Utrecht, Yoann Cathline : «j’espère atteindre l’équipe de France Espoirs cette saison avec mes performances»
Jeune talent parti de Guingamp pour Lorient il y a deux ans, l’ailier Yoann Cathline s’épanouit totalement depuis la saison dernière au Pays-Bas. Parti du côté d’Almere dans un premier temps, c’est désormais avec Utrecht, actuel deuxième d’Eredivisie, où il poursuit sa progression. Une étape néerlandaise précieuse dans sa carrière sur laquelle il a décidé de revenir lors d’un entretien pour Foot Mercato.
Foot Mercato : actuellement, Utrecht est deuxième d’Eredivisie et réalise un début de saison canon. Tu as une grande importance dans les résultats de ton équipe, est-ce que tu t’imaginais vivre une aussi belle entame d’exercice ?
Yoann Cathline : je ne m’attendais pas forcément à ce que l’on soit deuxième pour être honnête, mais je savais que le club était ambitieux. Utrecht est préparé à jouer le top 5 chaque année. Les deux dernières années, ils avaient terminé à la septième place et voulaient faire mieux cette saison, pour le moment, on commence bien et nous sommes positivement étonnés.
FM : vous êtes actuellement à cinq points du PSV Eindhoven avec un match en moins et vous n’avez perdu qu’un match pour neuf victoires en onze rencontres. Le rythme imposé est dantesque et vous arrivez quand même à suivre pour le moment !
YC : c’est impressionnant, surtout qu’en plus, on a ce match en retard contre l’Ajax Amsterdam et on peut remonter un peu. Je ne regarde pas forcément derrière, mais on est proche de l’Ajax et du Feyenoord donc on doit continuer de surfer sur cette bonne dynamique.
FM : individuellement, cela se passe bien également puisque tu es régulièrement titulaire et tu comptes 2 buts et 2 passes décisives en 9 matches. Est-ce que tu t’attendais à d’aussi bons débuts, surtout que tu étais blessé au moment de la reprise du championnat ?
YC : j’aimerais être un peu plus prolifique encore, mais oui je réponds présent aux attentes du coach et du staff. Ils m’ont donné beaucoup de confiance à mon arrivée et même avant que je rejoigne Utrecht. J’ai su être performant d’entrée et je suis content pour cela.
«Je n’étais pas dans les plans à Lorient, je voulais jouer, j’ai pu me montrer à Almere et j’ai franchi un palier en allant à Utrecht.»
FM : l’an dernier déjà, tu évoluais en Eredivisie du côté d’Almere, comment on passe d’un quotidien à jouer le maintien à celui de jouer les places européennes ?
YC : c’est une bouffée d’oxygène, car on ne se bat pas pour les mêmes choses, c’est différent. Je l’ai super bien vécu, car c’est ce que je voulais l’an passé en me frottant à un niveau supérieur. Je le vis très bien et ça m’a aidé dans ma progression. Évoluer à Almere l’an dernier, c’était parfait pour ma progression. Je savais que je n’étais pas dans les plans à Lorient, je voulais jouer et j’ai joué à Almere. J’ai pu me montrer et aujourd’hui, je suis à Utrecht, je me sens bien et j’évolue à un niveau au-dessus et j’espère que ça va continuer.
FM : tu évolues depuis plus d’un an aux Pays-Bas, qu’est-ce que tu penses du championnat néerlandais ? Qu’est-ce qui t’a le plus marqué ?
YC : déjà l’ambiance, les stades sont toujours remplis, que ce soit les petits ou les grands clubs. Les supporters sont présents à tous les matches et il y a un réel engouement qui se crée autour du football. Au niveau du championnat, c’est clair qu’il est plus ouvert qu’en France où c’est plus défensif. Il y a un peu plus d’espaces pour que les attaquants s’expriment. Il y a moins d’équipes qui jouent avec 3 ou 5 défenseurs. C’est un championnat de qualité et il y a un bon niveau.
FM : c’est un championnat qui correspond plus à tes qualités ?
