Entretien avec… Jordan Ferri : « À l’époque du grand Lyon, je n’aurais peut-être pas signé pro »

**Foot Mercato : Jordan, au cours d'une interview que nous avions fait en mars 2012, vous nous confiiez votre souhait de signer pro à l'OL, sans être sûr d'y parvenir. Deux ans et demi plus tard, vous êtes un titulaire du club, avec 10 matches de Ligue 1 disputés depuis la reprise, tous dans le onze de départ. Êtes-vous vous-même surpris ?

Jordan Ferri :** Surpris, peut-être pas, parce que j'ai beaucoup travaillé individuellement pour en arriver là. Après, c'est avec la confiance des coaches que j'ai pu avoir que j'arrive à essayer de m'imposer dans cette équipe. J'ai beaucoup travaillé, j'ai beaucoup appris auprès de mes partenaires. Je suis très content de ce qui m'arrive aujourd'hui.

**FM : Quelles étaient vos ambitions au coup d’envoi de la saison, à quel temps de passage vous attendiez-vous à mi-saison ?

JF :** Mon objectif personnel était d'être considéré comme un titulaire dans le club, et de m'imposer dans cette équipe. En ce début de saison, j'y parviens. Le retour des blessés va apporter une concurrence positive, on verra à leur retour, mais je vais tout faire pour garder ma place.

**FM : La concurrence est effectivement rude à votre poste, dans l’entrejeu. Quels facteurs ont fait selon vous que vous avez su gagner votre place ?

JF :** Pour l'instant, j'ai la confiance du coach, j'essaie de la rendre du mieux possible sur le terrain en respectant les consignes, en apportant d'un point de vue offensif tout en équilibrant défensivement, car c'est ça le rôle des milieux de terrain dans notre équipe, surtout avec le losange. On doit compenser les montées de nos latéraux, on doit aussi accompagner les attaques : c'est un rôle assez complet. J'essaie de rendre la confiance du staff et de l'entraîneur.

**FM : Petit-à-petit, le milieu de terrain retrouve tous ses blessés, puisque comme vous, Grenier et Gourcuff sont là aux entraînements collectifs. Comment accueillez-vous cette concurrence, vous qui faîtes votre trou dans le onze type ?

JF :** Je l'accueille bien, parce que je suis content que mes coéquipiers retrouvent le terrain. Ça ne peut amener que de la bonne concurrence, parce que c'est un groupe sain où on s'entend tous très bien. La concurrence ne peut qu'être bénéfique et ne peut que tirer le groupe vers le haut. Il va y avoir plus d'intensité aux entraînements, plus d'envie pour gagner sa place le week-end.

**FM : On le sait, l’OL dispose de moyens financiers moindres par rapport à ses grandes années. Pensez-vous clairement que sans cela, vous n'auriez peut-être pas eu votre chance immédiatement, et que vous auriez dû en passer par un prêt ou un départ pour exister ?

JF :** Ce qui arrive au club d'un point de vue financier, c'est un facteur chance pour nous les jeunes issus du centre de formation. Il est vrai que si Lyon avait gardé sa grandeur, je n'aurais peut-être pas signé pro à Lyon et j'aurais rebondi autre part. J'appelle ça le facteur chance, qui m'a permis de signer pro dans mon club formateur., ce qui était l'un de mes objectifs en entrant au centre de formation. J'en suis content, mais il faut être lucide. À l'époque du grand Lyon, je n'aurais pas eu les capacités de signer pro à Lyon. Il y a encore beaucoup de talent chez les jeunes, dans le centre de formation. On voit que ces jeunes peuvent être le futur de l'OL.

**FM : Dans quels domaines pensez-vous avoir progressé depuis que vous enchaînez les matches ?

JF :** Dans le foot, on peut progresser de partout, je pense avoir progressé tactiquement, physiquement, et techniquement. On travaille tous les jours pour progresser collectivement et individuellement. Mais il me reste encore beaucoup de travail.

**FM : Un domaine où vous êtes en valeur, c'est celui des passes décisives, co-meilleur passeur de L1 avec quatre offrandes. Commencez-vous à compter vos passes décisives ?

JF :** J'y jette un coup d’œil, oui. Mais je ne veux pas que cet objectif me hante et me fasse déjouer sur le terrain. Bien sûr, si je peux marquer ou faire des passes décisives, je ne vais pas m'en priver, mais je veux avant tout me concentrer sur mon rôle de milieu de terrain.

**FM : L’intersaison a été celle du changement, avec le départ de Rémi Garde et l’arrivée de Hubert Fournier. Quelles sont les différences entre les deux hommes et qu’appréciez-vous chez le nouvel entraîneur ?

JF :** Le coach actuel est resté sur les mêmes bases, on a gardé le même dispositif. Il y a beaucoup de ressemblances, le contenu des séances d'entraînement est à peu près le même, même si le coach apporte bien sûr sa patte tactique. On a beaucoup travaillé sur l'aspect défensif. Le coach a eu un temps d'adaptation, mais on tire tous les bénéfices du travail effectué, tout le monde a trouvé sa place. Après un début de saison laborieux, on a su redresser la barre.

**FM : En tant que joueur, en voyant ce qui se passe à l'OM et les affaires liées à des transferts, réfléchissez-vous encore plus que jamais à votre entourage et à ce qu'est le milieu du football ?

JF :** Je pense qu'on sait tous que le milieu du football est particulier. Il faut faire attention, car comme dans tous les milieux il y a des personnes plus mauvaises que d'autres. Il faut être attentif, bien s'entourer, surtout quand on est un jeune joueur. Il faut être bien entouré par ses agents, ses conseillers, et surtout sa famille. Moi, je suis bien conseillé par mes proches. Si je devais donner un conseil à un jeune joueur, c'est de bien réfléchir avant de signer quoi que ce soit, et de s'entourer des meilleures personnes possibles.

**FM : L’OL pointe actuellement à la troisième place, à deux points du leader. Le titre est-il vraiment si inenvisageable que cela ?

JF :** L'objectif numéro un du club est de retrouver la Coupe d'Europe l'année prochaine. Après, bien sûr, on ne va pas se priver de finir premier ou deuxième si on a l'occasion de le faire. Il faut avancer petit-à-petit, continuer sur la bonne dynamique qu'on a su installer ces derniers temps, ne pas se prendre la tête, continuer à travailler, et ne pas s'arrêter là. On fera alors les comptes en fin de saison.

**FM : Vous êtes sous contrat jusqu’en 2017. Comment voyez-vous votre avenir, avec aussi l’arrivée du Grand Stade ?

JF :** Je ne suis pas le genre de joueurs à voir sur le long terme. J'ai signé mon contrat jusqu'en 2017, je me sens bien à Lyon, mon club formateur. Je n'ai aucune raison de me poser ce genre de questions, je vais aller au bout de ma saison, et sans doute au bout de mon contrat parce que je me sens bien ici, avec le nouveau stade qui arrive. J'ai beaucoup d'objectifs personnels à Lyon. Je suis très bien ici, j'ai encore beaucoup à prouver. Lyon, c'est l'endroit idéal pour continuer à travailler, je n'en suis qu'à ma deuxième année en tant que joueur qui compte.