Ce samedi, le Portugal s’est largement imposé face à la Turquie pour le compte de la deuxième journée du groupe F de l’Euro 2024 (0-3). Voilà les notes du festival portugais et de la désillusion turque.
Le Portugal avait besoin d’une performance ce soir à l’occasion de la 2e journée de la phase de groupes. Sa première mardi dernier contre la Tchéquie avait laissé plus de doutes que de certitudes malgré la victoire (2-1) arrachée en fin de match. Roberto Martinez décidait de changer ses plans contre une Turquie en confiance après son succès inaugural face à la Géorgie (3-1). Exit le 3-4-3 pour laisser place à un 4-2-3-1 mieux équilibré autour du double pivot Vitinha-Palhinha. Diogo Dalot faisait les frais de ce changement pour offrir le champ libre au joueur de Fulham. Les Turcs, eux, se présentaient avec le même onze et plus de repères.
Cela se faisait ressentir dans ces premières minutes, notamment dans la gestion des couloirs. La Seleção tâtonnait encore avec le passage de sa défense à 4. Nuno Mendes et Joao Cancelo ont bien failli le payer sur cette première incursion de Celik dont le centre vers Aktürkoglu au second poteau aurait dû faire mouche (5e). Passé cette grosse frayeur, les Portugais se mettaient en ordre de match et affichaient un jeu plus fluide qu’en début de semaine, à l’image des circuits de passes entre Vitinha et Bruno Fernandes. Autre signe qui ne trompait pas, ils trouvaient facilement Bernardo Silva et Rafael Leão sur les côtés. C’est d’ailleurs depuis les ailes qu’ils débloquaient la situation.
Akaydin s’offre le csc de l’Euro
Leão servait l’appel intérieur de Nuno Mendes pour mettre Bernardo Silva en position idéale à la conclusion (0-1, 22e). Après la reprise hors cadre de Bruno Fernandes (26e), la Turquie se sabordait en quelques instants. Après une mésentente entre Cancelo et Ronaldo, le ballon revenait à Akaydin, lequel pensait tranquillement orienter son gardien. Sauf que Bayindir avait déserté sa cage, et le cuir franchissait tranquillement la ligne de but, malgré le retour de Celik (0-2, 28e). Akturkoglu avait beau réveiller les siens sur cet exploit individuel, magnifiquement dévié par Diogo Costa (31e), la Turquie repartait au vestiaire sonnée par cette énorme bourde. Les coéquipiers d’un CR7 discret revenaient sur la pelouse sans Leão et Palhinha, les deux avertis en première période.
Avec Ruben Neves et Pedro Neto, le Portugal ne desserrait pas son étau et prenait même le large. Le quintuple Ballon d’Or profitait du mauvais alignement de la défense pour servir Bruno Fernandes, seul face au but (0-3, 54e). Avec cette 7e offrande, le joueur d’Al-Nassr devenait au passage le meilleur passeur de l’histoire de l’Euro. Remplaçant héroïque face à la Géorgie, l’entrée du Petit Prince Arda Güler, incertain avant le match, ne suffisait pas à relancer la sélection du Croissant-Etoilé. Le score aurait même pu être plus large sans cette tête ratée par Ronaldo (66e), et si Bernardo Silva avait pu devancer la sortie de Bayindir (88e) et conclure ce dernier mouvement (90e). La Seleção se contentera de ce succès autoritaire. Elle fait coup double en prenant la tête de la poule F et son ticket pour les 8es de finale.
L’homme du match : Bernardo Silva (7,5) : critiqué à juste titre pour des performances en dents de scie sous les couleurs portugaises, le joueur de City tient peut-être son match référence. Son premier lors d’une grande compétition avec le Portugal et également la première fois qu’il est titulaire dans un grand tournoi (Euro et Coupe du monde confondus). Outre cette anomalie rectifiée, l’ancien Monégasque a brillé techniquement. Ne se précipitant pas dans ses choix, il a été très juste et a su faire la différence technique par des petits gestes dont lui seul a le secret. Un peu plus brouillon en seconde période, il a pourtant avalé les kilomètres et s’est toujours démené à créer quelques chose pour aller de l’avant. Plus attaché à ses missions défensives par la suite, il a brillé en se démenant et en mouillant le maillot pour conserver l’avantage portugais. De bon augure pour la suite de la compétition des Portugais.
