Ligue 1

Entretien avec… Louis Nicollin : « Que tous les connards arrêtent de dire que le championnat français est nul »

Président qui détonne dans le milieu du football, Louis Nicollin est un personnage entier. N'hésitant pas à dire ce qu'il pense, l'homme fort de Montpellier n'est pas du genre à manier la langue de bois. Pour Foot Mercato, le volubile président fait le point sur son club et sur la Ligue 1.

Par Khaled Karouri
6 min.
Montpellier @Maxppp

**Foot Mercato : Tout d'abord, comment allez-vous ?

Louis Nicollin :** Ça va, ça va très bien, aucun problème merci.

**FM : Quel bilan tirez-vous de l'exercice qui vient de s'écouler ?

LN :** Je ne suis pas du tout content. Finir quatorzième, alors qu'on avait la possibilité de finir septième ou huitième, ça m'emmerde ! Je le leur ai dit d'ailleurs à mes joueurs, je n'étais pas content.

**FM : Outre cette quatorzième place, la défaite en finale de la Coupe de la Ligue laisse-t-elle un goût amer ?

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LN :** Non, non. On a perdu en finale de la Coupe de la Ligue contre Marseille. Bon, on a été en finale c'est déjà bien. Mais après, ça a coupé un peu les jambes, notamment avec un match contre Lyon où on a perdu 3-2 alors qu'on ne méritait pas de perdre. Après, le match contre Monaco qu'on perd chez nous... C'est indigne de notre équipe.

**FM : Finalement, vous n'étiez qu'à trois petits points de la huitième place...

LN :** Oui, c'est pour ça que c'est un scandale d'avoir perdu contre cette équipe de Monaco. Ça m'a enragé, mais vraiment enragé. Perdre contre Bordeaux dans le dernier match, bon. Mais alors perdre contre Monaco, ça ce n'est pas possible.

**FM : Quelles sont vos ambitions pour la saison à venir ?

LN :** Finir dans les sept premiers ! Obligation. L'année dernière, je voulais finir dixième. Là, je veux gagner deux-trois places. On a pratiquement la même équipe, des jeunes qui progressent. Donc il n'y a pas de problème.

**FM : En cette période de mercato, Mapou Yanga-Mbiwa est annoncé dans le viseur Lille. Qu'en est-il ?

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LN :** Non, non. Il reste à Montpellier, il n'y a pas de problème. Je suis encore le patron de mon club. C'est impossible, Mapou Yanga-Mbiwa ne partira pas. Il pourra partir l'année prochaine, ça il n'y a pas de problème. En tout cas, il choisira un bon club.

**FM : Peut-on dire qu'il a un bon de sortie ?

LN :** Non, il n'y a pas de bon de sortie. Mais, si l'an prochain, il y a une équipe qui veut le prendre, qui me plait en plus et qui nous donne l'argent nécessaire, il n'y a aucun problème.

**FM : Préféreriez-vous le vendre à l'étranger ?

LN :** Mapou ira où il voudra, je m'en fous ! Je n'ai rien contre Lille. Si Lille veut le prendre, qu'ils nous donnent l'argent et que ça lui plait, alors il n'y a pas de problème. Mais je préfèrerais qu'il vienne à Lyon, je suis Lyonnais. Mais ça, c'est lui qui voit.

**FM : Qu'en est-il des dossiers Zoumana Camara ou Sébastien Puygrenier ?

LN :** Ça a été trop long ! On voulait le faire au début. Ça a tardé, ça a été long. Donc non, c'est fini.

**FM : Un mot sur Olivier Giroud, qui sera encore l'un des atouts majeurs de Montpellier ?

LN :** Et bien je pense qu'il va marquer 17 ou 18 buts cette année. Et l'année prochaine, il partira en Angleterre. Ça, c'est comme deux et deux font quatre (rires).

**Son regard sur la Ligue 1

FM : Si l'on devait se risquer à un pronostic, quel club sera champion selon vous ?

