Adem Ljajic a enfin mérité son appellation de grand talent, à la faveur d’une fin de saison dernière de haut vol avec la Fiorentina. Cela dit, il se retrouve actuellement au centre de polémiques, avec une prolongation de contrat compliquée et le Milan AC en toile de fond. Mais sur les embrouilles, le jeune Serbe en connaît un rayon.
Depuis un an, s’est instaurée une ambiance tendue entre la Fiorentina et le Milan AC. Depuis le cas Montolivo, en réalité. Le milieu international, après sept ans passés en Viola, a fait traîner une éventuelle prolongation de contrat pour mieux filer libre en Lombardie. Le point de départ d’une nouvelle rivalité, qui s’est également traduite sur le terrain, avec une lutte acharnée pour la Ligue des Champions jusqu’à la dernière journée du précédent championnat – à quelques minutes près, la Fio raflait la troisième place. D’où, de nouvelles tensions, entre les incidents à l’Artemio Franchi – Galliani pris à partie par une centaine de tifosi – les punchlines distillées par dirigeants et joueurs à l’encontre du concurrent, et même, l’arrivée récente de la légende rossonera Ambrosini en Viola. Un nouvel élément est venu placer cette rivalité tout terrain dans la continuité : Adem Ljajic. Un joueur qui a pris pour habitude d’attirer les ennuis.
La claque de Delio Rossi, la renaissance avec Montella
Déjà plus de trois ans, qu’Adem Ljajic évolue au sein du club florentin, avec lequel il a connu un parcours pour le moins chaotique. Débarqué en janvier 2010 contre 6,5 M€, avec un surnom de « Kaka de l’Est » et un transfert avorté de peu à Manchester United, il était considéré comme une belle promesse et suscitait l’enthousiasme. Aussi, parce qu’il emboîtait le pas d’un autre talent brut de la maison Partizan, un certain Stevan Jovetic. Sauf qu’au contraire de son collègue monténégrin, Ljajic mettra du temps à s’adapter, et à l’Italie, et à son football. Après une première moitié de saison à cirer le banc, il ne profitera pas de la nomination de son compatriote Mihajlovic pour exploser. Loin de là : dans une Fiorentina bien morose, il ne décolle quasiment pas du banc, s’attirant même les foudres du technicien, qui déclarera à la fin de son expérience que Ljajic « devrait se couper les cheveux, arrêter de manger du chocolat et décrocher de son ordinateur. » Une critique qui relevait le manque de motivation et la paresse du joueur. Delio Rossi, son successeur à partir de novembre 2011, formulera quant à lui d’autres types de reproches.
C’est un coup de poing, qu’il assènera au jeune homme, un soir de match couperet pour le maintien face à Novara en mai 2012. Sorti à la demi-heure de jeu, Ljajic sera lynché sur le banc, après qu’il ait provoqué le coach en l’applaudissant ironiquement. Si Rossi a été viré dans la foulée, le joueur était lui aussi voué au départ. C’est Vincenzo Montella, qui lui accordera une seconde chance, en exprimant à ses nouveaux dirigeants son désir de conserver le talent, alors exclu du groupe et au centre d’une nouvelle polémique, en sélection cette fois-ci – pour son refus de chanter l’hymne serbe, obligation imposée par le sélectionneur... Mihajlovic. Un choix payant : si Ljajic ne se montrera pas des plus convaincants dans le 3-5-2 initialement mis en place par le néo-coach florentin, il explosera littéralement à l’instauration du 4-3-3 en début d’année 2013. C’est sous son impulsion que la Fio réalisera une belle fin de parcours, Adem réalisant 10 buts et 5 passes décisives sur les 12 dernières rencontres de championnat. Un véritable boom, l’explosion tant attendue, après trois ans d’attente et de reproches. Pourtant, ces belles performances sont aujourd’hui éclipsées par une nouvelle polémique. Encore.
L’offre du Milan par fax, la réponse de la Fio en un tweet
Cette polémique, elle tourne autour des négociations pour son nouveau contrat. En fin de bail en juin 2014, Ljajic traîne pour resigner. De longues tractations qui ont encouragé le Milan à se bouger. Car le club rossonero ne cache pas son intérêt pour l'attaquant. Ses dernières sorties dans un 4-3-3, justement le dispositif mis en place par Allegri en cours de saison, ses 21 printemps, sont autant d’éléments qui attirent Galliani. Ce dernier, suivant activement l’actualité liée au joueur, a ainsi faxé une offre aux Florentins. 8 millions. Somme convenable, pour un élément dans un tel flou autour d’un contrat expirant dans de brefs délais. Mais la manière dont cette offre est parvenue, après qu'il ait été révélé que le dirigeant milanais avait navigué en eaux troubles en cherchant à joindre le joueur, n'a pas plu aux dirigeants de la Viola, dont la réponse a été pour le moins négative. Le vice-président Paolo Penarai a tweeté à l’attention de son homologue : « Cher Adriano, comme ça, ça ne se fait pas. Pour Montolivo, tu m’avais assuré que tu n’avais pas pris contact. Avec Ljalic (sic), tu violes le règlement. » De son côté, le président Della Valle a qualifié l’offre « d’irrecevable, tardive et inopportune. »
Vexé, Galliani s’est défendu d’avoir agi dans les règles. «Nous avons fait une offre en période de mercato. Je ne comprends pas leur réaction. » L’embrouille entre les deux clubs est telle qu’aujourd’hui, les Florentins songent même à insérer des mesures anti-Milan dans le nouveau contrat à proposer à Ljajic. À savoir, une clause de départ de 12 M€, seulement utilisable pour les clubs étrangers. Dans le contenu, une revalorisation salariale – des émoluments multipliés par deux – serait également proposée au Serbe. Cela dit, ce dernier reste muet. Montella l’a vu tantôt « perturbé », tantôt « confiant », mais une chose est sûre, le technicien voudrait le voir rester. Cependant, l’embouteillage offensif et le retour possible au 3-5-2 – utilisé durant la préparation avec le duo Gomez-Rossi en pointe – pourraient encourager le joueur à prendre la tangente. Traumatisés par l'affaire Montolivo, qu'ils ne veulent absolument pas voir se reproduire, les dirigeants attendent pour leur part une réponse rapide. En attendant, les tifosi, ceux-là même qui l’insultaient encore l’année dernière, entendent bien indiquer à Ljajic la décision à prendre. Après son but en amical face à Gaziantepspor, les supporters présents à Moena ont entonné, d’une seule voix, « Signe Adem, signe ! »
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