Le bonheur n'est pas toujours dans le prêt. Paul Nardi ne dira pas le contraire. Arrivé l'été dernier à Rennes qui lui avait promis le poste de gardien numéro un, le portier de 22 ans a finalement occupé le rôle de doublure quand Benoît Costil, sur le départ, est finalement resté. Après des semaines de calvaire, le joueur qui appartient à Monaco a été prêté cet hiver au Cercle de Bruges. Pour Foot Mercato, Paul Nardi revient sur son expérience décevante à Rennes et évoque ses ambitions en Belgique. Entretien.
Foot Mercato : La première chose qu'on a envie de vous demander Paul est comment allez-vous ?
Paul Nardi : Je vais dire beaucoup mieux. J'ai retrouvé le terrain samedi. Donc heureux. En plus, on a gagné. Aujourd'hui, je vais bien.
FM : C'est le début d'une toute nouvelle saison pour vous...
P.N : Exactement. Pour moi, C'est un tout nouveau départ tout simplement. Je veux oublier les six derniers mois à Rennes et repartir de l'avant.
FM : Revenons justement sur Rennes. Pourquoi avoir rejoint ce club l'été dernier ?
P.N : On m'avait assuré que je venais pour jouer car Benoît Costil partait à 200%. Rennes est quand même un très grand club français. Ça me donnait envie. Je n'ai pas trop hésité quand Rennes est venu. J'étais en contact notamment avec le président (René Ruello). C'était un choix simple. J'ai tout de suite voulu rejoindre Rennes. J'avais déjà eu des contacts avec le club quand j'étais à Nancy. C'était avant que Monaco m'achète. Il y avait eu des négociations avec le Stade Rennais. Je me suis dit que ça allait bien se passer.
FM : Avant de rejoindre la Bretagne, aviez-vous eu certaines garanties concernant votre temps de jeu ?
P.N : J'étais gardien numéro deux à Monaco. Donc je venais clairement pour jouer, progresser. Malheureusement, je n'ai pas eu cette chance. Je ne l'ai eue que deux semaines. Quand je suis arrivé à Rennes, Costil était en vacances vu qu'il y avait eu l'Euro. C'est comme partout, quand on arrive dans un nouveau club tout le monde vous regarde, tout le monde fait attention à vous. Au final, dès qu'ils ont vu que Costil allait rester, ils m'ont mis de côté petit à petit. Pendant la préparation, je n'ai joué que trois mi-temps. Ce qui était peu pour un potentiel numéro un. Costil est resté et ça s'est fait tout naturellement. C'était logique que ce soit lui qui joue.
Une situation difficile à vivre
FM : Comment avez-vous vécu mentalement cette situation ?
P.N : Ce n'était pas facile. L'été dernier, pendant la période du mercato, j'avais rencontré Christian Gourcuff qui m'avait dit clairement que si je trouvais un club il me laisserait partir. Avec mon agent, on a discuté avec le Standard de Liège. Les négociations étaient déjà avancées avec Monaco. On discutait des dernières formalités par rapport au salaire. Au final, j'ai eu un non catégorique de Rennes (pour casser son prêt). Le club ne m'a pas laissé rebondir directement. Ils ont choisi la facilité. Je pense qu'ils se sont dépêchés de prêter leur gardien Abdoulaye Diallo (à Rizespor) et ils ont gagné un peu dans l'histoire puisque le gardien sous contrat chez eux jouait contrairement à moi. Dès le moment où ils ont vu que Costil restait, ils ont un peu moins fait attention à moi.
FM : En général, le portier numéro 2 est souvent amené à jouer lors des matches de coupe. Ce qui n'a pas été forcément votre cas au départ puisque Costil a joué en Coupe de la Ligue face à Lorient au mois d'octobre. Comment l'avez-vous pris ?
P.N : Le premier match de coupe contre Lorient, à ma grande surprise, j'avais été mis de côté. Je n'ai pas compris. Je jouais les coupes avec Monaco. À Rennes, déjà que je devais jouer et je ne jouais pas, alors ne pas jouer les coupes, je l'ai très très mal pris. Je l'ai fait savoir, pas forcément par la parole, mais par les actes. J'ai montré mon mécontentement, sans manquer de respect à personne. Dès le lendemain, ils ont compris que le Paul qui était gentil depuis le début allait l'être un peu moins.
FM : Vous avez finalement joué contre Monaco en Coupe de la Ligue (défaite 7 à 0). Était-ce pour vous le mauvais moment pour vous lancer ?
