Entretien avec… Diomansy Kamara : « Mes agents étaient entrés en contact avec Kombouaré et Roche »
Cet été, Diomansy Kamara a décidé de rejoindre la Turquie pour poursuivre sa carrière. Et pourtant, nombreux étaient les clubs à être sur ses traces. Pour Foot Mercato, l'attaquant, double buteur hier soir face à la Syrie, a fait le point sur son arrivée en Turquie et ses contacts, notamment avec le Paris Saint-Germain.
**Foot Mercato : Tout d'abord Diomansy, comment allez-vous ?
Diomansy Kamara :** Ça va, impeccable merci. Je suis en préparation avec mon nouveau club Eskisehirspor. Tout va bien malgré les problèmes qu'il peut y avoir en Turquie actuellement.
**FM : En parlant de ces problèmes, comment ça se passe exactement là-bas ?
DK :** Honnêtement, je ne suis pas encore parfaitement au courant. Je sais qu'il y a des problèmes avec Fenerbahçe qui aurait acheté des matches, mais ça reste encore à prouver. Notre entraîneur a été mis en garde à vue avec le directeur sportif, par rapport à quelques matches qui auraient été truqués l'année dernière. C'est un peu le flou ici.
**FM : Pour vous qui venez d'arriver, cette situation doit être assez étonnante...
DK :** Oui ! J'aurais aimé arriver dans de meilleures conditions, car je suis arrivé dans un club sérieux, avec un très bon président. L'entraîneur me voulait, il est venu me voir jouer deux ou trois fois l'année dernière. Un nouveau club, un nouveau championnat et voir de tels bouleversements, ce n'est pas facile. Mais bon, on fait avec.
**FM : En France, ce sujet ne fait pas les choux gras de la presse. Est-ce un véritable scandale là-bas ?
DK :** Oui, ça fait scandale. J'ai parlé avec mon père et mes amis, c'est vrai qu'en France ça n'a pas vraiment éclaté. En Turquie, la presse est une presse à scandale. Et en plus, c'est Fenerbahçe qui est visé, ils ont été champions. Donc ça fait un vrai remue-ménage.
**FM : Votre directeur sportif et votre entraîneur ont été placés en garde à vue. Avez-vous eu des discussions avec le reste de l'encadrement pour faire le point sur la situation ?
DK :** Oui, j'ai parlé avec le vice-président, pas le président lui-même. Mais notre club n'est pas impliqué directement, c'est l'entraîneur et le directeur sportif. Là, il y a une enquête, plus de 40 personnes ont été prises comme des joueurs, des entraîneurs ou des directeurs sportifs. Mais notre équipe n'est pas plus affectée que ça. On a un staff de qualité donc on travaille sereinement. Ça ne perturbe pas plus que ça notre préparation.
**FM : Aucun regret d'avoir signé là-bas donc ?
DK :** Non, je ne regrette pas du tout. J'aurais aimé arriver dans de meilleures conditions, oui. Mais j'ai déjà connu ça en Italie, je suis habitué. Ça ne me gêne pas. On a un bon groupe, on vient de faire signer Kris Boyd contre qui j'ai déjà joué, je l'ai eu au téléphone. Ça ne perturbe donc pas notre mercato et notre équipe.
Retour sur son mercato
**FM : Vous avez donc signé en Turquie. Pourquoi ce choix ?
DK :** Je voulais découvrir autre chose. J'ai fait quatre ans en Italie, six ans en Angleterre. Je voulais un nouveau challenge. La Turquie me plaisait. J'avais eu des offres d'Arabie Saoudite, de Dubaï, j'ai même eu une offre de Chine. Mais je voulais rester dans un championnat européen. J'en ai pas mal parlé avec Mamadou Niang, Issiar Dia et Jacques Faty qui vient de s'engager à Sivasspor. La Turquie attire de plus en plus de bons joueurs et dans les années à venir, le niveau du championnat va s'élever.
