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Info FM, Sidney Govou : «le niveau de la Ligue 1 régresse»

Devenu un consultant pour Canal + se démarquant par des analyses justes et reposées, Sidney Govou (39 ans) est aujourd'hui encré dans les médias français. L'ancien Lyonnais revient sur sa carrière, sa nouvelle vie et sa future carrière d’entraîneur.

Par Curtis Macé
14 min.
Olympique Lyonnais @Maxppp

Foot Mercato: Aujourd’hui vous êtes consultant pour Canal +, comment se passe cette nouvelle vie ?

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Sidney Govou : Ça se passe très bien. À travers, ce métier de consultant je me suis découvert. Je ne pensais pas avoir ça en moi. Étant plus jeune, je ne regardais pas toujours les matches de foot et après 15 ans de carrière au plus haut niveau, j'ai regardé de nombreux matches. J'ai toujours eu un avis même si je n'avais pas forcément envie d'en parler avec des journalistes. Tactiquement, aucun entraîneur ne m'a reproché d'être mauvais au contraire. Je dis ce que je vois, qui me paraît évident. Certains sont surpris de me voir en tant que consultant. Personnellement, je trouve qu'il n'y a rien de plus évident que de parler de football.

FM : Vous faites partie des consultants qui montent avec Habib Beye.

SD : Oui, nous sommes une nouvelle génération. Après beaucoup de personnes pensent que tous les anciens joueurs deviennent des consultants, mais ce n'est pas le cas. Beaucoup de joueurs testent, mais n'aiment pas forcément. Aujourd'hui je suis là et j'aime beaucoup ce nouveau métier.

FM : Est-ce votre seul « nouveau métier »?

SD : Oui, mais j'ai aussi d'autres activités que je suis en train de développer en ce moment. C'est un métier qui ouvre beaucoup de portes et qui permet d'être exposé. De nos jours, les sportifs sont en vogue pour les entreprises.

FM : Avez-vous pour projet de devenir entraîneur ?

SD : Oui j'ai commencé à passer mes diplômes. Je sais que je deviendrais coach, sous quelle forme je ne sais pas encore, c'est encore dur à dessiner. C'est un métier qui me plaît vraiment après il faut encore que je réfléchisse sur la manière de le devenir. Au départ, il faudra peut-être être un adjoint ou entraîneur d'une équipe de jeune. Je pense qu'il faut quand même arriver avec une certaine base d’expérience pour performer. Je ferais les choses dans l'ordre pour ne pas me précipiter.

«Canal + est venu me chercher directement après ma carrière»

FM : Vous avez arrêté votre carrière à 34 ans, pourquoi avoir arrêté aussi jeune ?

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SD : En toute honnêteté, quand je me suis fait une rupture du tendon rotulien à Evian, ça m'a fait décroché avec le milieu du foot professionnel. J'ai eu beaucoup de complications avec un staphylocoque doré notamment. Quand vous êtes éloigné pendant 6 mois et qu'en plus vous êtes sans club, c'est compliqué. Quand on a l'habitude du fonctionnement du monde professionnel et qu'on en sort pendant un bon bout de temps, on perd rapidement les habitudes à avoir, comme se lever tôt. J'ai retrouvé une vie "normale" et je n'avais plus d'objectifs à court terme. Je me suis mal soigné et quand on revient dans ces conditions ce n'est pas bon. J'ai mis 1 an et demi à ne plus ressentir de douleur et j'ai rapidement compris que c'était fini pour moi.

FM : Aviez-vous peur de l’après-carrière ?

SD : Non pas spécialement, quand j'ai arrêté j'ai vite rebondi à MCS où je faisais deux émissions par jour durant la coupe du monde 2014. Ça m'a formé puis j'ai tout de suite eu Canal + qui est venu me chercher.

FM : En parlant de votre carrière, quel est votre plus beau souvenir ?

SD : Ça reste le premier titre avec Lyon (2001-2002). Il a vraiment eu une saveur particulière comme c'était le premier pour moi et le premier pour le club. J'ai tellement de bons souvenirs. Le parcours avec l'Équipe de France durant la coupe du monde 2006 reste également gravé. La campagne était magnifique, on a vécu des moments exceptionnels.

FM : Votre plus beau but ?