Turquie
- Bayindir (3,5) : choisi pour être le gardien titulaire à la place de Mert Günok, le joueur de Manchester United a eu une partie délicate. Il n’a pu intervenir sur le premier but, mais il est fautif sur le second. En sortant sur une possible passe en retrait anodine, son défenseur l’a trompé et a envoyé sa passe dans le but vide, permettant aux Portugais de doubler la mise. Face à deux attaquants portugais, il n’a pas réussi à éviter le troisième but. Il n’a effectué qu’un seul arrêt, les trois autres frappes ayant terminé en but.
- Celik (4) : intéressant en début de match équilibré, l’ancien joueur du LOSC a pu s’offrir quelques montées. Il a essayé de délivrer un très bon centre, sans qu’il soit bien repris par ses attaquants. Après cette première occasion du match, le défenseur de la Roma est resté concentré sur ses tâches défensives. Il a donné trop de liberté à Rafael Leão, son ancien coéquipier à Lille, qui s’est trop souvent engouffré dans la surface turque après un duel face à lui (17e). En deuxième mi-temps, il a été fautif sur son positionnement lors du troisième but en couvrant Cristiano Ronaldo (56e).
- Akaydin (3,5) : le défenseur central a été engagé mais défaillant à trop de reprises dans le match. Sur une mésentente avec son gardien, il a envoyé le ballon dans son propre but sur une passe, permettant au Portugal de breaker. Il a eu plusieurs duels face à Rafael Leão (38e). Il est bien intervenu une première fois (38e) avant de commettre une faute sur un tacle glissé (43e). Il a réalisé une meilleure fin de match avec quelques interventions délicates bien gérées. Merih Demiral (75e) l’a suppléé après s’être blessé. Demiral a parfaitement contré un tir de Bernardo Silva qui aurait pu faire mouche.
- Bardakci (4,5) : sans Ozan Kabak, le joueur de Galatasaray a manqué de repères. Son positionnement a souvent été en décalage par rapport à ses coéquipiers. Il a cependant bien géré son duel avec Cristiano Ronaldo, qui a rarement pu se retourner face au jeu. Il a bloqué quelques frappes, mais ses relances ont été trop imprécises, causant des pertes de balles précoces.
- Kadioglu (5) : le très mobile arrière gauche du Fenerbahçe a été le meilleur défenseur turc aujourd’hui. Il a bien jailli dans les pieds des attaquants portugais à plusieurs reprises. Cependant, ses premières passes ont souvent manqué de précision, ce qui n’a pas favorisé un jeu rapide. Il a bien bloqué Bernardo Silva à l’extérieur, mais le milieu offensif portugais a trop fréquemment pu repiquer dans l’axe.
- Calhanoglu (5) : star de cette équipe turque, le joueur de l’Inter a été esseulé dans l’entrejeu. Dans ses ressortis de balle, il a été intéressant, mettant souvent ses coéquipiers dans les meilleures conditions pour contre-attaquer. Sa frappe n’a pas été assez appuyée pour inquiéter le gardien portugais (41e). Il a manqué d’influence au milieu de terrain. Sa créativité a fait défaut dans cette équipe turque trop insipide.
- Ayhan (4,5) : le joueur de Galatasaray a mis de l’intensité dans son pressing en début de match avant de faiblir assez rapidement après l’ouverture du score. Son agressivité a parfois frôlé les limites du raisonnable, comme contre Joao Palhinha (19e). Malgré de nombreux efforts au milieu de terrain, il n’a pas su faire la différence par ses passes, trop rares. Il a cédé sa place à Ismail Yüksek (58e), qui a davantage distribué le jeu en fin de match lorsque l’équipe était plus haute sur le terrain.