LN :** L'Olympique Lyonnais. C'est le club de mon cœur, ils ont changé d'entraîneur. Rémi Garde est un mec bien, il y a aura des jeunes qui vont être intégrés. Ça va repartir avec beaucoup d'euphorie. Il fallait voir la présentation de l'équipe jeudi au Stade de Gerland devant 14 000 personnes, moi je trouve que c'est bien. Je pense qu'ils seront champions. Mais si c'est Marseille, on n'en fera pas une maladie, bien au contraire. Pour compléter le podium, pour faire plaisir aux Lillois, je vais dire Lille.

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**FM : Quel regard portez-vous sur l'arrivée des Qataris au PSG ?

LN :** Je suis content pour eux. Qu'ils fassent une grande équipe, et puis on verra bien. Mais enfin, Paris c'est Paris, ça n'a jamais trop flambé (rires).

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**FM : Vous êtes une personne entière, vous parlez avec votre cœur, ce qui se fait rare. Pensez-vous que des personnalités comme la vôtre manquent dans un milieu du football parfois trop aseptisé ?

LN :** Je ne sais pas trop. Moi, je dis ce que je pense. Les autres disent ce qu'ils veulent. Dans ce milieu, j'ai connu beaucoup de présidents avec qui je m'entends bien, d'autres moins bien et d'autres pas du tout. Mais bon, ça m'est égal. Je fais mon chemin !

**FM : Vous êtes lyonnais comme Jean-Michel Aulas, mais vos personnalités sont opposées. Quelles sont vos relations avec le président de l'OL ?

LN :** Très bonnes ! À part qu'il me pique des gonzesses chaque année pour son équipe féminine (rires). Mais sinon, nos relations sont très bonnes. C'est un grand président, qui a fait de Lyon l'un des plus grands clubs européens, j'en suis très fier et très heureux. Parce qu’à Lyon, on en a vu passer des présidents, mais il n’y en a aucun qui a réussi. Seul lui a réussi, et moi je dis bravo.

**FM : Vous disiez à la fin des années 90 que l'OL serait le club des années 2000. Bingo, vous avez vu juste, avec ces sept titres de rang...

LN :** C'était obligé ! En voyant comment s'y prenait Aulas pour driver son club, attirer les entreprises, amener quelque chose de très bien, construire un centre de formation magnifique... J'étais sûr que Lyon passerait devant Saint-Etienne, pas de problème !

**FM : Suivez-vous toujours avec une attention particulière l'OL ?

LN :** Toujours. C'est le deuxième club que je regarde, c'est aussi simple que ça.

**FM : Que répondriez-vous aux critiques affirmant que la Ligue 1 manque de locomotives capables de gagner sur la durée comme a justement pu le faire l'OL ?

LN :** Mais c'est tant mieux, ça donne du suspense. Je ne pense pas que ça joue en défaveur de ce championnat. Le championnat de France est d'un très bon niveau. Il y a certains qui critiquent, mais je pense qu'ils ne comprennent pas grand-chose au football. Moi quand je vois un Udinese contre je ne sais pas qui dans le championnat italien, je me fais chier ! Alors que je me régale plus devant un Caen-Bordeaux. Il faudrait que tous ces connards arrêtent de dire que le championnat français est nul. Bon, il y a peut-être le championnat anglais, et encore. Oui bon, quand on voit Manchester United, mais encore. Le championnat espagnol, oui bon il y a Barcelone et le Real. Mais après, le reste... C'est la D2 !

**FM : D'autres personnes reprochent aux clubs français de ne pas prendre trop de risques sur le marché des transferts. Qu'en pensez-vous ?

LN :** Les clubs français sont régis par une DNCG très rigoureuse, donc on n'a pas le droit de faire ce qu'on veut. Moi, je trouve donc que c'est bien. J'aime le football français, et j'en suis fier.

**FM : Enfin, vous parliez tout à l'heure des féminines. Avez-vous suivi le Mondial ?

LN :** Il y avait neuf filles de Montpellier sur le terrain, enfin qui jouent ou qui ont joué sous le maillot de Montpellier. C'est pas mal ! On a été le premier club professionnel à créer une section féminine, et ça on oublie de le dire. On a été champion de France, on a gagné la Coupe de France. Maintenant, c'est Lyon qui commande tout. Mais je ne désespère pas de m'immiscer de nouveau dans les toutes premières places.

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