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Isaac Solet veut marcher sur les traces de son grand frère Oumar

Arrivé cet hiver au Slavia Sofia, en Bulgarie, Isaac Solet creuse son sillon et entend bien suivre la trajectoire de son grand frère Oumar. Une ambition débordante, qui lui a récemment ouvert les portes de la sélection centrafricaine.

Par Jordan Pardon
6 min.
Isaac Solet @Maxppp

À 21 ans, Isaac Solet a déjà roulé sa bosse. Préformé et éduqué au Stade Lavallois avec son frère Oumar, puis façonné au Stade de Reims où il a pu fréquenter Hugo Ekitike, le natif de Melun s’est aussi construit au fil d’aventures moins plaisantes. Après une saison quasiment blanche au Paris FC en 2022, le milieu de terrain a eu le courage de reculer pour mieux sauter. C’est de cette façon qu’il s’est engagé avec Poissy, alors pensionnaire de National 2. Une prise de conscience déterminante, une acceptation de la réalité, et surtout, une grande preuve d’humilité. «Plus jeune, je n’avais pas cette maturité et cette capacité à me remettre en question. Je ne comprenais pas pourquoi je ne jouais pas. Aujourd’hui, je me suis mis au service du collectif. J’ai été patient mais je n’ai pas perdu de temps, explique-t-il. Ma famille, mon entourage et les blessures, tout ça m’a ouvert les yeux depuis.» L’été dernier, après une saison pleine en National 2, Isaac Solet a alors jugé que l’heure était venue de s’envoler pour d’autres cieux. C’est du côté du Progresul Spartac, en deuxième division roumaine, qu’il a alors atterri

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«La Roumanie, c’était une bonne expérience. Niveau football, ce n’était pas fameux, mais je n’avais pas à me plaindre non plus, relativise-t-il. Un euphémisme par respect pour son ancien employeur ? Probablement. Chez la lanterne rouge du Championnat, Solet est rapidement devenu trop grand, et ses performances lui ont permis d’étrenner son nouveau statut de joueur international avec la Centrafrique. Une période charnière dans sa jeune carrière, à laquelle il a souhaité donner un nouveau sens au mois de janvier en désertant les Carpates pour investir les Balkans en Bulgarie. Aujourd’hui au Slavia Sofia, 12e de Parva Liga, Solet se dit heureux. «Je suis heureux dans ce club qui m’a fait confiance. Puis le championnat bulgare est très relevé. Il y a des clubs qui jouent l’Europe», défend-il. Parmi eux, le Ludogorets Razgrad, champion de Bulgarie lors des douze dernières saisons et qui reste certainement le plus connu à l’échelle européenne. En 2016, le PSG était d’ailleurs tombé sur un os au Parc des Princes (2-2). Un match nul qui avait en partie causé la deuxième place des Parisiens dans leur poule de Ligue des Champions… avant la Remontada.

Son frère Oumar, une inspiration

Sous les températures printanières relativement clémentes de Sofia, Isaac Solet pourrait s’offrir quelques moments de répit. Mais non, son quotidien est rythmé par le football et il n’est pas venu ici en touriste. «Venir ici a été un bon choix dans ma progression, il fallait passer des paliers avant d’aller dans les plus gros clubs du standing de mon frère Oumar. J’avais deux coéquipiers de la sélection qui jouaient ici, en Bulgarie, et les retours étaient positifs. C’est un championnat avec énormément de visibilité, avec de l’impact, et l’adaptation n’a pas été si compliquée puisque je parle anglais. C’était une bonne opportunité. Ce qui me manque en France ? Rien, si j’ai pris la décision de partir, c’est parce que j’étais prêt », persiste l’ancien international français U17 (1 sélection), qui reste aujourd’hui en contact avec plusieurs membres de sa génération comme William Saliba ou encore Khéphren Thuram. C’est aussi le cas de son frère Oumar, avec qui il aime refaire le monde et débriefer de ses matches : «mon frère et moi n’avons qu’un an d’écart (Oumar est de la génération 2000, Isaac de la 2001). On est très souvent en contact et on est très fusionnels. Il regarde mes matches, je regarde les siens… On n’est pas jumeaux… mais presque.»

