Droits TV : la réponse cinglante du président de Canal + à la LFP et aux clubs de L1
Dimanche 5 avril, Canal+ devait payer 110 M€ aux clubs français au titre des droits TV de Ligue 1. La chaîne cryptée n’a pas payé et ne compte pas passer à la caisse. Une fois encore, Maxime Saada s’en explique et répond fermement à la LFP qui assure de son côté ne pas comprendre la décision du président du groupe Canal+.
En pleine crise du coronavirus, les finances des clubs de Ligue 1 sont à la peine puisqu’ils ne bénéficient plus des recettes des matches et qu’ils ont dû mettre le personnel et surtout les joueurs au chômage partiel. Canal+ a décidé d’apporter un coup de grâce aux clubs de l’élite puisque le diffuseur historique de la L1 a refusé de payer une partie des droits TV pour le championnat de France, soit 110 M€, prévue initialement le 5 avril. Si Canal + s’est déjà exprimé il y a une semaine pour expliquer les raisons de son choix, les clubs de L1 ont nommé un groupe de quatre présidents (Nasser Al-Khelaïfi, Jacques-Henri Eyraud, Olivier Sadran et Jean-Pierre Rivère) pour tenter d’aller raisonner la chaîne cryptée, qui a choisi elle-même ce quatuor d’interlocuteurs.
Si le club des 4 espère récupérer quelques précieux deniers, il va falloir la jouer serrée avec Canal + et son président Maxime Saada, qui n’entendent faire aucun cadeau à la L1 et à la LFP comme il l’a expliqué en substance au micro d’Europe 1 ce matin. « Ce qui est prévu, c’est que quand on n’est pas livré, on ne paye pas. On n’a fait qu’appliquer nos droits. Il n’y a aucun lien dans le contrat entre le nombre de matches joués et le paiement. Il y a des échéances et une mécanique juridique qui implique que quand on n’est pas livrés, on ne paye pas. C’est assez classique. » De son côté, la LFP cherche par tous les moyens à récupérer quelques millions, à commencer par une somme de 35 M€ calculée entre la somme déjà payée par le chaîne cryptée et le nombre de matches disputés en Ligue 1 et diffusés de fait sur C+. Une règle de trois qui ne convainc guère Maxime Saada. « Le calcul de la Ligue de Football avec ses approximations et le nombre de matches en plus d’être faux n’est même pas pertinent puisqu’il n’y a rien dans le contrat qui fait le lien avec la mécanique évoquée par la Ligue. »
Canal+ n’est pas une banque selon Maxime Saada
Ce dernier va plus loin et assure défendre les intérêts du groupe Canal+, qui subit lui aussi de plein fouet la crise du coronavirus. « Nous, on n’est pas une banque. Ma responsabilité est d’assurer la pérennité du groupe Canal+ qui lui aussi subit la crise. Nous aussi on est affectés par les offres sport et la perte d’attractivité. De plus, on subit l’arrêt de plein fouet de la publicité. On n’a pas à assurer la trésorerie des clubs de foot français, on applique un contrat et la loi en réalité, c’est assez simple. » Au-delà de l’aspect financier et de la défense des intérêts de son groupe, Maxime Saada explique qu’il ne fait que suivre ce qu’appliquent tous les diffuseurs de droits dans le monde entier et qu’il ne peut et ne veut pas se mettre en porte à faux vis-à-vis de ses autres droits TV. « On n’a pas que la Ligue 1. On a 50 droits dans nos 40 pays. On ne va pas discriminer pour la Ligue et pour le football français. Tous les opérateurs ont suspendu les paiements avec la suspension des championnats. C’est un sujet dont tout le monde parle en Italie, en Espagne, en Angleterre et aux États unis. C’est une situation inédite, mais pas exclusive à la France et au championnat français. »
Pourtant, et comme le confirment les dernières informations publiées sur les médias spécialisés, le dialogue va commencer avec la Ligue et avec les 4 présidents de clubs de L1. Mais le PDG de Canal+ n’a pas oublié ses récents déboires avec la Ligue de Football Professionnel (LFP). Ni les problématiques de calendrier où la LFP était passée en force au détriment de C+ ni les réjouissances de l’instance et des présidents des clubs de L1 sur l’arrivée triomphante de Médiapro dans l’obtention des droits TV de Ligue 1 et de fait, la mise à l’écart provisoire du groupe Canal +. La LFP et les clubs vont donc devoir jouer serrés avec la chaîne cryptée plus que jamais en position de force. L’avenir de nombreux acteurs du championnat de France en dépend…
En savoir plus sur