Andrés Iniesta, la zone d'ombre du nouveau Barça de Luis Enrique

Aussi invraisemblable que ça puisse paraître, Andrés Iniesta ne fait pas forcément l'unanimité en ce moment. Si son talent et ses exploits récents sont incontestables, force est de constater qu'il est dans le dur actuellement. Une statistique est particulièrement marquante : c'est le troisième joueur de champ qui a disputé le moins de minutes dans l'effectif barcelonais en Liga. Seuls Aleix Vidal et Paco Alcacer ont moins joué que lui. Il faut dire que cette saison encore, le maestro a été handicapé par de nombreux pépins physiques. Mais lorsqu'il a joué, le n° 8 du FC Barcelone n'a pas été convaincant, surtout en ce début d'année 2017. Sa prestation contre le Paris Saint-Germain en est le meilleur exemple, et lors des quatre rencontres de Liga qui ont suivi, il n'a débuté le match que contre l'Atlético, où il a, là aussi, été très peu influent dans le jeu.

Les absences et les prestations médiocres du Manchego ont beaucoup contribué aux problèmes de maîtrise du Barça. Cette saison, les Blaugranas sont beaucoup critiqués par la presse et les supporters en raison de leur style de jeu, jugé comme non conforme au fameux ADN Barça. Les milieux de terrain ont bien moins de protagonisme que lors des dernières saisons, et sont devenus plus spectateurs qu'acteurs du jeu. On a ainsi vu les Catalans se faire dominer à de nombreuses reprises, ne trouvant pas de solutions pour amener les ballons devant et subissant une domination de leurs vis-à-vis. Seulement, le talent individuel du trio offensif - et particulièrement de Lionel Messi - permettait aux Blaugranas de se sortir de jolis traquenards. Seulement, Luis Enrique a changé de système lors du match face à l'Atlético, le 26 février dernier, optant pour un 3-4-3 sur les phases offensives, repassant en 4-4-2 sur les séquences défensives.

Iniesta, pas habitué au nouveau 3-4-3 de Luis Enrique

Un système qui a clairement fait ses preuves, avec trois victoires convaincantes face à l'Atlético (2-1), le Sporting (6-1) et le Celta (5-0). Et Iniesta n'a foulé d'entrée la pelouse que lors de la première rencontre citée, n'ayant pas particulièrement flambé comme mentionné plus haut. Son entrée face au Celta était anecedotique. À chaque fois, la ligne de quatre utilisée au milieu a été différente. Face à l'Atlético, on a eu droit à un quatuor Iniesta-Sergi Roberto-Busquets-Rafinha, alors que chez le Sporting, Rakitic-Sergi Roberto-Busquets-Rafinha ont démarré la partie. Samedi, lors du duel face au Celta, Luis Enrique a opté pour un milieu Denis Suarez-Busquets-Rakitic-Rafinha. À noter que souvent, en cours de match, Rafinha et Messi échangeaient leur position, le Brésilien jouant à une position plus avancée pendant que le virtuose argentin redescendait.

L'objectif d'un tel système ? Ajouter un homme au milieu pour augmenter les chances de contrôler les débats. Et les joueurs ont brillé. Busquets a retrouvé le niveau qui est le sien habituellement. Pour sa part, Sergi Roberto a été bien plus à l'aise que sur son côté droit, pendant que Rakitic a probablement livré sa meilleure performance de la saison contre le Celta. Dès lors, le rôle d'Iniesta pose forcément question, lui qui n'est pas habitué à évoluer dans un tel schéma tactique. Pas de doutes, il sera titulaire sur la pelouse du Camp Nou, Luis Enrique l'a lui même confirmé. Mais dans un 3-4-3, son rôle va forcément être différent. Au delà des doutes qui subsistent sur son état de santé après sa blessure musculaire dont il a été victime face à la Real Sociedad, c'est tactiquement que les questions se posent. Premièrement, il devra jouer dans une position très excentrée, plus que d'habitude. Il lui sera - a priori - donc demandé de prendre le couloir gauche régulièrement, lui qui a perdu de l'explosivité et de la vitesse au fil des années, mais surtout, de défendre face à un duo de couloir parisien composé de Thomas Meunier et de Angel Di Maria, ou de Lucas si l'Argentin n'était finalement pas disponible. Pas une mince affaire...

Quel rôle pour Iniesta dans le 3-4-3 de Luis Enrique ?

Autant dire qu'il devra répondre au défi imposé par les Parisiens, qui devraient logiquement évoluer en contre attaque. Son activité dépendra aussi des choix de Luis Enrique au niveau des trois de derrière. Samuel Umtiti et Gerard Piqué devraient démarrer la rencontre, mais tout dépendra du joueur aligné à gauche. La presse catalane affirme que l'entraîneur asturien hésite entre Javier Mascherano et Jordi Alba. Dans le premier cas, Iniesta serait particulièrement mis à contribution, devant couvrir une bonne partie de son couloir, l'Argentin n'étant pas spécialement à l'aise loin de l'axe. Si Alba venait à démarrer la partie, la mobylette catalane pourrait probablement un peu plus soulager son coéquipier qui pourrait même replonger légèrement vers l'axe du jeu et abattrait moins de travail défensif, le latéral catalan enchaînant les aller-retour sur le flanc gauche.

On peut également entrevoir la possibilité de le voir aligné au milieu de cette ligne de quatre, aux côtés de Busquets, et de voir ainsi un Denis Suarez occuper ce côté gauche. Une position qu'il occupait d'ailleurs pendant sa saison à Villarreal, dans le 4-4-2 de Marcelino. Ainsi, Iniesta pourrait vraiment évoluer au cœur du jeu, dans un rôle équivalent à celui qu'il occupe dans le 4-3-3 traditionnel barcelonais, à gauche certes mais assez axial. En revanche, il serait probablement encore plus exposé défensivement parlant, puisqu'il devrait faire face à Verratti et Rabiot, véritables piles électriques et plaques tournantes de l'équipe dirigée par Unai Emery. Les exigences défensives seraient donc encore plus importantes que sur le côté, puisqu'il devrait faire un pressing intense et constant pour empêcher la sortie du ballon, ce à quoi il n'est plus réellement habitué. C'est donc en se basant uniquement sur ce qui a été mis à l'essai pendant les séances d'entraînement qu'Iniesta se présentera sur la pelouse du Camp Nou. Mais le magicien, dont le talent n'est plus à présenter, est capable de surprendre tout le monde et sortir une nouvelle performance d'anthologie, à l'image de son récital contre le club de la capitale en avril 2015...