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Formé à Laval avec son frère Oumar, aujourd’hui à Salzburg en Autriche, Isaac n’a en revanche pas eu beaucoup d’occasions d’évoluer avec lui sur le terrain. Il faut le dire, l’ancien joueur de l’OL était un phénomène de précocité plus jeune, et était fréquemment surclassé d’une ou de deux catégories. Alors, quand on l’interroge sur la possibilité d’être rejoint par Oumar en sélection centrafricaine, il reconnaît que l’idée n’est pas farfelue, mais ne veut pas pour autant mettre la pression sur son frère : «je pense qu’il ne faut pas mélanger le football et la famille. Moi, ça ne me déplairait pas qu’il nous rejoigne en sélection, bien sûr. Mais aujourd’hui, son début de carrière lui permet de choisir entre les trois nations, la Centrafrique, la Côte d’Ivoire et la France. Ce sera à lui de choisir.» Pour ce qui est du Stade Lavallois, Isaac Solet dit en garder un excellent souvenir, en particulier de son ancien entraîneur Stéphane Moreau, qui a réalisé l’exploit de hisser les U19 du FC Nantes en demi-finale de Youth League cette saison. «J’espère que Laval montera en Ligue 1, je vois qu’ils font une très grosse saison. Si un jour, j’ai une belle carrière, ce sera en partie grâce au club et à Stéphane Moreau, parce qu’il a été l’un des coachs phares de ma formation. Il m’a permis d’exprimer mon football. Je suis content de ce qu’il fait aujourd’hui à Nantes», reconnaît-il.

Faire grandir le football africain comme leitmotiv

Convoqué en mars pour deux rencontres amicales face au Bhoutan (6-0) et la Papouasie Nouvelle-Guinée (4-0), Isaac Solet trépigne d’impatience à l’idée de regoûter à l’équipe nationale. «Ça se passe super bien et j’ai hâte de retourner en sélection. Je n’ai pas encore eu la chance de voyager au pays, mais c’est dans mes projets», raconte-t-il. S’il était suivi depuis plusieurs mois par le sélectionneur Raoul Savoy, c’est son arrivée en Roumanie qui a tout accéléré : «des joueurs de la sélection me demandaient pourquoi je n’étais toujours pas venu, ni mon frère. Je leur ai répondu qu’il fallait être patient et attendre l’appel du sélectionneur. Puis un jour de septembre, c’est arrivé et le coach et m’a communiqué son envie de me voir les rejoindre. Dès le départ, je ne me prends pas la tête. J’étais très heureux de dire oui et de représenter mon pays. Certes, j’ai plusieurs nationalités qui font que je peux jouer pour la France, la Côte d’Ivoire, et la Centrafrique, mais il faut être réaliste. J’avais beaucoup moins d’opportunités en France et en Côte d’Ivoire qu’en Centrafrique», raisonne-t-il.

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S’il n’a pas encore l’influence ni la portée d’un Amine Gouiri ou d’un Amine Adli, respectivement devenus internationaux algérien et marocain ces derniers mois, Solet veut lui aussi appeler les plus jeunes à choisir de représenter leur pays d’origine. Faire grandir le football africain, c’est le sens de l’histoire selon lui : «j’en reparlais il y a quelques heures avec un coéquipier. En tant que jeunes joueurs européens, on ne se rend pas compte de l’engouement que peut générer notre choix de jouer avec notre pays d’origine. Quand j’ai choisi la Centrafrique, je ne vais pas dire que mon aura a changé, mais au niveau de la nation, j’ai senti qu’il y avait quelque chose de très fort qui se passait. Je veux qu’on fasse grandir le football africain et si nous, les bi-nationaux, mettons tous du coeur à l’ouvrage, on va mettre l’Afrique au plus haut niveau.» Comme son compatriote et nouveau coéquipier Geoffrey Kondogbia. Convoqué en équipe de France à 5 reprises entre 2013 et 2016 (que des rencontres amicales), le milieu de terrain de l’OM a finalement fait le choix de porter le maillot des Fauves en 2018, dont il est aujourd’hui le capitaine. Ses belles saisons à Valence ou à l’Atlético de Madrid auraient certainement pu lui permettre de s’installer en Bleus, mais à l’époque, le champion du monde U20 avait expliqué que son rêve était de jouer pour la Centrafrique. Comme Isaac Solet, habité par une ambition débordante, et qui compte bien cocher d’autres cases à sa wish-list.

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