YC : non je ne dirais pas ça, je pense que je peux m’adapter à tous les championnats, mais c’est juste qu’il y a plus d’espaces donc ça offre davantage d’espaces aux offensifs, notamment les ailiers avec plus de "un contre un" à jouer ou plus de profondeur à exploiter. C’est pour ça aussi que je voulais franchir un cap en rejoignant une équipe de haut de tableau. Désormais, j’évolue dans une équipe qui joue la possession. C’est différent pour un attaquant puisqu’il aura plus de ballons à jouer. L’an dernier à Almere, je savais qu’il fallait que je me procure individuellement la majorité de mes occasions. Là, avec une équipe de haut de tableau, je sais qu’en étant patient, j’aurais des occasions de marquer ou de délivrer une passe décisive. C’est une approche différente.
FM : le fait d’avoir "le droit à l’erreur", car une autre occasion va arriver après plus facilement te permet d’avoir une autre assimilation du jeu …
YC : parfois la saison passée après les matches, je pensais trop à une occasion que je n’ai eue qu’une fois au cours de la partie. Avec Utrecht aujourd’hui c’est complètement différent. Je sais que si j’échoue une fois, je pourrai en avoir une autre par la suite. Cela apporte plus de confiance et permet aussi de travailler sa patience au cours d’un match. Avec l’expérience que j’obtiens chaque année, je comprends aussi mieux le tempo des matches et continue de progresser.
FM : est-ce que l’acclimatation à la vie néerlandaise a été facile pour toi ?
YC : au début forcément, c’est un gros changement. La saison passée, c’était ma première saison à l’étranger, je n’ai pas trouvé de logement rapidement, cela ne m’a pas trop aidé. Malgré tout, je me suis bien adapté sur le terrain et mon style de vie n’a pas diamétralement changé. J’aime bien rester chez moi et je ne suis pas du genre à sortir beaucoup, je regarde des films, j’aime la tranquillité, cela n’a pas été un gros bouleversement. Au club, les structures n’étaient pas vraiment différentes de ce que j’ai connu avant. Pour ce qui est de la langue ça a été. Alors je ne parle pas du tout le néerlandais, mais par contre j’avais une très bonne base d’anglais en arrivant aux Pays-Bas et cela m’a bien aidé. Dans le groupe, on parle beaucoup cette langue et ça m’a bien aidé. Je m’entends bien avec mes coéquipiers, le staff, tout le monde, ça m’a bien plu de continuer à travailler mon anglais et cela s’est bien passé.
«Je dois travailler mon jeu, être plus imprévisible, car les adversaires savent qu’il y a du danger sur mon côté. Je trouve ça stimulant, car ça prouve que je progresse et que je ne passe plus inaperçu.»
FM : actuellement, tu es prêté par Lorient à Utrecht jusqu’à la fin de la saison, où est-ce que tu te vois évoluer la saison prochaine ?
YC : je me vois très bien continuer à Utrecht, je me sens très bien ici. C’est important dans ma progression, je sens en quelques mois que j’ai progressé et que je continue chaque jour. Rester une saison de plus dans le même club ne serait pas mal. Depuis le début de ma carrière, je n’ai pas eu la possibilité de rester plus d’un an dans un même club et j’aimerais bien connaître ça. Au moins, rester deux ans dans le même club afin d’avoir de la stabilité, surtout que je me sens très bien ici. J’avais performé avec une équipe de bas de tableau donc je savais qu’avec une équipe de haut de tableau, je pouvais faire encore plus. Avoir de la stabilité à Utrecht pour perfectionner mes qualités serait une bonne chose.
FM : le regard de tes adversaires a-t-il changé lors des matches suite à tes performances ?
YC : je le sens sur les derniers matches et en fin de saison dernière. Avec le précédent exercice et en évoluant désormais en haut du classement, les équipes font plus attention à moi. Avec plus de prises à deux, à trois. Je dois travailler mon jeu, être plus imprévisible, car ils savent qu’il y a du danger sur mon côté. Je trouve ça stimulant, car ça prouve que je progresse et que je ne passe plus inaperçu. Je suis content par rapport à ça. Il va falloir que j’apporte de nouvelles choses à mon jeu. Je pense que j’ai encore une grosse marge de progression dans la finition. Il y a des matches où j’ai un bon contenu et je ressors sans but et il va falloir que je corrige cela. J’ai déjà fait des progrès dans ce domaine, mais je peux encore m’améliorer.