SD : Le but du premier titre assurément contre Lens (4 mai 2002). Mon doublé contre le Bayern reste aussi un super souvenir mais le but du titre reste selon moi le plus beau.

«La communication du président Aulas est un peu maladroite»

FM : Êtes-vous toujours proche de certains joueurs que vous avez côtoyés à Lyon?

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SD : Oui toujours. Je suis encore proche de ceux qui vivent à Lyon, parce que je vis moi-même encore là-bas. Je peux mentionner Gregory Coupet, Pierre Laigle, ou encore Juninho que j'ai souvent au téléphone. J'ai aussi régulièrement Miralem Pjanic. Il ne faut pas que j'oublie de mentionner certains sinon ils vont se fâcher (rires). Il y a encore un noyau fort avec la première génération.

FM : Que pensez de la saison de Lyon ?

SD : C'est une équipe assez compliquée à juger depuis deux trois ans. En termes de résultats, ils sont présents malgré tout mais après quand on voit comment l'équipe évolue, c'est assez incompréhensible. Ils peuvent jouer des matches de très haut niveau contre des grandes équipes comme Manchester City ou dans le derby. Après, une bonne équipe avec des grands joueurs, ce ne doit pas être que dans les grands matches. Si on veut se comparer aux meilleurs joueurs et aux meilleures équipes, il faut avoir la même mentalité dans les gros matches comme dans les petits. Pour moi, Lyon est une équipe à gros potentiel mais je pense qu'on la met peut-être trop en avant par rapport à son vrai potentiel. L'attente est sûrement trop grande.

FM : Que manque-t-il à Lyon pour parvenir à être davantage régulier en termes de résultats?

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SD : Pour moi, ce n'est pas l'âge global de l'équipe qui dessert. Les joueurs manquent sûrement de rigueur, certains sont bons que par intermittence. Après tout est possible, on peut aussi dire que c'est peut-être le message du coach qui ne passe pas dans tous les matches mais c'est aussi possible que ce soit les joueurs qui choisissent leurs matches. C'est sûr qu'il y a un problème quelque part en tout cas mais malgré tout encore, on ne peut rien dire car les résultats sont bons.

FM : L'OL a d'ailleurs gagné le derby à la dernière minute récemment...

SD : En tant que supporter, c'était beau. Une victoire dans un derby dans le temps additionnel, c'est un derby réussi. Dans l'ensemble ce n'était pas un match de grande qualité mais c'était vraiment plaisant à regarder avec beaucoup d'intensité même si les deux équipes ne défendaient pas forcément très bien.

FM : En 2004, c'était vous le héros du derby...

SD : Oui, il y a des similitudes, le score était plus ample mais oui forcément ça m'a fait remonté que des bons souvenirs.

FM : Que pensez-vous de la communication du président lyonnais Jean-Michel Aulas ?

SD : Je pense qu'elle est un peu maladroite mais elle reste maîtrisée. Si les gens n'aiment pas spécialement Lyon, c'est en grande partie à cause du président. Pour le nier, il faudrait le faire exprès. Il rend par transpositions ses joueurs un peu antipathiques. Après, on aime ou on n'aime pas sa communication, je ne juge pas ce qui doit dire ou ne pas dire. Je le vois quand je me déplace sur Paris, quand on parle de Lyon c'est forcément lier au président et pas aux joueurs. Il y a donc un problème mais tout le monde payerait très cher pour avoir monsieur Aulas comme président dans son club.

FM : Aulas, vous a-t-il proposé un rôle dans le club ?

SD : Non, il n'y a jamais eu question, on ne m'a jamais rien proposé. J'ai juste passé mes diplômes avec les 14-15 ans mais c'est tout.

FM : Ça ne vous intéresse pas ?

SD : Je pars du principe que si on ne me propose rien je ne demande rien. Je ne pars pas avec l'idée d'aller proposer mes services. Je parle beaucoup avec des entraîneurs et c'est avec l'échange que l'on peut comprendre et évoluer. Je ne suis pas dans une optique d'absolument trouver un poste demain ou après-demain. Si on vient me voir pour me présenter un projet, c'est que j'ai été compétent dans certains domaines. Ce n'est pas dans mon caractère de base de faire la démarche par moi-même.

FM : Concernant Bruno Genesio, si vous étiez le président, l'aurez-vous prolongé?

