Paris 13 : de la R3 à meilleur buteur de National 2, la folle histoire de l’ovni Brandon Bokangu
Joueur de Régional 3 il y a encore quelques années, Brandon Bokangu a terminé cette saison meilleur buteur de National 2. En étant au départ… milieu de terrain. Récit de la folle histoire du joueur du Paris 13, aujourd’hui courtisé en Ligue 2.
En rembobinant le fil de sa carrière, Brandon Bokangu doit être particulièrement fier du grand écart entrepris. En 2020, là où beaucoup avaient déjà renoncé à leurs rêves avec une saison tronquée par le COVID, lui y est resté cramponné avec ténacité. Des moments de doute, il en a connus, reconnaît-il, mais l’émulation et la passion les ont toujours emportés. Aujourd’hui, il en est d’ailleurs convaincu, son histoire n’en est qu’à ses premiers mots. Meilleur buteur de National 2 cette saison avec 16 buts (conjugué à ses 6 passes décisives), et accessoirement membre de l’équipe type de la poule B, le Franco-Congolais de 24 ans a permis au Paris Atlético de retrouver le Championnat de National 1. Un scénario riche en rebondissements, et inconcevable pour lui lors de son arrivée au club l’été dernier : «il y a cinq ans, je jouais en Régional 3, dans le club des Sablons (Sarthe). L’année dernière, j’arrive en provenance de Saumur (N2), mais pour jouer au milieu de terrain. Et finalement, je me retrouve à jouer attaquant de pointe, être meilleur buteur du Championnat, et à mettre les deux buts de la montée», sourit-il, encore incrédule.
Cette réussite naissante, il ne l’a en revanche pas volée. «À chaque fois que je signe dans un nouveau club, je suis boosté, rigole-t-il. Je sais qu’en tant que recrue, je dois faire plus que les autres et prouver. Mon quotidien est rythmé par le travail, je m’impose des séances personnelles en dehors des entraînements, et je sais que c’est en partie grâce à ça que j’en suis ici aujourd’hui.» "En partie", car s’il a su tisser sa toile et piocher dans les bons tiroirs, c’est surtout grâce à ses qualités de footballeur, indéniables aux yeux de ses entraîneurs. De la R3 à la R1, en transitant par la N3, la N2, et bientôt la N1 (ou la Ligue 2?), le joueur franchit les paliers à la pelle, qu’importe le contexte. En 2020, il signe à la Suze sur Sarthe (N3) en provenance des Sablons (R3). Quatre divisions d’écart mais pas le temps de prendre la température ni de se mouiller la nuque : ses débuts sont fracassants, il marque un coup-franc contre Laval, et signe à Saumur quelques mois plus tard. Puis là, plus de frein à main. Son club se hisse en 1/8es de finale de Coupe de France, sort par la grande porte contre Toulouse (2-1), mais Bokangu est titulaire… au poste d’ailier, ce qui ne l’empêche pas de faire des misères au désormais Lillois Bafodé Diakité. «Après cette saison, je pensais signer plus haut, j’avoue, mais rien de concret. Je me suis replongé dans le travail et me suis dit qu’il fallait que je fasse plus», confie-t-il. Les résultats sont immédiats : une montée en National 2, une saison pleine (28 matches, 8 buts, 3 passes décisives comme milieu de terrain), puis un nouveau départ, cette fois au Paris Atlético, tout juste relégué de National 1.