FM : quel joueur t’a tapé dans l’oeil en Eredivisie ?
YC : il y a des bons joueurs dans ce championnat dont certains qui ont signé dans de grands clubs, je pense, notamment à Mats Wieffer qui était l’an passé au Feyenoord et qui a signé à Brighton. Je trouvais que c’était un excellent milieu de terrain.
FM : tu commences à avoir l’habitude de jouer contre des équipes de haut niveau, la prochaine étape pour toi, c’est de jouer l’Europe ?
YC : oui forcément, c’est une ambition personnelle. Je sais qu’on est en haut de tableau et ce serait une belle performance d’accrocher la Ligue des Champions pour l’année prochaine. Ce serait un joli baptême de plus pour moi et aussi une bonne chose pour le club. C’est un peu plus accessible que les années passées, car il y a trois places qualificatives désormais.
FM : est-ce qu’un championnat en particulier t’attire pour le futur ?
YC : le championnat le plus relevé est la Premier League, tous les grands championnats me parlent, car je les suis de près, mais si je dois en choisir un, c’est la Premier League.
«Je n’ai pas de retour en France sur ce que je fais à Utrecht. En se battant avec l’Ajax Amsterdam, le PSV Eindhoven et Feyenoord, j’espère que ça va m’offrir plus de visibilité !»
FM : et retourner en France, en Ligue 1 ?
YC : je suis plus dans l’optique de me dire que si cela arrive, ce serait bien, mais que cela ne doit pas être une fin en soi. En tant que joueur je veux continuer à passer les échelons et jouer dans les meilleurs clubs possibles. Si c’est en Ligue 1 tant mieux, car ce sera en France et je suis Français, mais ce n’est pas une obsession pour moi.
FM : que retiens-tu de ta saison en Ligue 1 du côté de Lorient
YC : c’est incroyable, car c’était un début de saison historique pour le club. C’était une expérience marquante en intégralité, jouer contre des équipes de haut niveau, découvrir des joueurs de classe mondiale, je n’aurais jamais cru pouvoir jouer contre Messi en Ligue 1.
FM : quel souvenir gardes-tu de l’équipe de France ? On rappelle que tu as gagné le tournoi Maurice-Revello en 2022 avec les Bleuets …
YC : porter le maillot de la France, c’est une fierté. Tu représentes ton peuple, la France dans une compétition et surtout au tournoi de Toulon où on a gagné. C’était une excellente expérience.
FM : tu as 22 ans et tu es éligible avec les Espoirs, est-ce que tu gardes l’équipe de France U21 dans un coin de la tête ? Est-ce que tu as des retours en France sur tes performances ?
YC : forcément, en ayant connu l’équipe de France en U20, je sais ce que c’est de représenter la France et j’espère atteindre l’équipe de France U21 cette saison avec mes performances du côté d’Utrecht. Par contre pour le moment, je n’ai pas de retour en France sur ce que je fais à Utrecht. En jouant le haut de tableau contre l’Ajax Amsterdam, le PSV Eindhoven et Feyenoord, j’espère que ça va m’offrir plus de visibilité et j’espère qu’on me prendra plus au sérieux. C’est pour cela qu’il faut que je continue de me montrer performant avec Utrecht pour essayer d’atteindre cet objectif.
FM : cela ne te fait pas peur d’être sorti du giron national en partant à l’étranger ?
YC : pour être honnête, on y pense forcément quand on est compétiteur. On veut toucher l’équipe de France quand on est Français, mais en y réfléchissant, il faut opter pour le meilleur projet pour notre progression tout en restant lucide sur notre niveau et celui qu’on peut atteindre. Si pour notre progression c’est mieux d’aller à l’étranger, il ne faut pas hésiter à y aller.
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