Info FM, Clément Lenglet : « Quand j’avais 17 ans, Monchi avait au moins une vingtaine de rapports sur moi ! »
Arrivé cet hiver au FC Séville, Clément Lenglet comptabilise déjà pas moins de 9 apparitions toutes compétitions confondues avec le club espagnol. Déjà comme un poisson dans l’eau en Andalousie, l’international Espoirs français (10 capes) de 21 ans se confie pour FM.
**Foot Mercato : Quel regard portez-vous sur votre début d’aventure au FC Séville ?
Clément Lenglet :** Pour l’instant, c’est un petit peu tôt pour tirer des bilans définitifs, mais je suis plutôt satisfait des trois mois que je viens de vivre ici. Ça se passe plutôt bien, j’ai la chance de jouer assez régulièrement, le coach me fait confiance, j’ai joué des matches contre des grosses équipes. Je sens que je progresse tous les jours donc c’est une bonne chose pour moi. Je suis très content d’être ici.
**FM : Vous avez joué en Ligue des Champions, mais aussi face au Real Madrid ou à l’Atlético Madrid. Les choses vont vite pour vous…
CL :** Oui, c’est un grand saut pour moi. Je jouais le maintien avec Nancy il y a encore quelques mois donc, forcément, on n’est pas toujours prêt à ça. Je travaillais pour avoir la chance de jouer un jour en Ligue des Champions, ou contre le Real ou l’Atlético. Là, j’ai la chance de les jouer, je ne m’attendais pas à ce que ça aille aussi vite. Je suis content, je prends tout ce qu’il y a à prendre parce qu’il le faut et parce que sinon c’est quelqu’un d’autre qui le prendra à ma place.
**FM : Réalisez-vous tout ce qui vous arrive ?
CL :** Je pense que je réalise. Après, lors de mon premier match face au Real Madrid, je ne réalise pas sur le coup. Ça m’amène un peu d’insouciance, c’est positif. Mais quand je rentre à la maison et que j’ai du temps pour y penser, oui je réalise tout ce qui m’arrive. Forcément, c’est plaisant, mais quand on est au plus haut niveau le plus difficile c’est d’y rester. C’est sur le long terme, il y a encore beaucoup de travail.
**FM : Jouer c’est une chose, être crédible et performant ça en est une autre. Mais c’est votre cas…
CL :** De toute façon, ça se voit tout de suite dans ces matches de ce niveau-là si on n’est pas au niveau. Si on ne se met pas au niveau, on en paie vite les frais. Il était important pour moi de réaliser des matches consistants et, pour l’instant, ça se passe plutôt pas trop mal. Il y a eu cette petite blessure qui m’a freiné, mais le plus important pour moi était de faire des matches de qualité et pas de jouer sur la quantité. Après, si je peux allier les deux c’est parfait, mais si ça peut continuer comme ça ce sera déjà très bien.
**FM : Et puis avoir la confiance d’un coach de la trempe d’un Sampaoli, c’est forcément flatteur non ?
CL :** Oui (rires). Tout le monde connait maintenant le coach, c’est quelqu’un de charismatique, qui veut imposer des idées de jeu bien à lui et qui sont totalement respectables. Pour les joueurs, c’est forcément plaisant d’évoluer dans son équipe parce qu’il demande beaucoup de qualité technique, de la possession, et d’exercer un pressing très haut à la perte de balle. C’est un risque, mais c’est le football qu’on aime tous finalement. C’est ça qui est intéressant.
**FM : Des rumeurs l’envoient au FC Barcelone. Est-ce perturbant pour le groupe ?
CL :** Non, franchement, on n’en a pas du tout parlé dans le vestiaire. Il mérite d’avoir des clubs de cette trempe-là qui s’intéressent à lui, ce sera au coach de faire les choix bien évidemment, mais on aimerait bien le garder encore quelques années au FC Séville (rires).
**FM : Il y a aussi le départ probable du directeur sportif Monchi, annoncé avec insistance à l’AS Roma. Pourriez-vous nous décrire sa manière de travailler ?
