Ancienne star et ancien meilleur buteur de Ligue 1, Shabani Nonda a quitté la France depuis quelques années maintenant. A 33 ans, l'ancien buteur de l'AS Monaco et du Stade Rennais s'entraine près de Saint Raphaël et rêve de retrouver une formation française ambitieuse comme il nous l'explique dans un entretien exclusif.
FM : Shabani Nonda, on vous a un peu perdu de vue depuis votre départ précipité de Galatasaray en janvier dernier, que devenez-vous ?
SB : J'ai fait une grande pause depuis mon départ de Galatasaray en janvier dernier. J'ai profité de ces quelques mois pour faire un break et aujourd'hui j'entame une préparation physique très sérieuse du côté de Saint Raphaël.
Aucun regret sur sa carrière
FM : Revenons un peu sur votre carrière. Après une saison étincelante avec Zurich, vous rejoignez Rennes, avant de signer pour l'AS Monaco et un transfert record de 20 M€ et vous avez la lourde charge de succéder à David Trezeguet. Avez-vous eu la pression ?
SB : Je suis très content de ma carrière. Je ne regrette absolument aucune de mes décisions. À Rennes j'ai passé deux saisons magnifiques et à Monaco ce n’était pas mal non plus, même si c'est vrai qu'au début ça n'était pas facile. Ils sortaient d'un titre de champion de France, et venaient de perdre David Trezeguet. Bref, j'ai connu deux saisons finalement très moyennes. Mais je sentais que ça allait de mieux en mieux pour moi. J'ai commencé à marquer beaucoup de buts (ndlr : il termine meilleur buteur de L1 en 2003 avec 26 buts, un total qui n'a jamais été battu depuis), on a été jusqu'en finale de la Ligue des Champions. Beaucoup de bonheur.
FM : Vous étiez très proche de rejoindre l'Olympique Lyonnais et Jean Michel Aulas était prêt à casser sa tirelire pour vous recruter. Avec le recul regrettez-vous d'être resté à Monaco ?
SB : Non franchement, je n'ai pas vraiment hésité à ce moment-là. À la fin de cette saison, j'ai participé à la finale de la Ligue des Champions (il a joué 27 minutes pour une sévère défaite 3-0 contre le Porto de José Mourinho), ce qui reste malgré tout l'un des couronnements de ma carrière. Sans cette finale j'aurais dit oui, mais jouer un tel match n'est pas donné à tout le monde.
FM : Quelques jours plus tard (le 23 août 2003 exactement), au Parc des Princes, José Pierre Fanfan va vous briser la jambe. Un vrai tournant dans votre carrière non ? Vous lui en avez voulu ?
SB : Non, ça fait partie du jeu, je n'ai pas arrêté ma carrière. C'est juste que cela m'a freiné sportivement, parce que cela m'a éloigné des terrains pendant de nombreux mois et lorsque je suis revenu ça n'était plus vraiment pareil.
FM : Vous étiez alors au zénith de votre carrière et l'on commençait même à vous qualifier de nouveau George Weah du fait de votre parcours, de vos qualités devant le but et de votre explosivité, vous devez nourrir quelques regrets non ?
SB : C'est vrai que j'avais bien commencé ma saison, que j'étais en avance sur le nombre de buts (ndlr : 3 buts en 3 matches) et puis j'avais d'autres ambitions personnelles. J'avais fait 5-6 ans sans jamais avoir de blessures. Malheureusement, c'est arrivé au moment où ma carrière était en train de décoller et j'étais sur le point de passer un cap, mais bon je répète ce sont les risques du métier.
FM : Comment avez-vous vécu votre retour à la compétition et quelle est l'expérience qui vous a le plus marqué après cela ? La Roma, Blackburn ou Galatasaray ?
SB : Galatasaray sans aucun doute. J'ai passé deux ans et demi là-bas et j'ai gagné deux titres (ndlr : un titre de champion et une supercoupe de Turquie en 2008) et j'ai marqué pas mal de buts.
FM : Galatasaray, revenons-y. Comment expliquez-vous votre départ précipité en janvier dernier ?
SB : Ce n'était absolument pas prévu. J'ai toujours du mal à comprendre cette décision. Cela ne pouvait pas être sportif. On était bien en championnat, je faisais parti des meilleurs buteurs du championnat (7 buts en 13 matches) et je ne faisais l'objet d'aucune mesure disciplinaire. Je crois que je devais partir pour faire de la place à Jo, et ils m'ont choisi pour quitter le club. En six mois, il n'a marqué que trois buts mais bon, lui n'y était pour rien.
Une vraie faim de ballon et une envie de revenir jouer en L1
FM : Vous n'avez reçu aucune proposition concrète ?
SB : J'en avais quelques-unes. Il y avait quelques clubs turcs qui étaient prêts à me recruter. Mais bon après une telle expérience à mon âge, j'ai eu beaucoup de mal à m'en remettre et j'ai voulu prendre du recul volontairement pour faire un break, car je n'avais pas la motivation pour rebondir tout de suite dans un autre club. Aujourd'hui, j'ai retrouvé cette envie et la grande forme. Je sens que je suis encore capable de faire quelque chose d'intéressant au plus haut niveau. J'ai encore les jambes pour marquer des buts.
FM : Vous avez joué pendant sept saisons en France, un retour en L1 est-il toujours possible ? Et si oui, quel est le club qui vous ferait le plus envie ?
SB : Je me donne encore deux ans au plus haut niveau, et ça serait bien de terminer ma carrière en Ligue 1. J'ai quelques touches, mais je n'ai pas encore de contact sérieux avec les clubs du championnat de France. D'ailleurs, ils sont nombreux à penser que j'ai déjà trouvé un club, mais non je suis plus que jamais disponible et j'espère rebondir dans une formation ambitieuse et si possible en Ligue 1 pour un dernier challenge. Parce que finir comme je suis parti en Turquie, ça me laisserait un sacré goût d'inachevé.
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