SD : Je ne sais pas si je le prolongerais. Il y a le côté sportif qui est très important car s'ils finissent sur le podium, qu'ils font un 8e de finale de qualité contre Barcelone et qu'ils vont loin en coupe de France, les objectifs seront remplis. Donc si Bruno Genesio remplit les objectifs fixés en début de saison forcément le président ne peut rien lui dire. Mais Monsieur Aulas doit aussi gérer tous les autres aspects comme la progression du groupe. La progression des joueurs est aussi très important sachant que des joueurs comme Aouar et Ndombele ont beaucoup progressé et qu'ils peuvent aujourd'hui être vendus très cher. Si le président trouve qu'au bout de trois ans et demi, les joueurs ne comprennent plus le message de leur coach, il faudrait peut-être lancer un nouveau cycle. Le côté supporter est aussi très important, on est obligé de constater qu'il y a une certaine haine des supporters à l'égard de Bruno. Je pense qu'on peut le mettre à la table de Claude Puel dans l'amour des supporters.

« Je ne vois pas comment une équipe pourrait concurrencer Paris à l'avenir»

FM : Presque 6 ans après votre départ de la Ligue 1, que pensez-vous de notre championnat?

SD : Le championnat n'est pas forcément en progression. Le niveau n'est pas plus élevé qu'avant. Au vu des matches que j'ai pu voir, je ne trouve pas que la Ligue 1 ait progressé, elle a même régressé. Seul le PSG a évolué et tant mieux car ça expose davantage notre championnat.

FM : Le PSG domine le championnat cette saison, est-ce possible de voir Lyon, Monaco ou encore l'OM, installer une véritable concurrence et relancer le suspense dans les années à venir?

SD : Aujourd'hui, il y a trop d'écart entre le PSG et les autres clubs. Je ne vois pas comment une équipe pourrait concurrencer Paris à l'avenir. Il y a eu Monaco mais à l'époque il n'y avait pas Neymar ni Mbappé dans leur effectif. Si Monaco est champion, c'est en grande partie grâce à lui et ses 6 mois de folies. Il faudrait qu'un joueur se révèle dans un club pour créer la surprise.

FM : Il faudrait peut-être que les clubs français conservent leurs meilleurs joueurs...

SD : Oui il faudrait qu'ils en soient capables. Les clubs français sont dans une politique ou ils ne sont pas forcément capables de conserver leurs meilleurs éléments. Il faudrait peut-être une autre manière en prenant davantage de joueurs d'expériences mais après je ne suis pas entraîneur, ni président donc je ne sais pas ce qu'il faut faire pour battre Paris (rires).

FM : Kylian Mbappe vous ressemble sur certaines caractéristiques, avez-vous des conseils à lui donner pour la suite de sa carrière ?

SD : Déjà merci (rires). Honnêtement, il fait quasiment tout bien. Je ne peux pas conseiller quelqu'un qui fait tout bien. Après, le risque est justement de faire trop tout bien.

«À Knysna ça allait forcément exploser»

FM : Que vous inspire cette Équipe de France championne du monde ?

SD : J'ai été très content comme tous les Français de cette victoire mais de l’extérieur je n'ai pas été emballé même ils ont fait appel à certaines valeurs que je trouve qu'il manque dans le football actuel. La combativité, le don de soi et le sacrifice parce que quelque part, il y a certains joueurs qui se sont sacrifiés durant cette coupe du monde pour permettre à l'équipe de gagner. Il manque beaucoup de ça en Ligue 1.

FM : Vous pensez à qui précisément ?

SD : Je pense à Kylian Mbappé même si sur la fin il a récupéré tous ses sacrifices.

Dans ses premiers matches, il a eu une drôle de façon de jouer. Par la suite, il n'a pas été plus défensif mais on sentait qu'il avait une consigne simple et efficace visiblement. Quand on est joueur, on veut marquer des buts et marquer les esprits, mais est-ce que si je marque des buts on gagnera forcément ? À un moment donné, on gagne et après on est tous bénéficiaires de cette victoire. En France, il manque cette mentalité.

FM : Ce succès est sûrement dû au sélectionneur Didier Deschamps...