- Akgun (3,5) : titularisé en tant qu’ailier droit, le jeu a plutôt penché de l’autre côté. Il n’a pas réussi à mettre sa vitesse balle au pied au profit de son équipe, si ce n’est sur une contre-attaque où il a été stoppé illicitement avant la mi-temps (45e). Arda Güler (70e) l’a remplacé dans une partie déjà scellée, apportant une qualité technique qui manquait à la Turquie.
- Kokcu (4) : positionné en numéro 10, le joueur du Benfica Lisbonne faisait face à des Portugais qu’il connaît bien. Il s’est proposé plusieurs fois en profondeur. Bien servi par Hakan Çalhanoğlu, il n’a pas réussi à faire la différence en face-à-face contre Pepe. Sur l’action suivante, le milieu offensif, revenu défendre, a été trop court dans son dégagement, ce qui a coûté le but de l’ouverture du score. Il a cédé sa place à Yusuf Yazıcı (46e, 4) à la mi-temps. Le Lillois n’a pas offert davantage de possibilités, même en proposant plus de profondeur à cette équipe. Il a loupé quelques contrôles dommageables.
- Akturkoglu (5,5) : positionné sur l’aile gauche de l’attaque turque, le joueur de Galatasaray a eu la première occasion du match. Sur un excellent centre de Zeki Çelik, il a devancé Joao Cancelo mais a échoué à bien reprendre le centre au second poteau. Attaquant le plus en vue de l’équipe turque, il a mis à contribution Diogo Costa après s’être faufilé dans la surface (31e). Après un début de deuxième période plus discret, Kenan Yıldız (58e) l’a remplacé. La pépite de la Juventus de Turin a été plus précise dans la passe, mais moins percutante.
- Yilmaz (3,5) : l’attaquant de pointe de Galatasaray a été transparent cet après-midi. Il a manqué d’activité sur le front d’attaque et n’a été servi qu’à de rares occasions. Lorsque les Turcs ont réussi à créer un peu de danger, c’était plus sur les côtés. Il a réussi à prendre Pepe une seule fois dans son dos, mais cela n’a rien donné (66e).
Portugal
- Diogo Costa (6) : le gardien de Porto a été très rassurant ce soir. Peu sollicité lors de la première rencontre, il a eu un peu plus de travail cet après-midi. Une mission relevée avec brio pour le portier de 24 ans qui a terminé la rencontre avec trois arrêts et plusieurs relances assurées. Un bon match.
- Cancelo (5) : en première période, il a été le Portugais le plus en difficulté. Dépassé en permanence par le très remuant Aktürkoglu, le joueur du Barça n’a pas eu l’apport offensif escompté. Pire encore, le peu de fois où il s’est aventuré dans la moitié de terrain adverse, il a pêché via une qualité technique défaillante qui justifie son nombre important de ballons perdus. Plus conquérant en seconde période, l’ancien du Bayern Munich a montré du mieux, mais cela reste encore Remplacé par Nélson Semedo à la 68e minute.
- Pepe (7) : le doyen de la compétition a encore répondu présent. Toujours aussi important dans l’arrière-garde des hommes de Roberto Martinez, le numéro 3 portugais a fait l’étalage de toutes ses qualités de défenseur. Rarement pris à revers par la vitesse, il a été impérial sur les duels et n’a pas pris de risques dans la relance. Grâce à tout cela, avec un zeste d’expérience qui lui a permis de gratter quelques ballons, Pepe a passé une rencontre tranquille, à l’instar de son Portugal. Remplacé par Antonio Silva à la 83e minute de jeu.