P.N : Je ne veux pas me trouver d'excuses. Même si pour les buts encaissés je ne suis pas impliqué directement, mon match n'a pas été bon dans le reste. C'était un non match et je ne veux pas me cacher. Ce serait trop facile. Même si en face c'était Monaco qui est la meilleure attaque d'Europe ou si l'équipe alignée n'était pas la meilleure à Rennes, on est quand même des professionnels. On joue au Stade Rennais. On devait montrer autre chose.
FM : Est-ce un soulagement pour vous d'être parti ?
P.N : Oui, c'est un soulagement d'avoir quitté Rennes. Il fallait. Ils ont été intelligents quand on leur a demandé à ce qu'à se termine. Ils ont très bien compris.
Un nouveau défi à Bruges
FM : Que retenez-vous de votre passage à Rennes ?
P.N : Je suis quelqu'un de positif, donc je retiens les choses positives. J'ai bien travaillé là-bas à l'entraînement, que ce soit au niveau de la musculation ou sur le terrain. J'ai quand même appris dans une belle équipe. Aux côtés de bons joueurs, tu progresses forcément. Bien sûr, même s'il n'y a pas eu les matches, c'est ce qui a été regrettable. Ça aurait pu être très bien si j'avais pu jouer. Le côté négatif, c'est que je n'ai pas avancé du tout. J'étais allé là-bas dans l'optique de franchir un cap, de faire une première saison en Ligue 1. Tous mes espoirs se sont envolés malheureusement.
FM : Avez-vous eu à un moment des regrets d'avoir quitté Monaco, vu la saison que le club réalise ?
P.N : Je ne sais pas. Ça n'aurait pas changé grand-chose. Je n'aurais pas joué davantage, je n'aurais joué que deux ou trois matches quand Suba (Subasic) était blessé. Il ne faut pas vivre avec des regrets. Je suis content pour Monaco. Les gars comme Tiémoué Bakayoko, comme Thomas Lemar... Ça me fait plaisir de les voir réussir. J'espère un jour les retrouver.
FM : Aujourd'hui vous êtes à Bruges. Comment se passent vos premiers pas en Belgique ?
P.N : Je suis arrivé lundi dernier (le 2 janvier). J'ai roulé 7h30 pour y aller. Il y avait des bouchons, il faisait froid... C'était la galère. Je suis arrivé le soir. Dès mardi et mercredi dernier, j'ai tout de suite été mis dans le bain. On a fait des entraînements longs, avec beaucoup de tactique et pas mal d'oppositions. Vu que j'arrive avec le statut de numéro un, on a abordé les choses différemment. Le coach m'a tout de suite parlé, mis en confiance. Samedi, j'ai joué un match (victoire 2-1 contre Tubize). Tout s'est fait très vite. C'est ça qui est bien. S'il n'y avait pas eu ce premier match, j'aurais trouvé le temps long alors que j'ai attendu plus longtemps pour jouer à Rennes (sourire). Là, j'avais vraiment envie de jouer.
FM : On sent à vous écouter que vous aviez des fourmis dans les jambes...
P.N: J'avais vraiment envie de montrer que j'arrivais ici avec de la détermination. Ce n'est pas parce que c'est de la D2 Belge que j'arrive tranquille. Au contraire, je suis arrivé motivé. Je suis content qu'on ait gagné ce premier match.
FM : Au moment des discussions avec Bruges, est-ce que Monaco a voulu avoir des garanties sur votre temps de jeu, vu l'expérience ratée à Rennes ?
P.N : C'est comme s'il ne m'avait pas laissé le choix. J'étais totalement d'accord avec eux car je voulais aussi jouer contrairement à Rennes. On ne voulait pas que cela se reproduise. Parfois, ce n'est pas plus mal d'aller à l'échelon inférieur pour jouer et prendre de la confiance. Même si je suis gardien de but, j'espère aider l'équipe et lui apporter beaucoup.
FM : Après ce prêt en Belgique, quel est votre objectif ? Revenir à Monaco et vous imposer ?
P.N : Je n'ai pas envie de me projeter aussi loin. Je vais déjà me projeter sur les cinq mois et essayer de jouer chaque week-end, de prendre du plaisir. Je veux progresser, travailler, retrouver mes sensations en jouant régulièrement. Pour l'instant, c'est le plus important pour moi. Je ferai un point avec Monaco en fin de saison. Je me concentre sur Bruges pour le moment.
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