Ligue des Champions

Tactique : à quoi doit s’attendre le PSG face au Borussia Dortmund ?

Le Borussia Dortmund est une équipe à plusieurs visages cette saison. Foot Mercato s'est penché sur les différentes tactiques développées par Lucien Favre, leurs atouts et leurs failles.

Par Frederic Yang
9 min.
Le Borussia Dortmund, une équipe à plusieurs visages et plusieurs dispositifs @Maxppp

Le huitième de finale aller entre le Borussia Dortmund et le Paris Saint-Germain est attendu par tous. D'autant qu'on promet un scénario fou entre deux équipes qui assument le déséquilibre, selon les philosophies prônées par leurs entraîneurs respectifs. Thomas Tuchel va vraisemblablement aligner le 4-4-2 travaillé depuis plusieurs semaines maintenant. Un schéma essentiellement bâti pour pouvoir aligner Neymar, Di Maria, Mbappé et Icardi (à moins d'une surprise avec la titularisation de Cavani). Côté Borussia Dortmund, l'incertitude est de mise puisque plusieurs dispositifs ont été testés cette saison sans que les résultats ne s'avèrent probants sur la durée...

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Les différentes animations possibles du Borussia Dortmund

Depuis le début de la saison, Lucien Favre a donc fait évoluer son équipe dans plusieurs schémas : 4-2-3-1, 4-4-2, 4-3-3, 3-4-3. Si le dernier dispositif a été le plus utilisé cette saison, leur animation varie constamment durant un match grâce à la polyvalence des joueurs alignés. Sancho, Brandt, Reus, Thorgan Hazard se trimballent constamment entre la ligne du milieu et d’attaque tandis que Guerreiro et Hakimi se baladent inlassablement entre un rôle d’ailier offensif et celui de défenseur latéral. Par exemple, en phase défensive, le 3-4-3 de Dortmund se transforme soit en 5-2-3, qui évolue en 5-3-2 selon la position du ballon (voir photo) soit en 5-4-1 voire même en 4-4-2.

Contre le Bayer Leverkusen, le Borussia avait changé d'animation défensive en passant en 4-1-4-1 sur attaque placée adverse, avec une sentinelle (Witsel et Can se relayaient) et la paire Sancho/Hakimi sur les ailes dans la première ligne de 4. Ce dispositif était évolutif puisqu’il se pouvait se transformait en 4-3-3 ou 3-4-3 pour presser la première relance du Bayer composé de 3 joueurs. Ce qui a parfois perturbé l’équilibre défensif de l’équipe comme lors du premier but du Bayer Leverkusen (voir photo).

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Quel que soit le dispositif, le principe défensif fondamental des Borussens reste le même : essayer de récupérer le ballon haut sur le terrain et défendre en avançant. Après avoir opté pour un 4-2-3-1 contre le Bayer Leverkusen, Lucien Favre a de nouveau concocté un 3-4-3 contre l'Eintracht Francfort, qui s'est transformé en 4-4-2 voire en 5-4-1 plus classique en défense placée pour plus de sécurité, et qui proposait moins de variations en attaque. Puisque contre Leverkusen, le 4-2-3-1 de Dortmund s'est transformé en réalité en 3-3-1-3 asymétrique qui penchait vers la gauche avec les montées de Guerreiro (voir ci-dessous). Le but de cette animation particulière était de créer une supériorité numérique du côté gauche afin de libérer de l’espace du côté opposé, exploitable pour Hakimi.

Dortmund a même réussi à marquer de cette façon (52e) mais le but a été refusé par le VAR pour une faute sur l’action. Si ces tactiques et cette façon de transformer plusieurs fois de dispositifs pendant le même match sont intéressantes pour se créer beaucoup d'occasions de but, il crée aussi par la même occasion de gros déséquilibres, difficiles à combler pour les milieux reculés et pour les défenseurs qui ne réalisent pas la meilleure saison de leur carrière...

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Une défense aux abois et des variations tactiques trop compliquées pour les joueurs ?

Comme toutes les équipes très offensives, le Borussia Dortmund doit prendre soin de son équilibre s’il souhaite remporter des titres. Jusqu’ici, le BvB n’a toujours pas trouvé la solution et demeure la défense la plus faible du top 6 de Bundesliga avec 32 buts encaissés en 22 journées. Les raisons de cette faiblesse défensive sont multiples. De 1, le fait de transformer autant de dispositifs au cours du même match peut perturber les joueurs et notamment les défenseurs et les pistons (Guerreiro et Hakimi) qui doivent sans cesse changer de position sur le terrain. De 2, cette désorganisation offensive créé des brèches difficiles à combler pour les joueurs à vocation défensive qui ont aussi été pointés du doigt pour leur manque d’agressivité. « On doit apprendre à jouer sale », a même confié Emre Can qui vient juste de débarquer dans la Ruhr durant le dernier mercato et dont le rôle sera essentiel pour justement assurer cette équilibre. De 3, les failles défensives du Borussia Dortmund sont aussi incarnées par les prestations en dilettante de Mats Hummels et Manuel Akanji, qui ne réalisent clairement pas une bonne saison. Mais celui qui cristallise davantage la faiblesse en défense des Jaune et Noir, c’est le gardien Roman Bürki. Avec seulement 47,5% d’arrêts, le gardien suisse figure tout en bas du classement des gardiens de Bundesliga. Pire, les statistiques avancées indiquent qu’il n’aurait dû prendre que 25 buts sur les 32 qu’il a encaissés, par rapport à la difficulté des tirs subis et leur probabilité de but. Bürki a réalisé de nombreuses boulettes cette saison comme face à Leipzig, où sa sortie manquée a offert un but facile à Timo Werner.

