Ligue 1

Sid Belhaj : « le futsal n’est clairement pas une priorité pour la FFF »

A la veille de l'ouverture de la Coupe du monde de Futsal, nous sommes aller à la rencontre de Sid Belhaj, l'un des piliers de l'Equipe de France. L'ailier de 24 ans, qui évolue au KB United, dresse un bilan sans concession du futsal en France. Et à l'écouter, si l'equipe de France n'est pas qualifiée au Mondial, elle le doit en grande partie au manque de considération d'un sport délaissé par la Fédération Française de Football.

Par Sébastien DENIS
4 min.
Sid Belhaj, l’un des piliers de l’Equipe de France de futsal. @Maxppp

Loin des équipes de France masculines et féminines et même des U19 victorieux à l’Euro, l’équipe de France de Futsal peine à se faire une place au soleil aux côtés de ses prestigieuses consœurs. La faute à un manque de moyens et une absence totale de mise en avant. Alors que la plupart des voisins européens de la France au Futsal ont décidé de se professionnaliser, le Championnat de France reste au niveau amateur. Une situation qui explique en grande partie le fossé énorme qui subsiste entre la France et l’Espagne, l’Italie ou encore le Portugal.

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Ce constat, l’un des piliers de l’Équipe de France Sid Belhaj, le fait bien volontiers. Ce joueur de 24 ans, qui a évolué en CFA 2 à Issy-les-Moulineaux avant de se tourner vers le Futsal, constate bien malgré lui que les conditions mises en place par la FFF sont loin des standards européens. « Le problème en France, c’est que pour beaucoup de personnes, le futsal ça reste un hobby, un loisir. Alors que pas du tout. Quand tu t’y intéresses et que tu te mets à le pratiquer à haut niveau comme j’ai la chance de le faire, tu t’aperçois que c’est une vraie discipline et que c’est un vrai sport à part entière. C’est un sport de salle avec les pieds. À partir de là, tu souffres forcément parce qu’en plus de ça beaucoup de gens font la confusion avec le Five. Y’ a aussi le fait que le futsal n’est clairement pas une priorité pour la FFF. La fédération ne met pas les moyens alors forcément les clubs ne sont pas structurés. Et nous les joueurs, on ne peut pas se comporter comme des sportifs de haut niveau, même si on en est sur le papier. Alors forcément, les résultats sur la scène internationale ne suivent pas. Si en haut de la pyramide il n’y a pas la volonté, forcément en bas c’est bancal. »

Une FFF aux abonnées absentes

Et pour l’ailier du KB United, la sanction est immédiate dès lors que la France affronte une autre nation, souvent professionnelle et qui dispose de moyens bien plus importants que ceux mis en place en France. « On s’en rend compte quand on va à l’étranger jouer contre des pros. Si techniquement et tactiquement on peut lutter, après physiquement et dans l’état d’esprit c’est plus compliqué pour nous qui sommes amateurs. » Avant d’ajouter : « Il faut que les gens se rendent compte que le futsal est un vrai sport professionnel dans de nombreux pays. Aujourd’hui, les deux seuls pays qui n’ont pas de championnat pro et qui ont une culture foot sont la France et l’Angleterre. Forcément quand tu es amateur et que tu joues contre des professionnels, c’est dur quoi. »

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Mais l’international tricolore aux 51 sélections, qui possède un joli palmarès de 2 titres de champion de France et 2 coupes de France, refuse de parler d’échec concernant l’élimination des Bleus à la Coupe du Monde en Colombie qui commence vendredi. Pour rappel, la France s’était faite éliminer au second tour des qualifications en terminant dernière de sa poule. « Pour moi, on ne peut pas parler d’échec. Parce qu’on est que des amateurs. Ça reste logique qu’on perde. Même si malgré tout on progresse d’année en année. En Équipe de France, on a fini dernier du groupe, mais on n’avait jamais fait une aussi bonne campagne dans un groupe très relevé, peut-être le plus dur du plateau. Mais cela ne s’est pas joué à grand-chose tant les matches étaient serrés. »

Passionné, mais lucide sur l’évolution de son sport en France, Belhaj, qui fait des études en parallèle du Futsal, rêve de clubs mieux structurés et lance un appel à la FFF. « Les clubs sont structurés de manière amateur, ce sont des bénévoles. Forcément ils n’ont pas les compétences et les moyens de mettre en place des structures solides. Et comme la fédération n’y accorde pas d’intérêt et que ce n'est pas du tout prioritaire à ses yeux, ce que je peux comprendre aussi, elle n’aide pas les clubs à se structurer. Demain si la fédé s’y met comme sur le foot féminin par exemple, c’est le même effet. Les clubs se structurent, les clubs ont plus de moyens, des cahiers des charges à respecter. Donc, les joueurs sont professionnels, sont plus performants et logiquement les résultats suivent. » Des performances d’envergure de l’Equipe de France de Futsal sur la scène européenne restent donc possibles... si la FFF s’intéresse de plus près à ce sport qui a consacré ces dernières années quelques grands talents internationaux grassement payés tels que Falcao ou encore Ricardinho. Deux joueurs bien connus sur les réseaux sociaux et qui devraient encore assurer le show au Mondial de Futsal qui ouvre ses portes vendredi en Colombie. Une compétition que suivront à la télévision Sid Belhaj et ses partenaires de l'Equipe de France. Avant pourquoi pas de postuler pour la prochaine édition ! C’est en tout cas tout le mal qu’on leur souhaite.

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