Premier League

Entretien avec Anthony Knockaert : «Leicester, un tremplin pour rejoindre un club plus huppé»

Promu cette saison, Leicester City reçoit Arsenal dimanche pour le compte de la troisième journée de Premier League. Une accession à l'élite à laquelle le Français Anthony Knockaert n'a pas été étranger. Un joueur qui peut faire gagner un match à lui tout seul comme aime à le dire son entraîneur Nigel Pearson. À 22 ans, le milieu originaire de Lille découvre le haut niveau outre-Manche. Pour Foot Mercato, l'ancien Guingampais raconte son parcours atypique et dévoile ses objectifs en club comme en sélection. Entretien.

Par La Rédaction FM
9 min.
Leicester City FC Anthony Knockaert @Maxppp

Foot Mercato : Vous avez débuté au Racing Club Lens. Une expérience qui ne s'est pas forcément bien terminée.

La suite après cette publicité

Anthony Knockaert : J'étais entre 8 ans et 13 ans à Lens. Ils m'ont renvoyé à 13 ans parce que je ne correspondais pas à ce qu'ils souhaitaient. Ils m'ont dit que je pouvais chercher un nouveau club. Donc en sortant de là j'ai été assez écoeuré. Je me suis demandé si j'étais bien fait pour le foot parce que quand tu sors d'un club comme ça au bout de cinq ans et qu'ils te disent que tu ne réussiras pas, c'est dur à accepter. J'ai eu la chance de continuer, car mon père m'a toujours poussé. Il m'a dit qu'il fallait croire en moi et que je pouvais réussir.

FM : Cet épisode digéré, vous avez su rebondir malgré tout.

A.K : Oui. Je suis parti ensuite deux ans à Moucron en Belgique puis je suis revenu en France à Lesquin où ça s'est super bien passé. C’est à ce moment-là que Guingamp est venu me chercher. J'ai signé stagiaire pro deux ans. J'ai joué une année en CFA et ils m'ont fait signer pro après une saison. Guingamp venait de descendre en National où j'ai fait ma première année avec Jocelyn Gourvenec. Nous sommes remontés en L2 et Gourvenec m'a fait confiance. J'ai commencé à jouer et j'ai terminé la saison avec 11 buts et 8 passes décisives. Il me restait un an de contrat et en fin de saison j'ai reçu deux offres. Une de Montpellier qui était champion de France et allait jouer la Ligue des Champions. Mais Guingamp réclamait trop d'argent. L'autre offre était de Leicester qui voulait jouer la montée en Premier League. Je suis ici depuis trois ans maintenant. On est monté en Premier League donc tout va bien pour le club. C'est ma dernière année de contrat. Dans les mois qui viennent, je pense que le club me proposera une prolongation. Je pense que je ne renoncerai pas à une prolongation.

FM : Que retenez-vous de votre passage à Guingamp ?

A.K : Je ne remercierai jamais assez le club. C'est Guingamp qui m'a permis de découvrir le haut niveau. Toutes les années que j'ai passées là-bas se sont super bien passées. Je n'ai fait que progresser et apprendre. Je me sentais très bien là-bas. C'est un club familial qui fait travailler les jeunes joueurs. J'ai eu la chance de jouer sous les ordres de Jocelyn Gourvenec. En tant que joueur, on sent vraiment que c'est un entraîneur qui fait confiance aux jeunes et veut nous faire progresser

FM : Ce n'est pas un regret d'avoir quitter l'En Avant Guingamp qui évolue en Ligue 1 depuis quelques saisons maintenant.

La suite après cette publicité

A.K : Je pense que si à la fin de mes trois années de contrat à Leicester je n'avais pas goûté à la Premier League et que nous n'étions pas montés, ça m'aurait un petit peu embêté quand même. Le but c'était de venir ici et de monter assez rapidement en Premier League. J'ai toujours été confiant. Dès que je suis arrivé ici, on a failli monter dès la première année. Il m'est arrivé un drôle d'épisode d'ailleurs. Ça a été dur à accepter, mais je suis revenu la saison passée avec d'autres ambitions. Nous sommes montés en fin de saison. Je ne regrette rien même si j'ai passé de super années à Guingamp.

Leicester, un tremplin

FM : Pouvez-vous nous parler de Leicester, un club assez méconnu en France ?

A.K : C'est un club qui est assez dans l'anonymat du football français. Ce n'est pas un club comme Chelsea. Les infrastructures du club sont exceptionnelles pour un club qui était en Championship l'année dernière. Ensuite, au niveau des supporters c'est une ambiance à part. On joue souvent les matches à trois heures à domicile. On a rendez-vous à 13h30 comme il n'y a pas de mise au vert. Le stade est plein, les fans sont impatients que le match commence. C'est une autre ambiance. J'ai eu la chance de jouer en Ligue 2 française et anglaise. En Angleterre, c'est totalement différent. Je n'ai jamais vécu un match en Championship où il y avait moins de 15 000 spectateurs. On a de super supporters présents dans les bons comme dans les mauvais moments.

La suite après cette publicité

FM: Pourquoi avoir signé là-bas? Était-ce une sorte de tremplin pour pouvoir rejoindre un club plus huppé dans le futur ?