Milieu de terrain mais meilleur buteur de N2… et même Habib Beye en a fait les frais
Cette saison, l’histoire d’amour entre le Paris 13 et l’ex-Manceau a démarré à deux cents à l’heure. Dès son arrivée, sa flexibilité sur le terrain, et son entrain dans le vestiaire, ont séduit le groupe. «J’ai tout de suite été adopté, j’aime aller vers les gens. Pour ce qui est de mon profil, je suis un milieu relayeur de formation, c’est à ce poste que j’ai été formé au Mans FC. Mais dans mes derniers clubs, les coachs n’hésitaient pas à me balader, parce qu’ils estimaient que j’avais le bagage technique et athlétique pour endosser un costume plus large : neuf, ailier intérieur, numéro 10… », explique-t-il. En octobre, son entraîneur Frédéric Advice renouvelle alors cette idée. «Au départ, ça m’a un peu fait grincer des dents, car on m’avait quand même recruté pour jouer au milieu, mais je l’ai gardé pour moi. Puis je me suis dit 'mais c’est rien en fait’», se remémore-t-il aujourd’hui. Titulaire à tous les matches, il enchaîne, marque, et répond à l’appel lorsque le niveau s’élève. Fin octobre, le Paris Atlético bat le Red Star d’Habib Beye lors d’un match amical. Sous les yeux de l’ancien joueur de l’OM, Bokangu marque un doublé et permet à son club de l’emporter (2-1). «En fait, à la mi-saison, je suis ultra satisfait, retrace-t-il. Je suis à 4 buts en 4 matches en tant qu’attaquant, et je réalise qu’il y a vraiment quelque chose à faire. Un coéquipier m’avait dit 'mais toi tu dois finir avec 12 buts au moins cette saison’. Je le prenais pour un fou, puis en deuxième partie de saison, chaque match lui donnait un peu plus raison».
S’il n’est pas forcément un homme de chiffres à la base, ils parlent suffisamment bien de son poids dans son équipe. À partir du mois de janvier, la machine est en effet lancée : 12 matches, 6 passes décisives et 12 pions, avec dans le lot une merveille de 35 mètres, des buts de rapine, de la tête, des deux pieds, un coup-franc contre son ancien club, Saumur, et puis pour couronner le tout, les buts de la montée. Face à la Roche en mars, concurrent direct, il marque le but du 2-0 sans prendre la mesure de l’importance qu’aura ce but quelques semaines plus tard, celui qui fera la différence au goal-average particulier (pour départager le Paris 13 et La Roche, chacun à 48 points, ce sont les confrontations entre les deux équipes qui sont prises en compte. La Roche a gagné le match aller 1-0, et le Paris 13 le retour, 2-0). C’est ce même Bokangu, au carrefour de toutes les influences, qui rééditera lors de l’ultime journée de Championnat. Dans l’obligation de gagner pour entériner sa montée, le Paris 13 s’impose 2-1 face à Angoulême avec un doublé de son homme providentiel. Ce qu’il avait d’ailleurs prédit : «après l’avant-dernier match de la saison gagné contre Blois, l’adjoint me taquine parce que je n’ai pas marqué. Je lui dit que si je n’ai pas marqué, c’est parce que je vais mettre un doublé au match suivant. Et c’est ce qui s’est passé», rigole-t-il.
La R3 comme point de départ, mais aucun plafond de verre
L’appétit vient en mangeant, et au terme d’une saison aussi copieuse, Bokangu veut poursuivre sur des bases encore plus affamées. À 24 ans et avec son profil foot d’en bas, il n’a surtout plus envie de se priver de rêver, ni de réfléchir, conscient qu’une trajectoire peut parfois se construire à partir de peu. «J’ai eu des entraîneurs que je remercie énormément et qui ont été cruciaux dans ma progression, que ce soit Mohamed Bouhacida aux Sablons ou Julien Sourice à Saumur. Ils ont cru en moi. Et aujourd’hui, on voit de plus en plus d’amateurs réussir à se hisser au très haut-niveau. Juste en équipe de France, il y a Clauss qui jouait en D6 allemande il y a 10 ans, et qui a découvert la Ligue 1 à 28 ans», rappelle-t-il. S’il n’a pas la prétention d’arborer le coq un jour, il avoue s’être fixé l’objectif de jouer en L1 : «en ce qui concerne mes ambitions personnelles, c’est d’intégrer une structure professionnelle cette saison. Jouer dans un club de haut de tableau en National, ou aller dans un club de Ligue 2. Je veux continuer ma progression, confirmer plus haut, et l’objectif c’est d’avoir joué en Ligue 1 d’ici 5 ans, minimum». Ce serait beau, encore plus lorsqu’on connaît le parcours du joueur, non-conservé par Le Mans FC à 17 ans au motif qu’il n’avait pas le niveau pour évoluer en U17 Nationaux. La saison prochaine, il pourrait retrouver ce même Mans FC… en National. Selon nos informations, plusieurs formations, aussi bien en Suisse, qu’en National, ou en Ligue 2 sont d’ailleurs sur le joueur.
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