OL-Laurent Blanc, autopsie d’un divorce

Par Dahbia Hattabi
5 min.
Laurent Blanc à Lyon @Maxppp

L’Olympique Lyonnais a annoncé la fin de sa collaboration avec Laurent Blanc. Un entraîneur qui n’est même pas resté en poste une année, lui qui espérait faire son grand retour sur la scène française et européenne avec les Gones.

Un rendez-vous manqué. En 2019, Laurent Blanc aurait pu devenir l’entraîneur de l’Olympique Lyonnais. En quête d’un successeur à Sylvinho, les pensionnaires du Groupama Stadium avaient fait du Cévenol leur priorité. Reçu par les dirigeants, l’ancien coach du PSG n’avait pas forcément marqué des points, lui qui voulait arriver avec son staff. Tout le contraire de Rudi Garcia qui avait excellé face à Jean-Michel Aulas et Juninho au moment de son entretien d’embauche. C’est lui qui avait donc été choisi pour mener les troupes rhodaniennes. Blanc, lui, avait finalement rebondi au Qatar en décembre 2020. Il avait signé un contrat de 18 mois avec Al-Rayyan.

La suite après cette publicité

Il s’est rendu au chevet de l’OL

Mais son histoire avec l’OL n’était pas terminée. C’est lui que JMA et ses équipes sont allés chercher pour prendre la succession de Peter Bosz. Cette fois-ci, aucun obstacle ne s’est mis entre eux. Et le 9 octobre 2022, les Lyonnais ont officialisé son arrivée. « Une réflexion a été menée en interne afin de trouver les leviers nécessaires pour permettre à l’équipe de repartir sur des bases solides afin d’être en adéquation avec les ambitions de l’OL cette saison. A l’issue de celle-ci et après avoir échangé dans la nuit de samedi à dimanche avec John Textor, l’Olympique Lyonnais informe avoir pris la décision de nommer, au poste d’entraîneur principal de l’équipe professionnelle, Laurent Blanc pour 2 saisons, soit jusqu’au 30 juin 2024. »

À lire Moussa Niakhaté signe à l’OL

Accompagné de ses hommes de confiance, dont Franck Passi, et d’une partie du staff en place, le Président savait qu’il allait relever un challenge difficile. Il y avait aussi des interrogations le concernant puisqu’il n’avait plus coaché en Europe depuis 6 ans. Rapidement, il a compris que ce serait difficile et que le mal était profond avec son équipe, loin d’être au point physiquement et dans le dur mentalement. Plusieurs fois, Blanc a expliqué que son but était que sa formation limite la casse jusqu’à la trêve de novembre liée au Mondial au Qatar (2 victoires, 2 défaites et 1 nul en 5 matches). Puis, il pourrait travailler en profondeur avec son groupe et surtout remettre tout le monde au niveau physiquement.

La suite après cette publicité

Deux mercatos et de nombreux problèmes

Durant l’hiver, les Lyonnais ont donc participé à des stages, notamment à Dubai. Sur la deuxième partie de saison, l’équipe a montré un meilleur visage, menée par Alexandre Lacazette, la révélation Bradley Barcola ou encore le remuant Rayan Cherki. L’arrivée de Dejan Lovren au mercato d’hiver a aussi permis d’amener de l’expérience et de l’agressivité derrière. En revanche, Jeffinho et Amin Sarr n’ont pas réussi à briller. Malgré cela, l’OL a fini tant bien que mal sa saison à la septième place du classement (3e meilleur bilan en L1 sur la phase retour). Le champion du monde 98 n’a pas réussi à accrocher l’Europe avec son groupe. En parallèle, il a aussi dû gérer le changement de direction avec la prise de pouvoir de John Textor puis la mise à l’écart de l’emblématique Jean-Michel Aulas en mai dernier.

C’est dans ce contexte difficile qu’il a dû avancer. D’autant que l’ancienne et la nouvelle direction se sont tirées dans les pattes par médias interposés. Maintenu par Textor, Blanc comptait sur le mercato pour relancer son équipe. Mais là encore, rien ne lui a été épargné. En effet, le DNCG a décidé de placer l’OL sous contrôle. Le club français n’avait donc pas les mains libres. Mais il a recruté (Clinton Mata, Ernest Nuamah, Skelly Alvero, Ainsley Maitland-Niles, Paul Akouokou, Jake O’Brien) tout en dégraissant (Toko Ekambi, Thiago Mendes, Youssouf Koné, etc…). Les Gones ont aussi vendu Castello Lukeba (Leipzig) et Bradley Barcola (PSG). Laurent Blanc était pourtant contre leurs départs et il l’a fait savoir.

La suite après cette publicité

Blanc était de plus en plus cash

Il a aussi indiqué dans les médias qu’il voulait absolument un numéro 6. Un joueur qu’il réclamait depuis l’hiver dernier et que Lyon n’a pas été capable de lui offrir. Il a fallu attendre la fin du mercato d’été 2023 pour que les Gones enrôlent Paul Akouokou, qui n’était pas du tout parmi les pistes prioritaires. Malheureusement, le Cévenol n’aura pas le temps de l’utiliser puisqu’il a été remercié par l’OL. Le mauvais début de saison (1 nul et 3 défaites, 1 point), le pire du club en L1, a condamné Blanc, qui semblait attendre la sentence. Ses dernières sorties médiatiques ont traduit un certain agacement et/ou une certaine résignation de sa part.

«Il faut peut-être changer d’entraîneur. Pourquoi pas… Si je veux partir ? Non mais vous me demandez ce qu’il faut faire. Je vous dis qu’il faut peut-être changer d’entraîneur», avait-il lâché au micro de Prime Vidéo après la défaite face à Montpellier. Les supporters l’ont d’ailleurs recadrés face à Paris en lui demandant de s’en aller s’il n’était plus concerné. C’est d’ailleurs face au PSG, son ancien club, qu’il a vécu son ultime match à Lyon. Un club avec lequel il n’a pas vraiment apporté sa touche au niveau du jeu, puisque l’équipe proposait un jeu assez prévisible et peu attrayant. Il a aussi été frileux au départ avec certains jeunes même si au final il a fini par en utiliser plusieurs.

La suite après cette publicité

Un avenir en question

Prêt à assumer ses erreurs, il a aussi tenu à rappeler qu’il n’était pas "responsable de tout". On ne peut pas lui donner tort sur ce point-là. Que ce soit l’hiver dernier ou cet été avec la DNCG, il n’a pas eu les mêmes moyens que ses prédécesseurs pour lesquels le club dépensait bien plus pour se renforcer. Les recrues ont été d’un autre calibre que par le passé, sans faire offense aux nouveaux joueurs. Malgré cela, l’OL aurait dû faire mieux. Globalement, le passage de Laurent Blanc à Lyon (18 victoires, 7 nuls, 19 défaites) a été moyen.

Mis à l’écart le 11 septembre, soit moins d’un an après son arrivée, il quitte Lyon en étant le dernier entraîneur de l’ère Jean-Michel Aulas et le premier de l’ère John Textor. Son grand retour en Europe n’a pas été une réussite. Blanc, qui avait longtemps patienté avant de reprendre un poste, n’a pas marqué des points. Son passage à Lyon pourrait avoir des répercussions sur son avenir professionnel puisqu’il n’a pas vraiment dissipé les doutes. Il devrait a priori prendre un peu de repos avant de replonger si une belle opportunité se présente. Laurent Blanc, qui n’a donc pas passé l’été, est le premier entraîneur à être remercié cette saison.

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité