Serie A

Fiorentina : pourquoi Edoardo Bove pourrait être obligé de quitter l’Italie pour reprendre sa carrière

Alors qu’Edoardo Bove va passer de nouveaux examens médicaux ce lundi soir, la suite de sa jeune carrière pourtant annoncée comme prodigieuse s’écrit pour le moment au conditionnel. Si le plus important reste sa santé, les prochains mois pourraient être compliqués dans sa vie de footballeur.

Par Valentin Feuillette
6 min.
Edoardo Bove de la Fiorentina @Maxppp

Près de 24 heures après le terrible malaise d’Edoardo Bove, lors de la rencontre définitivement interrompue entre la Fiorentina et l’Inter Milan sur la pelouse du Stade Artemio - Franchi, les premières interrogations fâcheuses sont posées dans la presse italienne. Si les premières nouvelles de l’hôpital de Careggi sont positives, fort heureusement, la rééducation sera longue et surtout précautionneuse, car comme dans tous les sports, les malformations cardiaques sont prises très au sérieux. A la 17ème minute de la rencontre, Edoardo Bove, qui venait de changer de maillot après un coup reçu et d’indiquer à son staff ne pas se sentir bien, s’est baissé pour faire ses lacets, avant de se relever, de faire quelques pas puis de s’écrouler inconscient sur la pelouse. Ce sont les joueurs de l’Inter Milan, Denzel Dumfries et Hakan Çalhanoğlu, qui ont été les premiers à alerter les médecins et les arbitres, prodiguant des soins médicaux d’urgence à Bove. Les deux joueurs des Nerazzurri ont été rejoints par Robin Gosens et Danilo Cataldi. Ce dernier a mis son coéquipier en position latérale de sécurité avant de lui tirer la langue pour éviter qu’il ne s’étouffe. Transporté à l’hôpital, Edoardo Bove a passé une bonne nuit et a même prononcé ses premiers mots.

La suite après cette publicité

Après des prises de paroles publiques du gouverneur de Toscane Eugenio Giani et de la maire de Florence Sara Funaro, la Fiorentina a écrit une longue missive pour rassurer les tifosi, les journalistes et le monde du football italien de manière générale : «L’ACF Fiorentina annonce qu’Edoardo Bove, après avoir passé une nuit tranquille, a été réveillé et extubé ce matin. Il est actuellement éveillé, alerte et orienté. Il a parlé avec la famille, la direction de la Viola, l’entraîneur et ses coéquipiers qui se sont précipités pour le voir dès qu’ils ont reçu la bonne nouvelle. Dans les prochains jours, des enquêtes plus approfondies seront menées pour établir les causes qui ont conduit à la situation critique survenue hier. Depuis Careggi, les médecins traitant le footballeur confirment que les investigations diagnostiques se poursuivent», a déclaré le club toscan dans un communiqué officiel publié ce lundi midi. Emotions mises de côté, une question est dans tous les esprits : Edoardo Bove, prodige du football italien et cadre des Espoirs de son pays, pourrait-il rejouer au football ? Et si oui, pourrait-il rester en Serie A dans un pays qui a fait preuve d’une grande fermeté avec les problèmes cardiaques par le passé ?