- Ruben Dias (6) : le défenseur de City n’a pas eu un travail de dingue à produire ce samedi. Peu inquiété face à des profils moins athlétiques que le sien, il a peu été mis en danger via le duel physique ou par la vitesse. Pouvant parfois faire mieux à la relance, il a globalement réalisé un match propre.
- Nuno Mendes (6) : très en vue face à la République Tchèque lors de la victoire poussive du Portugal pour son entrée en lice, le défenseur gauche du PSG a été l’auteur d’une première période de qualité. Combatif, il a gratté plusieurs ballons et s’est rué offensivement où il a constamment apporté une solution de choix à Leao sur son couloir gauche. Tenant son rang défensivement, il a raté quelques gestes simples en seconde période et a perdu trop de ballons dus à des prises de risques bêtes.
- Palhinha (5) : réhabilité dans le onze portugais après sa mise sur le banc face à la Tchéquie, la sentinelle de Fulham a fait ce qu’elle sait faire de mieux. Sobre sur ses passes, il n’a pas pris de risques et n’a rien raté dans ce registre. Moins tranchant à la récupération qu’à l’accoutumée, il a réalisé une performance assez quelconque et, averti à la 45e minute, il a été remplacé à la pause par Ruben Neves (4,5). Le milieu d’Al-Hilal n’a pas brillé et s’est illustré par plusieurs pertes de balles évitables. Une entrée nulle.
- Vitinha (6) : très intéressant lors du premier match face à la Tchéquie, le Parisien a été moins rayonnant ce samedi. Ayant cette fâcheuse tendance à faire la touche de trop alors qu’il pourrait accélérer le tempo, le petit Vitor a assuré ses transmissions et s’est contenté de conserver le ballon avec propreté. Au gré des minutes, il s’est affirmé comme l’un des meilleurs Portugais en étant à la récupération et souvent à l’abordage de la surface adverse. Un match satisfaisant. Remplacé par Joao Neves à la 88e minute.
- Bruno Fernandes (6) : garantie technique et de la gestion du ballon dans l’entrejeu de la Seleção das Quinas, le métronome de Manchester United n’a pas fait de grandes différences en première période. Brouillon, il a même manqué d’inspiration pour éviter des pertes de balles évitables. Ratant quelques fantaisies, il a parfois été agaçant durant la rencontre alors qu’il aurait pu faire mieux plus facilement. Son premier but dans le but vide réhausse sa note mais il doit faire mieux dans les prochaines échéances.
- Bernardo Silva (7,5) : voir ci-dessus.
- Cristiano Ronaldo (6) : en première période, la légende du football avait de quoi être frustré. Ayant de bonnes idées, il a souvent raté des gestes faciles pour un joueur de sa grandeur (2e, 8e, 66e). Pour autant, leader de cette équipe, il n’a pas été servi comme il le souhaitait en première période et plusieurs incompréhensions avec ses coéquipiers l’ont frustré. Malgré un mécontentement passager, CR7 est resté pleinement investi et s’est illustré par son altruisme sur le troisième but des Portugais lorsqu’il a servi Bruno Fernandes face au but vide (3-0, 56e). Une action collective qui lui a permis de devenir le meilleur passeur de l’histoire de l’Euro (8 offrandes). Valeureux, il a essayé de débloquer son compteur dans cette compétition, mais a surtout œuvré à faire participer ses coéquipiers à la fête (90e). En vain malgré plusieurs intentions intéressantes.
- Rafael Leão (4,5) : un match compliqué pour le Milanais. Alors que l’on sent qu’il peut faire la différence de tellement de manières, l’ancien Lillois n’a que trop rarement pris de vitesse Zeki Celik, son ancien coéquipier chez les Dogues. Perdant de nombreux ballons, il a réussi aucun de ses quatre dribbles et il n’a pas amené le danger via le centre. Averti à la 39e minute pour une supposée simulation, il sera suspendu pour la dernière rencontre de poules face à la Géorgie. Il a été remplacé à la pause par Pedro Neto (5), qui n’a vraiment pas brillé également.