**FM : Voir ce contingent d'anciens joueurs de Ligue 1, sénégalais qui plus est, a dû vous aider dans ce choix...
DK :** C'est clair. J'ai de très bons rapports avec Mamadou Niang et Issiar Dia, et ils m'ont dit que le niveau du championnat était assez élevé. Et puis il y a la Coupe d'Afrique en 2012, donc il fallait aller dans un championnat au niveau élevé pour être compétitif. J'ai 30 ans, j'ai encore de belles années devant moi. J'avais eu aussi quelques contacts en France, c'est vrai. J'aurais aimé jouer en France. J'ai un petit regret là-dessus, ça c'est clair.
**FM : Où en étiez-vous dans ces contacts avec des clubs français ?
DK :** En fait, j'ai discuté avec Paris à un certain moment. Pour moi, c'était un rêve de jouer au PSG. Mes agents étaient entrés en contact avec Antoine Kombouaré et Alain Roche. Mais quand les Qataris sont arrivés, l'histoire a été close. Maintenant, je suis arrivé dans un club qui me voulait, qui m'a donné trois ans de contrat. C'est un club ambitieux, qui veut jouer l'Europe. L'année dernière, ils étaient sixièmes. Là, ils veulent être entre la troisième et la cinquième place. C'est intéressant.
**FM : Vous n'avez jamais pu jouer au plus haut niveau en France, n'est-ce pas frustrant ?
DK :** Oui, j'ai une petite frustration. Ça m'aurait fait plaisir de jouer en France. J'ai joué en Serie A, en Premier League. Il manquera sur mon CV la Ligue 1. Mais bon, je suis en Turquie et je regarderai avec attention mon club, le PSG, et je continuerai à les supporter.
**FM : Par le passé, aviez-vous eu des contacts avec d'autres clubs français ?
DK :** Oui. J'ai eu quelques contacts. On avait discuté avec les Girondins de Bordeaux, mais ça n'a pas abouti. Pour moi, je voulais revenir en Ligue 1 dans un bon club et ça ne s'est pas fait. Pas de regrets.
**FM : Vous avez eu des contacts en Arabie Saoudite ou à Dubaï. Ces challenges là pourraient vous intéresser une fois votre aventure en Turquie terminée ?
DK :** Oui, bien sûr. Je suis allé en Arabie Saoudite cet été. J'ai discuté avec Al Ittihad. Mais je pense que je suis encore trop jeune pour aller là-bas. Mais dans quelques années pourquoi pas.
**FM : Vous qui avez connu la Premier League et la Serie A, quelles grandes différences notez-vous entre les deux championnats ?
DK :** La Serie A, à l'époque où j'y étais, c'était peut-être le plus grand championnat du monde, il y avait les plus grands joueurs : Ronaldo, Zidane, Baggio... La crème du football européen. Mais c'est un football extrêmement tactique, là où le football anglais est plus physique et ouvert. Honnêtement, j'ai préféré la Premier League à la Serie A. L'engouement qu'il y a en Italie est différent, j'ai connu pas mal de hooligans là-bas. En Angleterre, c'est devenu familial, il y a un grand respect des footballeurs. De la première à la quatrième division, il n'y a pas de problème. Il n'y a pas de grillages, les supporters sont à côté du terrain. C'est magnifique.
**FM : Votre carrière est assez atypique puisque vous avez pas mal bourlingué pour finalement éclore. Cela doit être une fierté d'avoir réussi de cette manière...
DK :** C'est clair. Je n'aurais jamais pensé pouvoir faire la carrière que j'ai fait. Je n'ai pas fait de centre de formation. Et finalement, j'ai joué en Serie A, en Premier League, j'ai une cinquantaine de sélections en équipe du Sénégal. Je remercie le bon Dieu, mon objectif étant jeune était simplement de faire un ou deux matches en pro !
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