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Pourquoi les clubs anglais recrutent moins cet été

Les clubs anglais dépensent beaucoup, en raison de l'inflation des tarifs sur le mercato estival, mais quand on y regarde de plus près, ils recrutent bien moins que les années précédentes. Explications.

Par Aurélien Léger-Moëc
4 min.
Frank Lampard pourrait faire confiance à Tammy Abraham à Chelsea cette saison. @Maxppp

« On attend que les clubs anglais bougent » est une phrase que l'on entend régulièrement de la part des directeurs sportifs des clubs français. Il faut dire que depuis l'explosion des droits TV outre-Manche, les clubs anglais ont habitué toutes les formations européennes à irriguer leurs finances, à coup d'achats intempestifs. On ne compte plus les joueurs de niveau moyen achetés des dizaines, vingtaines voire trentaines de millions d'euros. Une aubaine pour des clubs français souvent structurellement déficitaires, qui pouvaient compter sur cette manne quasiment garantie.

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Mais voilà, cet été, cela ne bouge que très peu chez nos amis Anglais. Le journal The Daily Telegraph a ainsi fait le calcul. Au 26 juillet, 59 joueurs ont été recrutés par les clubs, soit le plus petit total, à égalité avec 2010 depuis l'été 2002. En comparant le rythme de signature par contre, cette année risque d'être au final la pire, avec une projection de 76 signatures à la fin du mercato (contre 121 au total en 2010). Car il ne faut pas oublier un fait important : le mercato fermera ses portes le 8 août à 18h, juste avant le début du championnat. Ce qui ne laisse plus que 13 jours aux dirigeants anglais pour s'activer. Mais le feront-ils ?

Une explication d'abord conjoncturelle

Comme chaque année, le mercato est avant tout une affaire de circonstances, de conjoncture. Et ce sont souvent les membres du groupe des favoris qui impulsent le mouvement. Or, Liverpool et Manchester City restent calmes. Cela reste relatif pour les Citizens qui ont payé la clause libératoire de Rodri (70 M€) et racheté leur latéral gauche Angeliño au PSV Eindhoven. Par rapport aux années précédentes, cela reste modeste. Les deux rivaux de la saison passée possèdent déjà un effectif riche et fourni, sans départ programmé de titulaires. Pas besoin donc de faire des folies sur le marché. Ajoutez à cela un Chelsea interdit de recrutement, et un Manchester United pour l'instant frustré sur son recrutement et vous obtenez des clubs moins dépensiers. Arsenal et Tottenham s'activent mais n 'ont jamais été de grands argentiers en Premier League.

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Deuxième raison de ce mercato rabougri, les tarifs qui n'en finissent plus de s'élever. Historiquement, les clubs anglais ont toujours surpayé les transferts entre eux. Parvenir à chiper un joueur majeur de n'importe quelle équipe de Premier League coûte cher. Et encore plus cette année, à l'image des dossiers Wilfried Zaha (sur lequel Arsenal bute et pour lequel Everton a proposé 65 M€ + son attaquant Tosun) et Harry Maguire (Leicester en réclame 90 M€ à Manchester United). Investir autant sur de bons joueurs du championnat, mais qui ne seront jamais des cadors, fait sérieusement réfléchir les dirigeants. Du moins en attendant les derniers jours et les fameux panic-buy typiquement british.

Les jeunes pousses et l'exemple Tottenham

Troisième explication à ce ralentissement estival : l'intérêt grandissant des fans pour les joueurs sortant du centre de formation. Chelsea est interdit de recrutement ? Pas grave pour la majeure partie des supporters, déjà ravis de l'arrivée sur le banc de touche de la légende vivante Frank Lampard et par les promesses diffusées par les jeunes pousses que sont Callum Hudson-Odoi, Tammy Abraham ou encore Mason Mount. Liverpool espère de son côté assister à l'éclosion de Rhian Brewster, tandis que Manchester City croit beaucoup en Phil Foden. Peu à peu, les clubs anglais se mettent à croire en leur jeunes pousses. Manchester United se mord encore les doigts d'avoir dû lâcher 100 M€ pour racheter Paul Pogba, formé au club et pas assez utilisé lors de son premier passage, ce qui avait provoqué son départ.

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Dernière raison possible, la prise en compte des leçons de la saison passée. Une ou deux retouches peuvent suffire pour être victorieux. Mais c'est surtout le parcours de Tottenham qui a marqué les esprits. Sans recrue depuis janvier 2018, les Spurs ont réalisé une très belle saison. Laisser du temps à une équipe de s'épanouir et de se connaître sur le bout des doigts n'est plus considéré comme une ineptie. Bien sûr, toutes ces raisons n'empêcheront pas le mercato anglais de s'emballer dans sa dernière ligne droite, même si, jusqu'à présent, seuls deux clubs ont recruté plus qu'ils n'ont vendu (Leicester et Norwich). Plusieurs clubs ont déjà fait sauter la banque à l'image de Newcastle (45 M€ sur Joelinton) ou recruté à tour de bras (le promu Aston Villa). Les prochains jours diront si les directeurs sportifs à travers l'Europe peuvent encore espérer remplir leurs caisses grâce à leurs homologues d'outre-Manche.

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