A.K : Avec mon agent, on s'est fixé comme objectif de faire mes trois années à Leicester. L'objectif numéro un était de monter en Premier League. Maintenant que c'est fait, je vais donner mon maximum cette année pour le club (...) Je vais sur mes 23 ans, ça serait pas mal de voir ailleurs et jouer pour un club plus huppé. Mais je ne me prends pas la tête, je suis très bien ici. Mais si par l'avenir, je peux commencer à faire une belle carrière, c'est tout ce que je me souhaite. J'ai des objectifs en tête et je vais tout faire pour essayer de rejoindre un club plus huppé dans les années à venir. Pour cela, il va falloir faire de bonnes saisons en Premier League. Leicester, c'est un genre de tremplin. Je voulais venir ici et monter en Premier League. C'est fait. On est beaucoup plus médiatisé et ça peut ouvrir plus de portes si je suis bon sur le terrain.

La suite après cette publicité

FM : Vous en parliez justement, vous avez vécu un épisode assez compliqué lors des playoffs en 2013. Pouvez-vous revenir là-dessus ? Comment avez-vous rebondi après ?

A.K : J'ai mis du temps à m'en remettre. Je n'ai pas dormi pendant trois jours après ce match. C'était quelque chose d'hallucinant. J'obtiens un pénalty à la 96ème minute puisqu'il y avait six minutes d'arrêts de jeu. Si je marque, on est en finale de playoffs et il reste un match ensuite pour monter en Premier League. Je prends mes responsabilités pour tirer le pénalty. Je voulais tellement marquer que je me suis précipité et j'ai raté. Ce qui est encore plus rageant, c'est qu'ils marquent derrière en contre et sont qualifiés pour la finale. C'était vraiment la pire chose qui pouvait m'arriver cette année-là. On avait fait une bonne saison et on méritait un meilleur sort. J'ai vraiment eu du mal à m'en remettre pendant un bon mois. Je n'arrêtais pas de penser à ça. Je me disais : Pourquoi tu as frappé ? Pourquoi je n'ai pas laissé tirer quelqu'un d'autre ? Je me suis posé des tas de questions. Au final, en discutant avec ma famille, on s'est dit que ça ne servait à rien d'avoir des regrets comme ça et qu'il fallait avancer. Je me suis battu pour essayer d'oublier ça vite. C'était une expérience difficile à vivire, mais la roue a tourné.

FM : Quels sont les objectifs de Leicester cette saison ? Quels sont les vôtres ?

A.K : L'objectif du club est de se sauver. Les deux premières journées, nous avons reçu Everton et nous avons été à Chelsea. On joue à Arsenal dimanche. Au niveau du calendrier, en ce début de saison on n’a pas été gâté. C'est bien de rentrer dans le grand bain directement. On sait à quoi on va s'en tenir cette saison. Pour l'instant, ça ne s'est pas trop mal passé même si on a perdu la semaine passée à Stamford Bridge. On a fait un bon match, mais on a perdu. Comme le coach nous a dit, il faudra se battre pour atteindre les objectifs cette saison et se sauver. Si on peut faire mieux et finir dans le ventre mou du classement, ce serait l'idéal. Individuellement, mon but est de faire de bons matches et être important dans l'impact de l'équipe. Je veux faire mon maximum pour mon équipe. J'espère être décisif et marquer des buts.

Un retour en France ? Pas impossible

FM : Ce dimanche, vous recevez Àrsenal. A quel genre de match vous attendez-vous ?

A.K : ça va être un match difficile et on le sait. A domicile ou à l'extérieur, ce sera difficile de toute façon. Mais devant notre public, on aura à coeur de bien faire et gagner notre premier match de la saison. On a vraiment envie de gagner. On sait que si on met un gros pressing et qu'on essaye de les bouger au maximum, il y a moyen de faire quelque chose surtout qu'ils ont joué cette semaine contre le Besiktas. Le coach est allé voir le match et il va nous donner tous les petits détails pour tenter de gagner. Si on peut gagner ce dimanche, ce serait super pour nous qui sommes promus et nos supporters.

FM : Pour vous aider, vous pourrez compter sur Esteban Cambiasso qui a rejoint le club. Que pensez-vous de son arrivée ?

A.K : C'est du bonus pour nous. C'est un joueur qui a connu le très haut niveau. Il a joué de prestigieuses compétitions. C'est une super recrue pour Leicester. Il va apporter son expérience et puis surtout ses qualités. Donc on peut être fier de cette recrue. Il va nous faire du bien au milieu. Il va garder les ballons. On a vraiment besoin de joueur comme ça.

FM : Vous avez quitté la France en 2012. Jouer en Ligue 1, est-ce que c'est quelque chose d'envisageable un jour pour vous ?

A.K : Franchement, s'il y a un club qui devait m'intéresser en Ligue 1, ce serait Lille. Je suis originaire de là-bas et toute ma famille y est. Ça reste un bon club. Une écurie ambitieuse qui veut se qualifier pour la Ligue des Champions chaque saison. C'est un club que j'aime bien. Si un jour je peux rejoindre Lille, pourquoi pas. Après, je suis un vrai passionné de Premier League. J'ai toujours aimé ce championnat depuis que je suis tout petit. Maintenant que j'y suis, je veux en profiter au maximum. Après, on ne sait pas ce qui peut se passer dans le football et je pourrais revenir en France un jour.

FM : Vous avez évolué en Équipe de France plus jeune. Évoluer avec les Bleus, est-ce dans un coin de votre tête ?

A.K : J'y pense forcément. C'est un objectif. On ne sait pas ce qui peut se passer en football. Si je fais vraiment une belle saison cette année, il y aura l'Euro l'année d'après. Ca peut aller très vite on l'a vu avec certains joueurs l'année dernière. Je l'ai dans un coin de ma tête. C'est cette année qui va être très importante pour ma carrière. Il faut vraiment que je fasse une bonne saison.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité
Copié dans le presse-papier