Entretien avec... Julien Feret : « Un technicien n'a pas le droit à l'erreur sur une pelouse synthétique »
Il n'y a pas d'âge pour exploser en Ligue 1. Julien Feret (28 ans) l'a prouvé la saison passée en réalisant une brillante saison ponctuée de 5 buts et de 8 passes décisives. En difficulté cette saison avec l'ASNL, le milieu lorrain reste confiant et se confie sur son parcours, l'équipe de France, les rumeurs l'envoyant à Bordeaux cet été ou encore sur cette fameuse pelouse synthétique qui fait tant polémique depuis le début de la saison.
FM : Vous avez connu un parcours atypique et vous explosez au plus haut niveau assez tardivement, comment expliquez-vous cela ?
Julien Feret : Ce sont les aléas d'une carrière professionnelle. Je n'ai peut-être pas forcément choisi les bonnes options à un certain moment. J'ai évolué plus lentement que les autres mais finalement ce n'était pas une si mauvaise chose puisque je suis en Ligue 1 aujourd'hui.
FM : Quand vous étiez en L2 à Reims, on vous a prêté de nombreux contacts avec plusieurs clubs de L1 qui n'ont pas débouché jusqu'à ce que Nancy arrive. N'avez vous pas eu peur de ne jamais avoir votre chance en L1, d'être catalogué comme un joueur de L2 ?
JF : Oui c'est clair qu'on y pense. Quand je devais partir à Strasbourg (NDLR : qui évoluait en L1 à l'époque), lors de ma deuxième année à Reims l'affaire a capoté au dernier moment, alors forcément je me suis posé des questions. Mais je n'ai pas perdu espoir et ca ne m'a pas empêché par la suite de pouvoir rebondir à Nancy.
FM : 8 passes décisives et 5 buts la saison passée, vous êtes vous fixé des objectifs cette saison ?
JF : Non pas vraiment d'objectifs chiffrés, mais j'espère faire mieux. On sait aujourd'hui à quel point c'est important d'avoir de bonnes statistiques. Cela montre le résultat de son travail.
FM : Quand vous voyez Kevin Gameiro (Lorient) ou Yann M'Vila (Rennes) en équipe de France alors qu'ils n'évoluent pas dans le Big Four de L1, cela vous donne t-il des idées ?
JF : C'est la politique qu'à voulu mener le sélectionneur en disant que tout le monde avait sa chance, qu'il ouvrait la porte à ceux qui sont performants sans vraiment regarder le club dont ils sont issus. Après la majorité des joueurs évoluent tout de même dans les grosses écuries de L1 ou à l'étranger. Mais c'est bien de pouvoir se dire qu'un jour je pourrais y être. L'équipe de France n'est pas un objectif personnel à mes yeux mais bien évidemment que si on m'appelle j'en serais très heureux.
FM : Vos bonnes statistiques ont éveillé l'intérêt de Bordeaux durant la fin de mercato, y avait-il des contacts ou n'était-ce que pure fantaisie ?
JF : J'ai lu ca dans la presse et ca m'a vraiment étonné. Personnellement je n'ai jamais eu de contact avec les Girondins. Mais ca reste positif d'avoir son nom associé à un club tel que Bordeaux. Après il faudrait demander au journaliste qui a sorti cette rumeur s'il était vraie ou pas.
FM : Aujourd'hui vous faites partie des cadres de l'ASNL. Après trois saisons passées en Lorraine, rêvez-vous de tenter votre chance à l'étranger ?
JF : J'entame ma troisième saison à Nancy. J'ai 28 ans et je ne me fixe pas de limites. Un départ à l'étranger peut m'intéresser mais je n'en fais pas une priorité, tout dépendra des opportunités mais pour l'instant je me sens bien à Nancy.
FM : Nancy s'est offert Cuvillier et Vahirua. Pensez vous malgré le début de saison difficile de l'ASNL que votre équipe est plus forte que la saison passée ?
JF : Je ne sais pas si elle est plus forte mais ce qui est sûr, c'est quelle est compétitive. On a gardé une belle ossature par rapport à l'année dernière, on a perdu aussi quelques joueurs en manque de temps de jeu. Économiquement le club a voulu réduire le groupe pour avoir plus de qualité et moins de quantité. En fin de saison, seuls les résultats diront si le recrutement a été bénéfique ou pas.
FM : Pablo Correa est considéré comme un entraîneur défensif, il y a pas mal de polémiques autour de ce sujet ces dernières saisons, pouvez vous comprendre l'agacement de certains au sujet de la tactique mise en place et comment le ressentez vous à l'intérieur de l'équipe ?
JF : Je pense qu'il rigolerait si vous lui posiez la question. Car cette année justement on est pas content car on prend trop de buts. On avait décidé de plus jouer, d'essayer de poser des problèmes à l'adversaire. On a essayé de le faire la saison dernière, et on a plus ou moins réussi à le faire, notamment à l'extérieur. Et cette saison on est parti sur le même schéma mais on voulait resserrer défensivement car on a remarqué la saison passée qu'on prenait trop de buts. Le problème c'est qu'on a déjà pris 10 buts en 6 matches. Un moment donné il va falloir revenir aux fondamentaux et resserrer nos lignes car s'il faut marquer trois buts pour gagner chaque match on va pas y arriver. Nous devons partir dans l'idée de terminer les matches sans encaisser de buts. Après cette philosophie n'empêche pas de pratiquer du beau jeu.
FM : Enfin, Nancy s'est doté d'une pelouse synthétique cette saison qui fait bien évidemment débat puisque vous n'arrivez pas à gagner le moindre match dessus. Quels sont vos premières impressions et comment expliquez vous vos difficultés devant votre public ?
JF : Pour moi, le projet n'est pas fini. Le terrain n'est pas exactement comme il devrait être. Il faut encore un peu de temps avant qu'il soit à sa pleine mesure. Après, on ne peut pas dire que les résultats soient à la hauteur de nos espérances (NDLR : 4 défaites en 4 matches). On se pose forcément des questions. Personnellement je trouve le concept très intéressant mais on se rend compte qu'un technicien n'a plus le droit à l'erreur sur ce type de terrain. Sur une pelouse normale, une passe moyenne peut être récupéré facilement. Sur du synthétique, si le ballon s'éloigne un peu du joueur qui doit recevoir le ballon, celui-ci est immédiatement perdu, alors forcément cela change beaucoup de choses. Par contre, quand le joueur maitrise parfaitement le ballon, tout est plus facile au niveau de la vitesse et de l'accélération du jeu. Après je pense qu'en hiver cette pelouse qui peut être handicapante aujourd'hui représentera un sacré avantage et cela nous permettra de jouer tous nos matches dans de bonnes conditions, ce que ne peut pas garantir une pelouse classique. N'oubliez pas que Nancy est très à l'est et que l'hiver il fait très froid...
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