L’Italie, un pays très strict

Responsable de l’unité de cardiologie clinique et de cardiologie du sport de l’hôpital Galeazzi de Milan, le Docteur Daniele Andreini a répondu aux questions de la Gazzetta dello Sport et a analysé le malaise de Edouardo Bove et les risques pour la santé et la carrière du joueur dans les mois à venir : «Il semble qu’il s’agisse d’un arrêt cardiaque classique. Dans 99% des cas, il s’agit d’une arythmie cardiaque. Il a été réanimé, on lui a fait un massage cardiaque. On ne peut pas exclure que le cœur ait redémarré avec le massage et qu’il ait ensuite fallu utiliser le défibrillateur, dans une ambulance ou à l’hôpital. S’il existe une cause sous-jacente, l’arythmie passe, mais peut ensuite réapparaître. Il est trop tôt pour le dire. S’il s’agit d’un arrêt cardiaque défibrillé, quelle qu’en soit la cause, un retour à la compétition est difficile. Mais il est prématuré d’en parler. L’arythmie ne peut pas être détectée à l’avance. Parfois, cependant, la cause déclenchante peut être interceptée. Il existe des arythmies, même malignes, qui peuvent survenir dans des cœurs structurellement sains. Ce sont des situations qui ne sont visibles que sur l’électrocardiogramme», a-t-il déclaré. L’Italie est un pays à la réglementation médicale très pointue, surtout en matière de problèmes cardiaques. Pour rappel, Christian Eriksen, alors joueur de l’Inter, n’avait pas été autorisé à rejouer au foot avec un défibrillateur. Et le défenseur du RC Lens, Kevin Danso, a vu son transfert à l’AS Roma avorté l’été dernier pour un léger pépin cardiaque. De même pour Tiago Djaló en passant également une visite médicale avec les Giallorossi. L’Italie a un système particulier, unique au monde, qui exige par la loi un certificat d’aptitude pour ceux qui s’entraînent et concourent auprès d’une fédération ou d’un organisme reconnu par le Comité olympique national italien (CONI).

La suite après cette publicité

Deux arrêtés ministériels, adoptés en 1982 et 1983, réglementent le protocole obligatoire auquel doivent se soumettre ceux qui pratiquent une activité physique de compétition en Italie. Pour la plupart des disciplines, les antécédents médicaux, l’examen clinique, l’électrocardiographie (ECG) au repos et à l’effort, la spirométrie (un test de mesure de la respiration) et l’analyse d’urine sont requis sur une base annuelle. Selon l’activité, les contrôles et la durée de validité peuvent varier. Le certificat est spécifique à la discipline pratiquée et chaque Fédération détermine l’âge minimum et maximum pour l’activité compétitive. Le médecin du sport est le spécialiste compétent en la matière, chargé de réaliser les examens et de délivrer le jugement d’aptitude. Le club du joueur est alors responsable de vérifier que tous les membres possèdent un certificat valide pour la protection de la santé, agissant comme un dépistage dès le plus jeune âge, conduisant à une réduction des morts subites sur les terrains. Le football italien est encore traumatisé de la mort de Davide Astori, joueur de la Fiorentina et international italien décédé subitement le 4 mars 2018. Les visites de remise en forme sportive ont contribué au développement d’une branche de la médecine nommée : la cardiologie du sport. Au fil des années, les connaissances sur des pathologies autrefois inconnues ou relatives au diagnostic précoce et aux thérapies possibles se sont enrichies. L’ECG de ceux qui pratiquent un sport peut présenter certains changements que le médecin du sport reconnaît comme bénins et liés à l’entraînement.

D’autres types de modifications ECG peuvent plutôt représenter l’expression d’une maladie cardiaque sous-jacente et ils font alors l’objet d’une enquête avec des tests de deuxième niveau. La plupart des maladies cardiovasculaires responsables de mort subite chez les jeunes sportifs sont cliniquement silencieuses et rarement suspectées ou diagnostiquées sur la base de symptômes. Et maintenant ? Edoardo Bove, conscient et éveillé, va passer de nouvelles batteries d’examens médicaux. Pour le Docteur Daniele Andreini, les prochains résultats seront décisifs : «Careggi est un centre de cardiologie de pointe : les examens les plus approfondis seront effectués, comme l’imagerie par résonance magnétique du cœur, si nécessaire un scanner coronarien, pour poser un diagnostic tant du côté cardiomyopathie que coronarien. Ou même pour la myocardite qui peut être liée à un événement infectieux antérieur. Dans la grande majorité des cas, les tests révèlent quel était le problème, qu’il s’agisse d’une cicatrice au cœur, une accumulation de graisse, une artère coronaire anormale. Si tout est négatif, ils feront une étude approfondie de l’activité cardiaque. Les athlètes professionnels, grâce à leur aptitude, sont rarement non diagnostiqués. Pour les athlètes professionnels, les causes les plus fréquentes de mort subite sont soit une cardiomyopathie, une maladie de prédisposition génétique ou une anomalie congénitale des artères coronaires, difficile de les diagnostiquer». En attendant les résultats de ses nouveaux examens, Edoardo Bove voit donc son avenir incertain…

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité
Copié dans le presse-papier