CL :** C’est quelqu’un de très professionnel. Tout le monde le connait donc on se doute que c’est quelqu’un de très pro mais quand on vit avec lui au quotidien au centre d’entraînement, on voit que c’est quelqu’un qui travaille beaucoup, qui met sa vie dans son métier et les résultats parlent pour lui. Moi, j’ai eu la chance d’être en contact avec lui depuis pas mal de temps, il y a eu les premiers contacts quand j’avais 17 ans. Il travaille avec une cellule de recrutement de très, très haut niveau. Quand j’avais 17 ans, il y avait au moins une vingtaine de rapports sur moi déjà, donc depuis j’ai dû en avoir beaucoup plus ! C’est vraiment le très, très haut niveau et c’est pour ça que le club fonctionne aussi bien.
**FM : Son départ serait-il une perte colossale pour Séville ?
CL :** Oui certainement, car c’est l’un des meilleurs du monde donc, forcément, quand on perd quelqu’un comme ça si jamais il était amené à partir, ce serait dur de le remplacer. Mais il y a une grosse cellule de recrutement derrière, des gens prêts à prendre la relève même si Monchi c’est le nom, c’est la marque du FC Séville. Voir quelqu’un comme ça quitter le club serait une perte.
**FM : Les clubs français ne sont jamais allés au-delà du stade de l’intérêt vous concernant. Comment l’expliquez vous ?
CL :** Ce n’est pas simple à expliquer. Avec les sélections, j’ai eu un prix qui a été assez élevé par rapport à mon âge (il est parti à Séville pour 5 M€ d’indemnité de transfert et 500 000 € de bonus, Ndlr). Je ne devais certainement pas donner encore les certitudes du haut niveau pour certains clubs français, donc ils n’ont pas été intéressés sur le coup ou n’ont pas souhaité aller au-delà du stade de l’intérêt. Il y a eu des moments où il y a eu quelques touches, mais le club de Nancy a préféré me garder. Ça s’est passé comme ça, je ne regrette rien. J’ai la chance d’être dans un bon club, tout va bien.
**FM : Comment expliquez-vous le fait que, parfois, les clubs français ne misent pas sur des joueurs qui vont ensuite à l’étranger et y brillent ?
CL :** C’est peut-être aussi une question de mentalité. En France, on a peut-être un petit peu plus de peur à l’idée de miser sur un jeune, de mettre de l’argent sur des jeunes joueurs. Ça change en ce moment, mais il y a aussi beaucoup de jeunes déjà présents dans les centres de formation, des jeunes de qualité, et peut-être que des clubs préfèrent ne pas brider les jeunes de leur centre. Ça peut se comprendre. Heureusement ou malheureusement pour moi, je ne sais pas on verra plus tard, je suis parti à l’étranger très jeune. Mais pour l’instant ça se passe très bien. J’aurais peut-être pu faire une carrière plus longue en France, peut-être que dans 2-3 ans je serai de retour, je ne sais pas on verra.
**FM : L’élimination en huitième de finale de Ligue des Champions face à Leicester est-elle digérée ?
CL :** Quand j’y repense, franchement, ça reste en travers de la gorge parce que je pense qu’on avait les moyens de faire beaucoup mieux. Après, on est passé à autre chose parce qu’on n’a pas le choix, que les matches s’enchaînent vite, et qu’il faut vite switcher mais, forcément, c’est une déception. Quand on voit le match aller, on mérite beaucoup mieux que le 2-1. Au retour, Leicester a fait le boulot (2-0), le match qu’il fallait, et on s’est fait piéger. Si on doit avoir des regrets, c’est sur le match aller.
**FM : Quelles vont être vos ambitions pour cette fin de saison ?
CL :** Pour la fin de saison, déjà, on va essayer de terminer troisième car c’est une place directement qualificative pour la Ligue des Champions. On se focalise sur ça parce que c’est important pour le club, ce serait quelque chose d’incroyable de terminer devant l’un des trois gros clubs espagnols. Ensuite, sur le plan individuel, ce sera de jouer, d’enchaîner, de m’améliorer, et d’être encore plus performant. Je pense que je peux encore m’améliorer dans pas mal de domaines et qu’il y a encore pas mal de boulot pour moi pour arriver au très, très haut niveau.
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