir rien gagné avec mon pays. Maintenant, ils ont encore la chance de pouvoir le faire. C'est quelque chose d'énorme de gagner avec son club, mais gagner avec son pays c'est le plus important. Même si financièrement on n'y gagne moins, c'est plus important au niveau du prestige. C'est plus fort que tout, les joueurs et le staff en sont conscients. Notre heure de gloire n'est pas loin.
**FM : Et qui dit Côte d'Ivoire dit Didier Drogba. Que pourriez-vous nous dire que ce joueur, qui a décidé cet été de rejoindre Shanghai ?
BK :** Didier, c'est le symbole du football ivoirien, il n'y a rien à dire de plus (rires). C'est quelqu'un qui, au-delà de ce qu'il représente, a su rester lui-même. Il a toujours gardé les pieds sur terre, n'a jamais perdu le sens des réalités. Il est très précieux pour notre équipe, c'est un guide pour ses coéquipiers, c'est l'icône de notre football. Avec Chelsea, il a gagné la Ligue des Champions après plusieurs échecs. J'ose espérer qu'il en sera de même lors de la prochaine CAN, même s'il faut au préalable qu'on passe par le Sénégal, ce qui n'est pas gagné d'avance.
**FM : Pour en revenir à votre carrière de joueur, quel bilan faîtes-vous de votre parcours ?
BK :** Je suis satisfait de ma carrière, même si on peut toujours dire qu'on aurait pu mieux faire. Moi, je pars du principe que j'ai joué dans de grands clubs, que j'ai gagné des titres. Je me dis, des fois, que j'aurais pu faire beaucoup mieux. Mais bon, je pense avoir quand même fait énormément pour le football ivoirien, je pense avoir eu une carrière professionnelle assez remplie. Je suis donc satisfait.
**FM : Votre passage en France est forcément marqué par Auxerre et le PSG. Que pensez-vous de la situation actuelle de ces deux clubs ?
BK :** Pour Auxerre, ça a été un crève-cœur de les voir descendre. Auxerre, c'est mon club de cœur, c'est le club où je me suis fait connaitre en France. J'ai eu très mal au cœur en voyant ce club descendre après tant d'années passées en Ligue 1. Je suis avec eux, et je suis certain qu'ils sauront rebondir la saison prochaine. Le PSG achète et devient un grand club. Mais en même temps, ce ne sont pas les noms qui font le grand club, ce sont les titres. J'espère qu'ils en gagneront.
**FM : Êtes-vous surpris de voir que des joueurs de la dimension de Thiago Silva ou Zlatan Ibrahimovic débarquent en Ligue 1 ?
BK :** Ça ne m'étonne pas du tout. Le club a mis les moyens, et c'est tout bénéf pour le championnat français. Beaucoup de personnes qui ne le regardaient pas vont maintenant regarder. Quand vous avez des joueurs comme Zlatan, Thiago Silva, Lavezzi et Salomon Kalou à Lille, le championnat devient beaucoup plus attractif parce qu'il y a des noms.
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