Entretien avec… Michel Guyot : « Un joueur comme Pierre-Alain Frau, je suis preneur »

Par Khaled Karouri
6 min.
Brest @Maxppp

À la tête du Stade Brestois depuis décembre 2006, Michel Guyot n'est pas le genre de président à avoir la langue dans sa poche. Pour Foot Mercato, l'homme fort du Stade Francis Le Blé revient sur le mercato des siens et évoque le marché des transferts estival.

Foot Mercato : Nombreux sont les spécialistes affirmant que si Brest se trouve dans la première partie de tableau, cela s'explique par la faiblesse de la Ligue 1. Qu'en pensez-vous ?

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Michel Guyot : Vos confrères ont souvent écrit que les clubs plus huppés que nous n'étaient pas au rendez-vous. Mais vous voyez qu'ils sont tous revenus. On nous a dit que c'était un championnat au rabais parce que les grands clubs n'étaient pas là, mais à part Bordeaux ils sont tous là. Ils sont tous devant nous. Mais le classement que nous avions en début d'année ne me surprenait pas.

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FM : Avez-vous malgré tout été surpris par le bon rendement de vos joueurs, qui se sont rapidement adaptés à la Ligue 1 ?

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MG : On a l'impression qu'un joueur venant de Ligue 2 ne peut pas jouer en Ligue 1. Mais quel est le profil, quel est le parcours d'un joueur de Ligue 1 s'il ne vient pas de Ligue 2 ? C'est logique que les jeunes qu'on a comme Grougi ou Lesoimier soient capables de percer en Ligue 1. C'est le parcours normal. Ils ont fait un centre de formation, ils ont joué en Ligue 2, et les voilà en Ligue 1.

FM : Comment aviez-vous géré l'intersaison dernière ? A-t-il été simple de conserver vos cadres ?

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MG : On a bâti cette équipe avec Corentin Martins, on savait depuis longtemps qu'on allait monter. On a eu le temps de travailler pour conforter Elana, Grougi ou Lesoimier dans l'idée qu'on voulait continuer avec eux en Ligue 1 et qu'ils n'avaient pas à se prendre la tête. Dans nos têtes tout était clair, on savait que ces joueurs-là avaient le niveau de la Ligue 1.

FM : Et s'il y en a bien un qui a été énormément sollicité, c'est Nolan Roux. Avez-vous eu des difficultés à le convaincre de rester ?

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MG : Oui, ça n'a pas été facile. Il est arrivé de Lens où il ne jouait pas. On avait une grille de salaire définie pour les trois ans à venir. Avec la montée en Ligue 1, les conditions changent. Nolan Roux n'ayant pas joué un seul match avec l'équipe première de Lens, on n'avait pas défini les conditions au cas où on montait en Ligue 1. On a vu ses agents, il avait marqué beaucoup de buts... Ça n'a pas été simple, mais on a trouvé un accord. Les gens le voient tous partir l'été prochain, mais je ne suis pas sûr qu'il s'en aille. Il se sent bien à Brest.

FM : Et durant ce mercato hivernal, Brest s'est montré actif...

MG : C'est grâce à Corentin Martins. Diallo Guidileye est classé dans les 5 meilleurs joueurs de Ligue 2. On a réussi à tomber d'accord avec Troyes. En revanche, nous n'avons pas eu de contacts avec Ribas contrairement à ce qu'a écrit l'un de vos confrères de L'Équipe, qui l'a d'ailleurs reconnu. J'ai appelé le président de Dijon, et le lendemain il m'a dit qu'il ne le libèrerait pas parce qu'il n'est qu'à six mois de la fin de son contrat. Ils m'ont dit qu'ils avaient un rôle à jouer en Ligue 2, donc pour moi c'est terminé. On n'a pas appelé le joueur puisque le président ne souhaitait pas le libérer.

FM : Quel regard portez-vous sur votre directeur sportif Corentin Martins ?

MG : Je fais confiance à Corentin Martins, mais je ne suis pas derrière son dos. Corentin me dit les choses, mais je ne suis pas là toutes les semaines à lui demander avec qui il est en contact. Il y a quatre personnes qui travaillent pour lui et qui voient les matches. Après, ce qui est vrai aujourd'hui ne l'est pas le lendemain. À Lyon, Lacombe n'est pas en première ligne mais c'est quand même lui qui travaille dans l'ombre d'Aulas. Je souhaite que Corentin Martins travaille de la même façon avec moi. On n'a pas besoin d'occuper les premières pages de la presse pour être un bon directeur sportif.

FM : Aviez-vous exploré d'autres pistes en vue du mercato d'hiver ?

MG : On n'a pas abouti sur un latéral, un Tunisien. On sait qu'Omar Daf ne sera pas éternel. C'est donc un poste qu'il nous faut doubler. On n'a pas abouti avec son président parce que son président était gourmand. Moi, je fais avec les moyens que j'ai. Il continue donc à travailler, mais on sera prêt pour l'été prochain. On est toujours en contact. Le joueur veut venir chez nous. C'est à son président de devenir raisonnable, voilà tout.

FM : Regrettez-vous justement l'attitude de certains présidents de Ligue 2, qui peuvent vous voir comme la poule aux oeufs d'or ?

MG : Les présidents n'ont pas le même comportement. Dès que c'est la Ligue 1, on pense que c'est la caverne d'Ali Baba, et qu'il suffit qu'on ouvre la porte pour que l'argent tombe. Mais ce n'est pas comme ça que ça se passe. Quand vous n'avez pas d'argent, vous ne pouvez pas donner ce que vous n'avez pas. Comme je n'en ai pas, je ne peux pas en donner.

FM : Peut-on s'attendre à voir un Stade Brestois de nouveau actif l'été prochain ?

MG : On prépare le recrutement de l'été prochain parce qu'il y a des joueurs qui sont en fin de carrière, qui sont âgés. On sait que des joueurs vont être sollicités par d'autres clubs. On découvrira aussi ceux qui veulent partir parce qu'ils n'ont pas de temps de jeu... On s'adaptera. Je crois dans le travail que l'on fait depuis deux-trois ans. Nous n'avons pas les moyens d'attendre le mois de mai ou de juin pour prendre un joueur à un club de Ligue 1. Notre profil, c'est de travailler sur les clubs de Ligue 2. Peut-être que l'année prochaine ça ne nous sourira pas, on verra. Dans le profil de recrutement, je sais où je veux aller avec Corentin et avec le coach.

FM : Quel profil de joueurs recherchez-vous en particulier ?

MG : Des gens comme Pierre-Alain Frau, oui je suis preneur. On voit quand même que quand vous avez un mec comme ça, il apporte quelque chose à votre club. Hormis à Lyon où il a eu du mal à s'imposer, partout où il est passé on voit bien que c'est un joueur qui apporte quelque chose. Après, il faut qu'il veuille venir. Si un grand club lui tend la main, je sais qu'il ne viendra pas à Brest. On doit gagner en notoriété et en image avant de convaincre ce genre de joueurs de venir à Brest. Mais oui, sur son profil et sur ce qu'il est capable d'apporter, c'est un joueur qui nous plait.

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