SD : C'est sur qu'il n'est pas innocent là-dessus. Les joueurs qu'il avait sont des joueurs parfois individualistes donc beaucoup portés sur les statistiques. Il a fait prendre conscience aux joueurs que la stat sur une coupe du monde, ce n'est pas qu'on s'en fiche mais que si on gagne, la stat sera présente pour parler d'elle même. Le fait de trop parler des statistiques rend un peu trop individualistes les joueurs à mon goût. Après des fois, c'est bien d'avoir des statistiques sur un joueur précis mais le football reste un sport collectif donc il faut du don de soi et de l'effort.

FM : Croyez-vous à une victoire de l'Équipe de France à l'euro 2020?

SD : C'est loin pour le moment (rires). C'est un groupe relativement jeune, Didier Deschamps sera encore là donc forcément ils feront partie des grands favoris. Par exemple, la défaite contre les Pays-Bas ne m'a pas inquiété car il faut digérer cette coupe du monde.

FM : Quel souvenir gardez-vous de votre doublé contre l'Italie championne du monde en 2006 ?

SD : C'était assez étrange pour moi car tout va très vite dans le football. À cette époque, quand je rentre de la coupe du monde je dois partir de Lyon car le club ne voulait plus me garder. Je n'avais pas joué le début de championnat et j'ai même été mis à l'écart du groupe. Le club était dans son droit donc je le vivais bien. J'avais accepté de quitter l'OL et j'avais même trouvé un accord avec Liverpool. J'avais eu une altercation avec Gérard Houillier (l’entraîneur lyonnais à l'époque) parce que je ne devais pas jouer mais il m'avait quand même convoqué pour faire face à des blessures comme si de rien n'était. Logiquement, j'avais refusé. À la surprise générale, j'ai été sélectionné en Équipe de France alors que je ne jouais pas avec Lyon. J'ai eu de la chance car Robert Duverne qui était le préparateur physique de Lyon, était aussi celui de l'Équipe de France Domenech. Comme j'avais fait une grosse préparation, il avait rassuré le sélectionneur sur mon état de forme. J'avais par la suite fait 10 jours avec l’Équipe de France ou j'avais vraiment été bon, je me sentais vraiment bien. La vieille du match contre l'Italie, Raymond Domenech m’envoie Thierry Henry car le sélectionneur avait organisé une réunion avec les cadres de l'équipe pour annoncer que j'allais être titulaire malgré mon manque de compétition avec Lyon. Ils étaient favorables à ma titularisation au vu de mes performances aux entraînements. Quand Thierry est venu me l'annoncer, je n'y croyais pas vraiment et je me disais même que c'était bizarre (rires). J'ai reçu beaucoup de critiques en avant match mais le terrain a mis tout le monde d'accord très rapidement. Dans le football, il n'y a que le terrain pour rétablir la vérité.

FM : Presque 10 ans après, quelle image gardez-vous de la coupe du monde en Afrique du Sud?

SD : J'en ai tiré beaucoup de choses, sur tout le monde de manière individuelle et de manière générale le monde du football. On a montré des choses catastrophiques ça c'est clair, mais les gens n'ont pas eu connaissance du contexte. Depuis 2008 et l'euro, le climat était hyper négatif sur le coach avec sa demande en mariage pour Estelle Denis. Oui on n'a pas été bon et on a fait les cons mais avoir fait ça à la fin, c'est le résultat d'une situation qui avait trop duré. Ça allait forcément exploser un moment ou un autre d'une manière négatif ou positif. On avait des joueurs de qualité donc c'était aussi possible de faire une bonne compétition mais c'était sur qu'après, il y aurait quelque chose qui allait se terminer car le cycle était fini. On aurait préféré que cela aboutisse d'une meilleure manière. Nous les joueurs, cette situation aurait du nous fédérer mais malheureusement ça nous a séparés. Il n'y avait aucune unité dans le groupe donc c'était forcément inéluctable.

FM : On vous parle encore de cet épisode Knysna quand on vous croise dans la rue?

SG: Non ça va mieux. Beaucoup de personnes pensent que Karim Benzema et Samir Nasri étaient présents durant la coupe du monde 2010 et que je n'étais pas présent (rires). C'est horrible pour Benzema et Nasri mais pour ma part quand on oublie que j'y étais, ça me rassure un petit peu et c'est mieux car il ne faut pas en être fière.

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