S’il défend plutôt bien les côtés, le Borussia Dortmund est très friable en transition défensive, puisque le bloc jaune et noir évolue très haut sur le terrain, ce qui laisse beaucoup d'espace dans le dos des défenseurs que seul Zagadou est en mesure de couvrir grâce à sa vitesse (Hummels ayant perdu de la vitesse avec l'âge tandis qu'Akanji est défaillant). De plus, les Borussens ont aussi du mal à défendre sur corner, avec 6 buts encaissés sur cette phase de jeu, et gérer ce qu’on appelle les demi-espaces (voir ci-dessous), qui se situe entre la ligne des défenseurs et des milieux. Le 3ème but encaissé par le Borussia contre le Bayer Leverkusen est venu justement d’une passe verticale de Tah pour Havertz, qui, par son placement entre les lignes, a semé le trouble dans une défense aux abois, puisque les défenseurs qui ne savaient pas s’ils devaient sortir sur le joueur ou rester en place pour jouer le hors-jeu.

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Avec Di Maria et Neymar, qui aiment justement se situer dans ces demi-espaces, les Parisiens pourraient se régaler. Mais lors du dernier match contre Francfort, les Borussens ont donc évolué dans un 3-4-3 plus prudent pour assurer un meilleur équilibre défensif. La recette a fonctionné puisqu'ils n'ont pas encaissé de but ni même concédé d'occasions à l'adversaire. Les bonnes prestations d'Emre Can en couverture comme celles de Pisczek (qui avait remplacé Akanji dans le 11 de départ) et Zagadou y ont été pour beaucoup.

Sancho, le dynamiteur. Haaland, le serial buteur

Heureusement pour le Borussia Dortmund, ses solutions offensives semblent sans limite malgré la blessure de Reus et de Brandt, plus le départ d’Alcacer et de Bruun Larsen au mercato hivernal. Avec Jadon Sancho, Lucien Favre détient un dynamiteur offensif capable de tout faire sur le terrain. Dribbles, passes, buts, l’international anglais est clairement le joueur que le PSG devra contenir s’il ne souhaite pas prendre le feu. À la mi-saison, Sancho a déjà inscrit 16 buts et délivré 16 passes décisives toutes compétitions confondues. Très libre sur le terrain, l’Anglais attaque toutes les zones intelligemment, crée souvent une supériorité numérique en se déplaçant où se situe le ballon et possède dorénavant un point de fixation ultime en la personne d’Erling Håland. La révélation norvégienne n’en finit plus de surprendre. Très mobile et rapide malgré sa grande taille, Håland est une équation à plusieurs inconnues pour les défenseurs adverses.

Capable d’attaquer la profondeur, de réaliser des percées balle au pied et d’être toujours bien placé dans la surface comme un n°9 classique, l’attaquant de 19 ans est déjà ultra complet (même si son jeu en déviation reste un gros point faible) et redoutable devant le but comme en témoignent ses 9 buts inscrits en 6 matches avec Dortmund et ses 8 réalisations en Ligue des champions avec le RB Salzbourg. Derrière le duo Sancho/Håland, on retrouve d’autres purs talents offensifs comme Hakimi, qui s’est transformé en véritable ailier cette saison (ses statistiques parlent pour lui : 6 buts, 9 passes décisives), Thorgan Hazard (4 buts, 10 passes décisives), Raphael Guerreiro (5 buts, 3 passes décisives) et le jeune Giovanni Reyna, qui a une belle carte à jouer en l’absence de Brandt et Reus. Bref, malgré ses failles défensives, le Borussia possède énormément de talents devant comme le rappelait Thomas Tuchel : « je suis sûr qu'ils peuvent mettre 6 ou 7 buts. C'est une équipe super forte. Ça va être un match super compliqué, super difficile. »

Marquer beaucoup de buts sans en prendre, voici la mission qui incombe aux hommes de Lucien Favre, peut-être revigorés par un succès probant (4-0) contre l'Eintracht Francfort vendredi en championnat. Mais face à la force de frappe qu'est l'attaque parisienne, le technicien suisse doit être en train de se torturer pour trouver la bonne formule. Nous aurons la réponse ce mardi !

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