Le football anglais est-il en danger ?
Seul un tiers des joueurs qui ont foulé les pelouses de Premier League ce week-end étaient anglais. Un chiffre historiquement bas qui relance le débat de la formation au pays historique du football.
La première journée de Premier League a permis d’établir un nouveau record. Mais pas des plus réjouissants ni des plus rassurants pour le football d’outre-Manche. En effet, le championnat de référence dans le monde a atteint un niveau historiquement bas de joueurs anglais dans les différents "onze" de départ. S’ils étaient 177, pour 73% des effectifs totaux en 1992, ils n’ont été ce week-end que 74 sujets de sa Majesté à débuter l’exercice 2013/2014 en tant que titulaire, soit 33,6%. En allant encore plus loin, les statistiques démontrent que deux tiers des footballeurs qui évoluent en Premier League sont issus d’un pays étranger. A titre de comparaison, la Ligue 1 comptait 73,6% de joueurs français la saison passée.
La faillite des équipes de jeunes
Le mal semble profond, et s’étend au-delà de la seule Premier League. C’est toute la formation anglaise qui semble tourner au ralenti. L’inquiétude enfle au pays des Three Lions, voyant la jeunesse triomphante prendre le pouvoir dans les autres championnats majeurs. En Espagne, les espoirs sont champions d’Europe en titre. En France, ce sont les moins de 20 ans qui ont raflé la couronne mondiale, tandis que les moins de 19 ans ont seulement chuté en finale de l’Euro. Mais point d’Angleterre dans les palmarès récents des différentes compétitions de jeunes.
Le zéro pointé, trois matches et trois défaites, lors des phases de poule des derniers championnats d’Europe espoirs en est le symbole. Pourtant, tout n’est pas à jeter. Jamais vainqueur ni même finaliste des Coupes du Monde U17 et U20, l’Angleterre a pourtant remporté l’Euro des moins de 17 ans en 2010. Puis cette même génération atteignait les demi-finales de l’Euro U19 deux ans plus tard. Ils ne sortiront cependant pas des poules lors de la Coupe du Monde des moins de 20 ans cet été.
Les joueurs anglais ne font pas recette à l’étranger
En attendant la fin du mercato, il est toutefois à noter que parmi les 61 plus gros transferts effectués cet été, seuls 12 concernent des joueurs anglais. Plus globalement, aucun joueur anglais n’a rejoint de grand d’Europe jusqu’ici, d’autant qu’il n’y avait pas de club anglais en quarts de finale de la Ligue des Champions la saison passée.
Si la Premier League est toujours dans les premiers rangs lorsqu’il s’agit de faire venir des joueurs étrangers, elle est en revanche bien moins sollicitée, ou encline à laisser partir ses propres ressortissants. Et lorsqu’elle pourrait se montrer conciliante, ce sont les montants des salaires versés aux protagonistes, sans même parler des indemnités de transfert, qui éconduisent les acquéreurs potentiels. La récente confrontation des moins de 21 ans des Three Lions face à leurs homologues écossais s’est soldée par une nette victoire 6-0. Pourtant, seuls trois des vingt-trois appelés pour ce match international ont foulé les pelouses de Premier League ce week-end.
La FA veut réagir
Après avoir tiré la sonnette d’alarme, la Football Association souhaite désormais passer à l’action. « Tout le monde reconnaît la nécessité qu’un plus grand nombre de joueurs anglais obtienne sa chance en Premier League », explique le responsable du développement au sein de la FA, Sir Trevor Brooking. « Nous souhaitons tous accroître la qualité des joueurs qui passent par nos académies. Il faut travailler avec les jeunes, changer leur culture et revoir à la hausse les exigences techniques et les normes d’entraînement », précise-t-il.
Premier effort consenti dans le but de tirer les centres de formation vers le haut, une enveloppe de 340 millions d’euros dégagée sur quatre ans au sein d’un Plan de Performance pour des Joueurs d’Élite. Une somme conséquente qui sera allouée à la mise à niveau des programmes de formation des clubs de Premier League.
Mondial 2014 : sans l’Angleterre ?
Mais malgré ce volontarisme affiché pour sauver les apparences, les instances anglaises semblent encore se voiler la face. Le big boss de la Premier League, Richard Scudamore, déclarait ainsi le mois dernier : « La Premier League n’a rien à se reprocher, nous ne sommes que 60 millions en Angleterre, et il y a 212 pays qui jouent au football. C’est un problème qui nous dépasse. » Un ton fataliste qui n’incite pas franchement à l’optimisme, d’autant qu’à moins d’un an du mondial brésilien, la qualification des hommes de Roy Hodgson est loin d’être acquise. Après l’Euro 2008, faudra-t-il que les Three Lions brillent par leur absence au Brésil l’an prochain pour pousser les instances anglaises à réagir ?
En savoir plus sur